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« Elle était merveilleuse » : un an après le meurtre de Philippine, ses parents témoignent pour honorer sa mémoire

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Les proches de Philippine, étudiante assassinée, dont le corps a été retrouvé enterré dans le Bois de Boulogne, lors de ses funérailles, à la cathédrale Saint-Louis, à Versailles, le 27 septembre 2024.

Photo: Crédit photo MAGALI COHEN/Hans Lucas/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 7 Min.

Les parents de Philippine – étudiante de 19 ans retrouvée morte le 20 septembre 2024 dans le bois de Boulogne – ont pris la parole à l’approche de la date anniversaire du décès de leur fille. Au-delà de leur chagrin, ils souhaitent rappeler qui elle était : une jeune femme brillante, drôle et pleine de vie.
Cela fait presque un an que Philippine a disparu. Étudiante à l’université Paris-Dauphine, elle n’avait que 19 ans lorsqu’elle a croisé, en quittant les cours, la route de Taha Oualidat, un Marocain visé par une OQTF et aujourd’hui incarcéré. Une rencontre fatale. Ses parents, Blandine et Loïc, tentent de survivre à un drame qui a bouleversé leur existence. Ils ont livré leur témoignage dans les colonnes du Figaro.
« Je n’ai pas avancé d’un pouce depuis un an, je suis à moitié morte »
Pour le père de famille, cet article est une manière de « remercier tous ces gens qui ont été bouleversés et choqués par ce qu’il s’est passé ». Son épouse souligne : « C’est important pour nous de parler de Philippine, elle était merveilleuse. »
Bien que profondément affectés, ils tentent de poursuivre leur vie du mieux possible. Depuis novembre dernier, Loïc, ingénieur dans le nucléaire, a repris son poste à temps plein, tandis que Blandine, enseignante, n’a retrouvé qu’un mi-temps. « Aller en cours, ça aide », confie-t-elle, tout en reconnaissant ne pas avoir « avancé d’un pouce depuis un an ». « Je suis à moitié morte. Presque tous les jours, j’ai des petites choses à lui dire, et c’est le silence », se désole-t-elle.
« Elle voulait toujours donner le meilleur d’elle-même »
Philippine est décrite par son père comme quelqu’un de « très exigeante avec elle-même et donc très exigeante avec les autres ». Sa mère souligne qu’elle voulait « toujours donner le meilleur d’elle-même ». Née au sein d’une fratrie composée de six enfants, l’une de ses sœurs aînées affirme que « Philippine est parfaite, elle sait tout faire et fait tout bien ».
Blandine explique qu’à l’âge de 4 ans, Philippine avait eu une maladie, avec un « traitement qui n’était pas facile » et « lui a abîmé la santé ». « Elle a fait plusieurs séjours à l’hôpital mais elle serrait les dents. Elle était très courageuse, rayonnante, intelligente. Elle répandait une sorte de grâce », confie encore la maman. « C’était une enfant pleine de vie, malgré la maladie, très active, rigolote, gentille, un peu pêchue », précise Loïc.
« Elle aimait les gens »
Mais ce qui la caractérisait surtout, c’était son amour et son altruisme envers les autres. Philippine, à peine majeure, avait donné ses cheveux à une association qui fabrique des perruques pour des femmes atteintes du cancer. « Ça m’a beaucoup marqué et j’y pense souvent. Ses cheveux étaient très importants pour elle. Elle en prenait grand soin. […] un jour elle les a donnés », raconte Blandine. Avec cinq autres jeunes filles, elle avait également préparé pendant deux ans un camp en Roumanie pour venir en aide à des enfants en difficulté.
Si ses amies comptaient beaucoup pour elle, son fiancé occupait lui aussi une place très importante dans sa vie. « Ils étaient tout le temps là l’un pour l’autre et s’admiraient beaucoup. Ils voulaient construire quelque chose. Ils rayonnaient », se souvient Blandine avec tristesse. Le jeune couple projetait effectivement de se marier et de fonder une famille, autant de projets réduits à néant.
« Cet individu n’aurait jamais dû se trouver sur son chemin »
À l’origine de cette tragédie, Taha Oualidat, dont le chemin a croisé celui de Philippine ce 20 septembre fatidique, dans le bois de Boulogne. Déjà condamné à sept ans de prison pour un viol commis en 2019, l’individu sous OQTF a été mis en examen pour meurtre accompagné ou suivi d’un autre crime, viol, vol et escroquerie en récidive légale. La date de son procès n’a pas encore été fixée.
« Le bois de Boulogne est mal fréquenté, on le sait, mais Philippine y était à 2 heures de l’après-midi, à un endroit où des gens passaient », pointe Blandine. « Les gens doivent comprendre que leurs petites peuvent être toutes mignonnes, habillées en pantalon, en tee-shirt, il y a des gens qui veulent du mal. »
« Cet individu n’aurait jamais dû se trouver sur son chemin », soulignent Loïc et Blandine. Et cette dernière de dénoncer : « Plus on avance, plus on voit de dysfonctionnements. […] Ce n’est jamais la faute de personne. Ceux qui ont failli à leur fonction n’ont pas eu un mot pour Philippine, aucun n’a envoyé une gerbe sur sa tombe. Cela montre à quel point ils ne se sentent ni coupables ni responsables. »
« Écœurée et anéantie »
Les parents de Philippine soutenaient la loi Marleix, qui prolongeait la rétention des étrangers jugés dangereux. Mais celle-ci, bien qu’adoptée par l’Assemblée nationale, a été censurée par le Conseil constitutionnel. « L’abrogation de la loi Marleix m’a écœurée et anéantie. Comment des hommes et des femmes peuvent prendre le risque que nos jeunes soient assassinés ? » s’interroge Blandine.
« Peut-être que je serai plus en colère quand j’aurai moins de peine », ajoute-t-elle. Reconnaissante envers sa religion, qui lui apporte un soutien précieux, elle conclut : « Je suis catho, je suis persuadée que Philippine est à côté du Père. J’ai enterré ma fille mais j’aurais besoin qu’elle me fasse un signe. Et peut-être que là je pourrai la laisser partir. »
Depuis un an, une lumière fluorescente éclaire nuit après nuit la chambre de la défunte, rappel constant de sa présence.