Emmanuel Macron déclare que l’Europe devrait réduire sa dépendance du dollar après sa rencontre avec Xi Jinping

Par Jack Phillips
10 avril 2023 19:58 Mis à jour: 11 avril 2023 15:29

En même temps que de nombreux rapports constatent que certains pays se « dédollarisent », Emmanuel Macron a suggéré dans une interview que l’Europe devrait réduire sa dépendance à l’égard de l’Amérique.

Il y a un « grand risque » que l’Europe « soit prise dans des crises qui ne sont pas les nôtres, ce qui l’empêche de construire son autonomie stratégique », a-t-il déclaré à Politico ce week-end, alors qu’il prenait l’avion de Pékin à Guangzhou, en Chine, après avoir rencontré le chef du Parti communiste chinois (PCC) Xi Jinping. Ce dernier et son Parti soutiennent le concept « d’autonomie stratégique » d’Emmanuel Macron – l’appellation que lui donnent souvent les hauts fonctionnaires de l’État-parti chinois lorsqu’ils rencontrent les responsables européens.

« Le paradoxe serait que, pris de panique, nous croyons que nous ne sommes que des partisans de l’Amérique », a dit M.  Macron dans l’interview. « La question à laquelle les Européens doivent répondre (…) est-il dans notre intérêt d’accélérer [une crise] à Taïwan ? Non. Le pire serait de penser que nous, Européens, devons devenir des suiveurs sur ce sujet et nous inspirer de l’agenda américain et d’une réaction excessive de la Chine », a-t-il poursuivi.

La Chine a entamé des exercices militaires autour de Taïwan samedi, seulement quelques heures après l’envol de Pékin pour Paris d’Emmanuel Macron et à la suite de la rencontre de la présidente de taïwanaise Tsai Ing-wen avec Kevin McCarthy, président de la Chambre des représentants des États-Unis. La Chine considère Taïwan, gouvernée démocratiquement, comme son propre territoire et n’a jamais renoncé à recourir à la force pour placer cette île sous son contrôle, tandis que le gouvernement taïwanais s’oppose fermement aux prétentions de Pékin.

L’Europe doit mieux financer son industrie de défense, développer l’énergie nucléaire et les énergies renouvelables et réduire sa dépendance du dollar pour limiter sa dépendance à l’égard des États-Unis, a également déclaré M. Macron. Le président français s’est rendu en Chine avec une délégation commerciale de 50 personnes, dont les PDG d’Airbus et d’EDF qui ont signé des accords au cours de leur visite.

Toutefois, d’autres responsables européens ne partagent pas nécessairement le point de vue d’Emmanuel Macron. En particulier, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, qui a accompagné le président français lors de sa visite.

« La stabilité dans le détroit de Taïwan est d’une importance capitale », a-t-elle déclaré à Xi Jinping lors de leur rencontre à Pékin la semaine dernière. « La menace d’un recours à la force pour changer le statu quo est inacceptable. »

Mais M. Macron, selon Politico, semblait de ne pas être d’accord. « Les Européens ne peuvent pas résoudre la crise en Ukraine, comment pouvons-nous dire de manière crédible à Taïwan : ‘attention, si vous faites quelque chose de mal, nous serons là’ ? Si vous voulez vraiment augmenter les tensions, c’est le moyen de le faire », a-t-il indiqué à l’hebdomadaire.

Au sujet de Taïwan, Kevin McCarthy a appelé à « parler d’une seule voix » contre l’agression du régime chinois et a déclaré qu’il souhaitait que les armes soient livrées plus rapidement à la nation insulaire. « N’envoyez pas de ballon au-dessus de notre espace aérien. N’utilisez pas de tactiques d’intimidation autoritaires », a-t-il averti le régime de Pékin. « Cela ne servira pas à grand-chose. »

« Les six assurances du président Reagan constituent l’épine dorsale de nos relations avec le peuple taïwanais. Les députés ici présents montrent clairement que nous prenons au sérieux notre soutien au peuple taïwanais et que nous sommes déterminés à parler d’une seule voix », a souligné M. McCarthy.

La question du dollar

Emmanuel Macron a également suggéré que les pays européens réduisent leur dépendance à l’égard de « l’extraterritorialité du dollar américain » – ce que Pékin et Moscou soutiennent tous deux fermement. « Si les tensions s’intensifient entre les deux superpuissances (…) nous n’aurons ni le temps ni les ressources pour financer notre indépendance stratégique », a-t-il estimé.

Il y a eu des spéculations selon lesquelles les récentes actions de la Chine, de la Russie, de l’Arabie saoudite, du Brésil, de l’Iran et même de la France pourraient sonner le glas du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale – une position que cette monnaie occupe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’Arabie saoudite serait en pourparlers avec Pékin pour fixer le prix de certaines de ses ventes de pétrole en Chine en yuans chinois plutôt qu’en dollars américains.

Dans une déclaration du gouvernement brésilien datant du mois dernier, le Brésil et la Chine sont convenus de commercer dans leurs propres monnaies et de ne pas utiliser le dollar.

Cet accord est intervenu juste après que Pékin a réglé son premier achat de gaz naturel liquéfié via le yuan, selon Reuters. Cette transaction portait sur environ 65.000 tonnes de GNL en provenance des Émirats arabes unis après que la China National Offshore Oil Corp. a négocié la livraison avec la société française TotalEnergies sur la plateforme d’échange de la Bourse du pétrole et du gaz naturel de Shanghai.

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