Envoyez à l’Ukraine les armes dont elle a besoin, et rapidement

Par Anders Corr
15 juin 2022 17:15 Mis à jour: 15 juin 2022 17:15

Selon les derniers rapports, les villes ukrainiennes subissent une pression croissante à cause des bombardements par les missiles et l’artillerie russe, beaucoup plus puissante et mieux approvisionnée que l’artillerie ukrainienne.

Kiev réclame à juste titre du matériel militaire plus important et plus efficace, notamment des roquettes à plus longue portée et de nombreuses munitions, nécessaires pour repousser l’envahisseur Vladimir Poutine.

Les forces d’artillerie ukrainiennes sont si peu nombreuses à l’heure actuelle qu’elles ne peuvent riposter que par un tir pour dix tirs russes, selon un conseiller du gouvernement ukrainien. Les forces russes tirent quotidiennement jusqu’à 50.000 obus sur les positions ukrainiennes.

L’engagement américain le plus récent de 220.000 obus arrive trop tard et ne durera que quatre jours environ s’il est utilisé au même rythme que les tirs russes.

Les systèmes de lance-roquettes multiples HIMARS à plus longue portée ont été demandés depuis longtemps par les Ukrainiens, mais ils ne sont toujours pas arrivés. Les États-Unis n’envoient pour l’instant que quatre systèmes HIMARS et la Grande-Bretagne en envoie trois autres.

Les pays occidentaux auraient dû envoyer ces lance-roquettes il y a bien longtemps, ainsi que des instructeurs pour assurer qu’ils étaient utilisés correctement, de sorte que d’autres systèmes auraient déjà pu les suivre sur le front. C’est notre propre échec tactique et logistique qui coûte la vie des héros ukrainiens sur le champ de bataille quotidiennement.

Les forces russes ont déjà déployé des centaines de systèmes de lance-roquettes en Ukraine. Elles ont commencé l’invasion en ayant 900 dans leur arsenal.

Les combats récents se sont concentrés sur Severodonetsk, une ville de la province (oblast) orientale de Louhansk, presque entièrement encerclée par les forces russes. De violents combats de rue s’y déroulent et les forces ukrainiennes cèdent le terrain face à la puissance de l’attaque russe. Les Russes contrôlent la majeure partie de la ville aujourd’hui.

S’ils prennent cette ville, alors Lyssytchansk, la ville de l’autre côté de la rivière Donets, sera menacée et, en quelques semaines, toute la province de Luhansk pourrait tomber, selon un responsable américain.

Les Russes avancent déjà sur Sloviansk, plus à l’ouest, où ils ont progressé au nord de la ville. Cela met davantage de familles ukrainiennes en danger, ce qui pourrait les inciter à fuir vers l’ouest.

Les bombardements aveugles de la Russie sur les zones civiles et les maladies qui suivent la destruction des infrastructures ont tué 287 enfants depuis le début de la guerre.

Des habitants recherchent des effets personnels dans les décombres de leur maison dans la ville de Sloviansk, dans la région ukrainienne du Donbass, le 1er juin 2022. (ARIS MESSINIS/AFP via Getty Images)

Ailleurs dans l’est de l’Ukraine, notamment à Kramatorsk, Kostiantynivka, Sloviansk, Bakhmut et Droujkivka dans le nord de la province de Donetsk, les Ukrainiens sont privés d’électricité, car l’artillerie russe détruit les lignes électriques. L’absence d’électricité se traduira par un plus grand nombre de décès de civils en raison de systèmes médicaux et d’infrastructures inopérants, notamment l’absence d’eau courante.

En conséquence, le choléra, la dysenterie et d’autres maladies se propagent à Marioupol, l’ancienne ville que l’artillerie russe a entièrement effacée lors de sa prise.

La maladie pourrait tuer des milliers d’autres vies dans cette ville qui en a déjà perdu 20.000. Les cadavres qui s’y trouvaient n’ont pas été ramassés ou ont même été jetés dans les puits, ce qui les a contaminés. Marioupol est désormais placée en quarantaine.

Jusqu’à présent, environ 10.000 soldats ukrainiens sont morts en combattant pour la liberté contre l’invasion. Environ 200 soldats ukrainiens sont tués chaque jour. Si l’on y ajoute les blessés, alors jusqu’à 1000 soldats ukrainiens sont perdus chaque jour dans la bataille.

C’est inacceptable alors que l’Occident dispose des systèmes d’armes nécessaires pour stopper l’avancée des forces de l’envahisseur.

Le Washington Post a récemment interviewé des soldats ukrainiens contraints d’abandonner le village de Dovhenke, près de la ville de Sloviansk. L’artillerie russe a tué 35 des 100 hommes de leur unité.

« Ils détruisent tout et entrent après », a expliqué un soldat.

« Alors que nos pertes s’accumulaient, les soldats survivants se sentaient ‘plus motivés pour tenir notre position’ », a déclaré un autre. « Fuir après que leurs camarades ont été tués en défendant la ville, a-t-il précisé, aurait été comme considérer leur mort comme insignifiante. »

Mais les Ukrainiens sont largement sous-armés face à la Russie qui a hérité de l’immense arsenal de l’Union soviétique – et ce, parce que nous, les Occidentaux, avons été trop lents à leur fournir les armes dont ils ont besoin.

« Les Russes utilisent l’artillerie à longue portée contre nous souvent sans aucune réponse, parce que nous n’avons pas les moyens », a confié un conseiller du gouvernement ukrainien au Washington Post. « Ils peuvent attaquer à des dizaines de kilomètres de distance, et nous ne pouvons pas riposter. Nous connaissons toutes les coordonnées de toutes leurs cibles importantes, mais nous n’avons pas les moyens d’attaquer. »

L’Ukraine a 6 millions d’hommes prêts à combattre les forces russes. Mais elle manque d’armes et d’équipements militaires adéquats.

La mémoire des morts de la guerre en Ukraine et les perspectives de notre propre avenir – qui pourrait bien ressembler à la violence et au chaos présents en Ukraine si on n’arrête pas l’invasion russe – demandent un soutien militaire occidental plus fort aux héros ukrainiens.

Ce soutien doit comprendre des canons plus nombreux et plus puissants, des lance-roquettes à longue portée et très mobiles, ainsi que de nombreuses roquettes et munitions d’artillerie.

L’Ukraine est sur la ligne de front de la défense de la démocratie, y compris la nôtre. Kiev a demandé poliment. Le monde devrait répondre à cette demande.

Dr Anders Corr est directeur de Corr Analytics Inc., éditeur du Journal of Political Risk. Il a effectué des recherches approfondies en Amérique du Nord, en Europe et en Asie et il est l’auteur de The Concentration of Power (2021), de No Trespassing et a édité Great Powers, Grand Strategies.

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