Opinion
Et si la véritable équité sociale venait du cœur, et non de l’État ?

Lorsqu’on investit de l’amour, du travail et de la confiance les uns envers les autres, on crée une équité sociale sur laquelle on peut puiser quand les temps sont difficiles, écrit Mollie Engelhart.
Photo: Crédit : Biba Kajevic
Le terme « équité sociale » est aujourd’hui souvent employé, notamment par les gouvernements et les milieux universitaires. Ils la définissent comme un cadre visant à répartir les ressources et à corriger les désavantages systémiques. Qu’ils gardent cette définition pour eux : elle ne m’intéresse pas.
Je connais une autre forme d’équité sociale — celle qui ne naît pas des politiques ou des programmes, mais des personnes elles-mêmes, portées par le libre arbitre, la générosité et la foi.
L’équité, c’est l’investissement. Une maison gagne en valeur au fur et à mesure qu’on y investit, et l’on peut en tirer profit lorsque le besoin s’en fait sentir. C’est la même chose pour les communautés. Lorsque nous investissons de l’amour, du travail et de la confiance les uns envers les autres, nous créons une équité sociale dans laquelle nous pouvons puiser quand les temps sont difficiles.
J’ai vécu selon ce principe. J’ai prêté des tracteurs et des remorques à mes voisins, j’ai ouvert ma maison à des personnes en crise et, pendant la période du Covid-19, j’ai accueilli une famille sans abri sur ma ferme pour que leurs enfants puissent suivre l’école à distance. Aujourd’hui encore, des victimes d’inondations déplacées vivent ici sans payer de loyer. Ce sont autant de dépôts d’équité dans le grand compte collectif de la communauté.
Et cette semaine, j’ai eu la grâce de voir ces dépôts me revenir sous forme de véritables miracles.
Nous organisons un grand événement sur ma ferme située au Texas, intitulé Food is Medicine (“La nourriture est un remède”). En raison de changements de personnel, d’une baisse des ventes de billets et d’un budget restreint, nous nous sommes retrouvés soudainement débordés et à court de ressources. J’ai tendu la main avec foi — et ma communauté a répondu.
• Un couple ayant autrefois vécu sur la ferme est venu de Houston (4h30 de route) : elle a pris en charge des tâches informatiques tout en s’occupant de ses enfants et des courses ; lui a accroché les guirlandes lumineuses et aidé au restaurant. Grâce à leurs relations, ils m’ont mise en contact avec un homme que je ne connaissais pas, qui a conduit son camping-car depuis San Antonio (1h15 de route) pour gérer tous nos besoins en informatique. Lorsque je lui ai dit que je ne pouvais pas le payer beaucoup, il m’a répondu : « Je ne fais que ce que j’ai envie de faire. Et j’ai envie de soutenir cela. »
• Des voisins sont venus installer des lits.
• Un homme qui avait quitté son poste il y a quelques mois pour un meilleur emploi est revenu passer la semaine à réparer et entretenir. Un autre ami a même posé des congés pour revenir le week-end.
• Mon frère et sa femme ont mis leur propre vie entre parenthèses pour travailler à temps plein sur l’événement.
• Deux amis très proches et partenaires commerciaux ont conduit depuis l’Utah (20h de route), arrivant une semaine en avance pour aider à tout construire depuis le début.
• Plusieurs bénévoles de Confluence, un autre festival auquel nous collaborons, sont venus concevoir les visuels, installer la signalétique et aider à la logistique.
• Un ancien employé de notre restaurant de Los Angeles (plus de 2000 km) m’a appelée à l’improviste : « Dois-je prendre l’avion ? » Trois amis venus du Mexique sont également arrivés pour prêter main-forte.
• L’un de mes investisseurs a conduit depuis Los Angeles (20h de route), non seulement pour soutenir le week-end, mais aussi pour nous aider à préparer notre prochain champ de citrouilles.
• À la dernière minute, lorsque notre chauffeur de navette s’est désisté à cause d’un autre engagement, la communauté a trouvé en quelques heures deux remplaçants volontaires.
Il y a deux semaines, il semblait que nous n’aurions pas assez d’aide. Aujourd’hui, je suis entourée d’abondance. Voilà ce qu’est l’équité sociale.
Et voici la différence : ce dont je parle n’a rien à voir avec le socialisme. Ce n’est pas de la redistribution. Ce ne sont pas des injonctions gouvernementales. La véritable équité repose sur le libre arbitre. Personne n’a été contraint d’aider. Personne n’a été forcé de se sacrifier. Chaque geste a été accompli librement, par solidarité et par amour.
La version gouvernementale de l’équité sociale est verticale. Elle tente de fabriquer la justice par des mandats, des règlements et de la redistribution. Mais ce type d’équité engendre souvent le ressentiment plutôt que le lien. Il transforme la générosité en obligation. Il réduit la compassion à la conformité. Il déplace la confiance des individus vers les bureaucraties.
L’équité dont je parle est, elle, ascendante. Elle est volontaire, abondante et enracinée dans la foi. Elle ne relève pas de la conformité, mais de la communion. Elle n’impose pas l’autorité, elle la choisit — non pas le gouvernement, mais Dieu.
Lorsque nous vivons ainsi, nous entrons dans une autre forme d’économie. Une économie de la grâce, où la générosité engendre la générosité, où les investissements humains se transforment en bénédictions qu’aucune politique ne saurait créer.
Trop souvent, l’expression « équité sociale » est récupérée à des fins politiques. Mais son sens le plus authentique est bien plus simple et plus profond : il réside dans ce que nous sommes prêts à investir les uns dans les autres, et dans la confiance que cet investissement reviendra au moment où nous en aurons le plus besoin.
Je suis émerveillée par l’équité qui m’est revenue à travers la communauté que j’ai patiemment bâtie au fil des années. Et je suis profondément touchée de pouvoir vivre au cœur même de cette abondance.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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