Étudiante intégrée, Shenaya, 18 ans reçoit une obligation de quitter le territoire français

Par Emmanuelle Bourdy
3 octobre 2023 07:58 Mis à jour: 3 octobre 2023 07:58

Shenaya, une jeune Sri Lankaise de 18 ans, réside en France depuis 4 ans. Bien qu’elle ait appris le français, se soit bien intégrée socialement et que son comportement soit exemplaire, elle est menacée d’OQTF (obligation de quitter le territoire français) par la préfecture. 

À la fin de l’année 2019, Shenaya et ses parents sont arrivés du Sri Lanka en France et se sont installés dans la métropole bordelaise. Le père de Shenaya – menacé de mort en raison de ses engagements politiques – a été contraint de quitter son pays. La jeune fille, scolarisée au lycée Magendie de Bordeaux, s’est parfaitement intégrée en France. Afin de pouvoir y poursuivre ses études, elle avait demandé un titre de séjour. Mais le 6 septembre dernier, elle a reçu une réponse négative accompagnée d’une OQTF lui demandant de quitter l’Hexagone sous trente jours.

« J’ai bien travaillé, j’ai appris la langue, je fais tout pour réussir ma vie ici »

« Le sort de la lycéenne a ému : élèves, entourages, professeurs, mais aussi les organisations comme le Poing Levé et la Fidl », qui est la Fédération Indépendante et Démocratique Lycéenne, a mentionné le média Gossip Room sur X, ajoutant que tous appellent à se mobiliser pour Shenaya.

La jeune fille ne comprend pas la décision de la préfecture. « J’ai bien travaillé, j’ai appris la langue, je fais tout pour réussir ma vie ici », a-t-elle expliqué à France 3 Nouvelle-Aquitaine. Elle est d’autant plus « triste et en colère » que le courrier de la préfecture stipule qu’elle est « démunie de toute attache privée ou familiale proche et stable en France » et « ne produit aucun document établissant son insertion durable dans la société française ».

Arrivée à l’âge de 14 ans dans la métropole bordelaise, Shenaya a dû apprendre la langue, ce qu’elle a fait avec une rapidité ahurissante aux dires de ses professeurs de français. « Elle a, en quelques années, acquis un niveau de français impressionnant. Je mets au défi n’importe qui d’arriver à ce niveau-là, en un temps aussi faible », a indiqué à France 3 Clément Vauchelles, l’un de ses professeurs de français, qualifiant cette élève d’« extraordinaire ».

« Là, on a vraiment affaire à une élève exemplaire »

Pour Sandrine Nebout, une autre professeure de français du lycée bordelais, Shenaya est « toujours enthousiaste », « a toujours été très studieuse » et « il faut même parfois lui dire d’arrêter d’être si sérieuse, et de ne pas oublier de vivre son adolescence ». Elle a souligné qu’habituellement, des enfants dans une situation similaire à celle de la jeune fille n’étaient « pas en mesure d’apprendre », en raison « de leur parcours, de leurs traumatismes et de leur souffrance ».

Outre son excellent niveau scolaire, la jeune élève ayant obtenu 15/20 à l’oral du bac de français, elle a également su s’intégrer socialement et ne manque pas d’amis. « Tout le monde l’aime bien, c’est une élève très populaire et très intégrée dans le lycée », a encore indiqué à nos confrères Clément Vauchelles, qui, comme tout le corps enseignant, se dit « révolté » par cette affaire. « On défend tous les élèves qui ont droit à une éducation, mais là, on a vraiment affaire à une élève exemplaire », a-t-il poursuivi.

« Je pense que ce qui l’a le plus touchée, ce sont les mots qui justifiaient l’OQTF. Tous ses amis sont français, elle étudie notre culture, nos auteurs, elle veut étudier et travailler en France. Je l’ai vue pleurer en lisant ce courrier », a déploré Sandrine Nebout.

« En retournant au Sri Lanka, ma vie et celle de mes parents seront en danger »

Une pétition a été lancée sur change.org pour arrêter cette obligation de quitter le sol français, elle a déjà recueilli plus de 27.700 signature à ce jour. Shenaya sait que retourner dans son pays avec sa famille serait synonyme de danger pour elle et ses parents. « J’ai construit ici une vie que j’aime beaucoup ! » a-t-elle plaidé. Avec l’aide de son avocat, elle a déposé un recours pour bloquer cet OQTF qui « remet en cause tout ce qu’elle a fait ici », se sont indignés ses professeurs.

De son côté, le préfet Étienne Guyot s’est « engagé à réétudier la situation » en cas de recours. Son avenir, Shenaya ne l’envisage pas ailleurs qu’en France. Celle qui rêve de devenir vétérinaire s’est même investit au sein d’une association de protection animale. Les parents de l’adolescente, qui avaient quant à eux « une bonne situation » dans leur pays, « veulent que leur fille réussisse et Shenaya est consciente de tout cela », a conclu Sandrine Nebout auprès de nos confrères.

« Nous apportons notre plein soutien et toute notre solidarité à Shenaya et à sa famille face à cette mesure raciste et xénophobe ! Pétition lancée par Shenaya à retrouver en bio, nous ferons tout pour que cette décision inadmissible n’ait pas lieu », a indiqué Fidl Bordeaux sur son compte Instagram.

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