Exclusif : Pékin s’attaque au dirigeant de Hong Kong

10 novembre 2016 20:23 Mis à jour: 11 novembre 2016 15:33

Exclusif : Pékin s’attaque au dirigeant de Hong Kong

L’association avec la faction hostile à Xi Jinping réduit les chances de réélection de Leung Chun-ying

HONG KONG – D’après une information révélée à Epoch Times, Leung Chun-ying, chef de l’exécutif de Hong Kong, n’est pas en bons termes avec le pouvoir de Pékin et ses chances d’être approuvé pour son deuxième mandat, au moment des élections en mars 2017, seraient compromises.

Une source interne, ayant accès aux informations fiables sur les relations politiques délicates entre la Chine et Hong Kong, a confié à Epoch Times que les membres de l’administration de Xi Jinping à Pékin sont tous opposés au renouvellement du mandat de Leung Chun-ying, qui n’aurait ainsi « pratiquement pas de chances d’être réélu ». . « Il ne sera pas autorisé à rester et, probablement, ne pourra pas rester », a ajouté la source.

Les candidats au poste de
chef de l’exécutif de Hong Kong essayent généralement d’obtenir une approbation de Pékin.

Selon la source, l’une des raisons du rejet de Leung par Pékin est liée à l’attribution à Xi Jinping du titre de « leader central » lors du conclave politique ayant eu lieu fin octobre. Depuis son arrivé au pouvoir en 2012, Xi Jinping a soumis à une purge les associés de Jiang Zemin afin de consolider son propre pouvoir. L’attribution formelle à Xi Jinping du statut de chef suprême envoie à Jiang Zemin, précédent « leader central », le message du déclin de son pouvoir politique.

Leung Chun-ying est largement considéré comme membre de la faction de Jiang Zemin à cause de son association avec Zeng Qinghong, le bras droit de Jiang et l’ancien vice-président chinois.Très impopulaire parmi les habitants de Hong Kong, selon la source, l’organisation de toute une série d’incidents tumultueux n’aurait pas été apprécié par Xi Jinping.

Peu de temps après l’arrivée au pouvoir de Leung en 2012, son administration a essayé d’introduire à Hong Kong une forme d’éducation « nationale » selon les directives émises par Pékin. De nombreux Hongkongais l’ont vu comme une tentative de lavage de cerveau , et des dizaines de milliers de personnes sont sortis dans la rue pour protester.

En 2014, la police de Hong Kong a tiré 87 grenades lacrymogènes sur une foule protestant devant le siège du gouvernement local, provoquant une occupation des rues par des dizaines de milliers de jeunes durant 79 jours.

Selon la source, le point tournant de l’attitude envers Leung Chun-ying de la direction de Xi Jinping a été atteint lorsque le gouvernement de Hong Kong, a interdit à la chaîne de télévision chinoise New Tang Dynasty Television (NTD), basée à New York, d’organiser une compétition de danse classique chinoise à Hong Kong.

« Leung a fait tout son possible pour bloquer une représentation culturelle apolitique », a précisé la source. « Cela a suscité une forte réaction à Zhongnanhai », quartier général et résidence des principaux dirigeants du régime chinois, ainsi que dans le camp pro-Pékin à Hong Kong.

En juillet dernier, deux théâtres de Hong Kong qui avaient signé avec NTD – un média faisant partie de la même société mère qu’Epoch Times – un contrat pour acquérir cette compétition, sont brusquement revenus sur leurs accords suite à une pression politique intense. Des groupes de pression procommunistes liés au réseau clandestin de Jiang Zemin à Hong Kong ont également constamment harcelé et entravé les actions de la promotion de la compétition entreprises par NTD.

À la dernière minute, NTD a dû relocaliser le concours de danse à Taiwan. Le gouvernement de Hong Kong a été condamné par les législateurs locaux, les députés du Congrès des États-Unis et les membres du Parlement européen.

« Les dirigeants chinois actuels ne laisseront pas Leung Chun-ying semer le trouble de nouveau à Hong Kong », a déclaré la source, ajoutant : « Non seulement il ne sera pas réélu, mais ils s’occuperont de lui ».

La récente annulation surprise du voyage à Pékin du chef de Hong Kong semble confirmer l’analyse de la source.

Le 3 novembre, il était initialement prévu que Leung assiste à la cérémonie d’ouverture d’un symposium économique Pékin-Hong Kong en compagnie de l’ancien maire de Pékin Wang Anshun. Or la visite fut annulée le 31 octobre par Leung. Wang avait démissionné la veille de son poste de maire. Il se serait attribué un poste dans un groupe d’experts d’Etat – un poste lui donnant beaucoup moins de prestige et pouvoir. Selon World Journal, média en langue chinoise publié à l’étranger, Wang était également un protégé de Zeng Qinghong et donc lié au réseau politique de Jiang Zemin.

« Les cadres du PCC sont au courant de l’attitude actuelle des dirigeants du Parti à l’égard de Leung », a déclaré la source, et Leung sait qu’il ne sera pas bien reçu à Pékin. Selon la même source, Leung craint également que les médias ne se rendent pas compte d’où le vent souffle et ne commencent pas à parler de son incapacité à obtenir l’approbation de Pékin pour se faire réélire à Hong Kong.

Cette information soulève également des questions au sujet des rumeurs récentes selon lesquelles l’Assemblée nationale populaire (ANP), législature fantoche du régime chinois faisant office de parlement-tampon et contrôlée par un rival politique de Xi Jinping, chercherait à intervenir dans un important procès juridique à Hong Kong.

Plusieurs médias de Hong Kong ont rapporté que lors de sa réunion le 3 novembre, cette législature aurait pu essayer d’interpréter la Loi fondamentale, cette mini-constitution de Hong Kong, par rapport au cas impliquant deux nouveaux membres du Conseil législatif de Hong Kong qui avait transformé la cérémonie de prestation de serment en une protestation contre la Chine. Si l’ANP a émis une telle interprétation, cela empêcherait la Haute Cour de Hong Kong d’examiner ce cas.

Si l’interprétation a été émise, il s’agirait de la cinquième action de ce genre depuis la rétrocession du pouvoir britannique à Hong Kong en 1997. Ces interprétations sont toujours controversées, car elles rappellent aux Hongkongais qu’ils sont en fin de compte gouvernés par la Chine communiste.

Leung avait déjà suggéré qu’il demanderait à Pékin de s’impliquer dans cette affaire, ce qui a mis en colère les membres de l’establishment juridique de Hong Kong, qui considèrent que la demande de Leung porte atteinte au système judiciaire de leur ville.

Toutefois, Sing Pao Daily, un journal pro-Pékin qui est censé de présenter l’avis du camp de Xi Jinping, a affirmé dans sa publication du 2 novembre que les spéculations au sujet d’une possible interprétation de la ANP « ne sont pas vraies ». Le lendemain, le même journal a écrit que ces interprétations sont « une affaire sérieuse » et ne peuvent pas être concoctés dans une « boite noire ». Sing Pao a conclu son article en rappelant à Zhang Dejiang, membre du Comité permanent du Politburo, la récente condamnation par Xi Jinping de la conspiration des « cliques et cabales » parmi « un très petit groupe » des cadres d’élite, et a appelé Zhang à « prendre garde ».

Si Leung est vraiment mis à l’écart par les dirigeants chinois, il est peu probable que le Comité permanent de l’Assemblée national du peuple ait émis une interprétation controversée suite à sa réunion du 3 novembre.

Au cas où une telle interprétation ait été effectivement émise, cela signifierait que les membres restants du réseau de Jiang Zemin qui occupent toujours des postes importants – dans ce cas, Zhang Dejiang, qui à la fois dirige l’ANP et supervise Hong Kong – tentent de se venger de Xi Jinping pour sa campagne anti-corruption qui a mis en prison de nombreux acolytes de Jiang.

Zhang Dejiang a déjà semé le trouble à Hong Kong : en 2014, un livre blanc sur Hong Kong publié par la législature dirigée par Zhang, avait suscité des fortes protestations dans cette ville, donnant naissance au Mouvement des parapluies.

Version anglaise : Exclusive: Beijing Turns on Hong Kong Leader


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