La « fast-fashion » remplit nos cours d’eau avec des microfibres en plastique

26 juin 2017 11:13 Mis à jour: 30 août 2018 18:40

Les pulls en molleton, les pantalons de yoga et autres vêtements en matériaux synthétiques dégagent des milliers de microfibres en plastique chaque fois qu’ils sont lavés. Ces microfibres s’accumulent dans les cours d’eau du monde entier, pénètrent dans le corps des organismes aquatiques pour être finalement absorbés par les humains.

Mark Browne, un écologiste de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud en Australie, a découvert ce problème en 2011. Par la suite, il se rappelle avoir rencontré des représentants de Nike afin d’informer et demander aux marques de vêtements de trouver des solutions. Ils lui ont demandé si les microfibres étaient la nouvelle amiante. Browne a répondu : « Il y en a probablement plus que l’amiante. »

Augmentation de 60% d’achats de vêtements au cours des derniers 15 ans.

La croissance rapide de la fast-fashion (mode express) utilise à grande échelle le pire coupable – le polyester bon marché. Au mois de mars, Greenpeace a signalé qu’au cours des 15 dernières années, les gens ont acheté 60% de vêtements de plus qu’auparavant et les gardent deux fois moins longtemps. Environ 60% de ces articles sont en polyester. Selon Greenpeace, les marques  H & M et Zara sont en tête.

Selon une étude menée par des chercheurs de l’Université de Californie-Santa Barbara,  dans une ville avec une population de 100 000 personnes, jusqu’à 36 000 kg de microfibres par an peuvent entrer dans les cours d’eau locaux. Ces microfibres s’accumulent dans les cours d’eau locaux, mais se déplacent aussi vers les océans, où il y a déjà environ 1,4 million de trillions de fibres. Selon l’étude de Browne, ils représentent 85% de la pollution sur les rives.

On ne connait pas bien les effets qu’ont les microfibres sur la santé humaine, par l’ingestion d’organismes aquatiques ou autres expositions. Des études ont montré que les fibres peuvent avoir un impact négatif sur le système immunitaire et reproductif des animaux marins.

L’étude de l’Université de Californie mentionne que les microfibres peuvent également s’entremêler à d’autres fibres dans le tube intestinal, ce qui entraîne un blocage intestinal non biodégradable.

« Ceci peut donner à l’organisme une fausse sensation de satiété et affecter sa capacité à absorber les vrais aliments, pouvant causer un risque potentiel de famine », dit-il.

L’Agence de protection de l’environnement des États-Unis étudie actuellement l’impact de la consommation de microfibres sur la santé humaine.

Les défis pour résoudre le problème

L’industrie du textile est confrontée à de plus grands défis que celui de l’industrie cosmétique pour résoudre le problème, très médiatisé, de la pollution des microbilles.

Conseils aux consommateurs :

  1. Éviter les vêtements synthétiques tel que le nylon, l’acrylique et le polyester (y compris le polaire (fleece) qui perd le plus de fibres microplastiques.)
    2. Achetez seulement ce dont vous avez besoin.
    3. Achetez de la qualité si vous en avez les moyens et gardez ces vêtements longtemps.
    4. Lavez moins souvent et utilisez une machine avec chargement frontal.
    5. Avant le lavage, placez les vêtements synthétiques dans des sacs spéciaux pour récupérer les microfibres.
    6. Contactez les compagnies de vos marques préférées et demandez une diminution des synthétiques.

Selon l’étude de l’Université de Californie : « Alors que l’industrie des cosmétiques a pu remplacer les microbilles avec des alternatives naturelles telles que le sable et les coquilles de noix qui ont la même fonction que leurs homologues en plastique, l’industrie du textile est confrontée à une situation plus difficile. Les alternatives aux tissus synthétiques sont limitées et ont du mal à imiter les avantages des matériaux tel que le polyester. »

Browne dit que même les fibres naturelles traitées ne sont pas sans problèmes, ni forcément meilleures. Les produits chimiques utilisés pour traiter et teindre la laine, le coton et le bambou, par exemple, peuvent également affecter négativement l’environnement. Browne demande d’évaluer chaque approche pour voir laquelle est la plus efficace.

Mais peu de progrès ont été réalisés depuis qu’il a découvert le problème il y a six ans, dit Browne. « Malheureusement, bien qu’on discute à ce sujet, un phénomène de « greenwashing » (marketing écologique) se produit et la science nous éclaire peu sur ce problème et présente peu de solutions».

« Positionnement écologique » et désinformation

Le sac « Guppy Friends » serait un sac à lessive qui aide à filtrer les fibres de microplastiques avant qu’elles ne se déversent dans les cours d’eau.

Browne aimerait également voir l’argent utilisé pour financer les campagnes de sensibilisation des ONG pour chercher des solutions – car à son avis elles l’utilisent plutôt pour répandre la désinformation.

«  Beaucoup de gens se sont penchés sur ce problème et ont plutôt créer la confusion à ce sujet », dit Browne.

Les consommateurs jouent un rôle important et s’ils pensent que le problème est résolu avec un sac de lessive spécial, il est peu probable que des marques de vêtements investiront dans de nouvelles recherches. Browne souligne que les représentants de Nike lui ont dit qu’ils n’agiraient que si le public l’exige. Nike n’avait pas répondu aux demandes au moment de la publication.

Alexander Nolte et Oliver Spies, les créateurs du sac Guppy Friend, ont dit qu’ils ne vendent  pas leur sac comme solution finale ou pour empêcher de trouver d’autres solutions, et que celui-ci peut entre-temps atténuer le problème.

Par courrier électronique, Nolte souligne: « Nous savons que ce n’est pas la solution finale. Le sac est plutôt destiné à sensibiliser les gens sur la microfibre et, en même temps, c’est une solution pratique et fiable pour empêcher activement les microfibres de s’infiltrer dans nos océans. »

Browne a critiqué le sac, en disant qu’il n’y a pas eu d’évaluation sérieuse  pour soutenir cette solution. Il se demande également si le sac en plastique pouvait lui-même être une source de microplastiques.

Les vêtements moins chers peuvent contenir plus de 40 pour cent de fibres que les vêtements haut de gamme

Nolte dit que lui et Spies ont travaillé avec l’Institut allemand de recherche sur le textile, l’Université de Californie et d’autres institutions pour tester le sac, et ont conclu qu’il peut capturer la majorité de la perte des fibres des vêtements. En décrivant le sac, Nolte dit: « Les mailles sont constituées de monofilaments, qui sont plus comme des bâtons que des fils, et ne causent donc pas de perte de fibres ».

Le sac à lessive Guppy Friend est l’un des principaux produits vendus comme solution à ce problème. On dit qu’il capture les microfibres, qui peuvent être retirées à la main du sac après le lavage.

Plusieurs entreprises ont commercialisé des produits allant de sacs spéciaux pour la lessive  jusqu’aux filtres pour le lave-linge pour résoudre le problème des microfibres. Mais Browne a accusé ces entreprises de « greenwashing », c’est-à-dire de promouvoir des initiatives ou des produits respectueux de l’environnement sans faire ce qui est vraiment nécessaire pour l’environnement.

Quelques solutions suggérées par les chercheurs de l’Université de Californie conseillent  l’utilisation de machines à laver avec porte de chargement frontal et la production de vêtements plus durables. Leur étude a révélé que les machines à laver avec chargement sur le dessus expulsent 430% de plus de fibres que les chargeurs frontaux. Les vêtements moins chers peuvent contenir plus de 40% de fibres que les vêtements haut de gamme.

Version anglaise : Fast Fashion Fills Waterways With Plastic Microfibers

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