Fra Angelico, Lippi: la plus vaste collection d’art italien à l’étranger exposée à Paris

Par Epochtimes.fr avec AFP
13 septembre 2019 08:24 Mis à jour: 13 septembre 2019 12:47

Fra Angelico, Uccello, Lippi, Véronèse, Tintoret…: la plus vaste et la plus secrète des collections d’art italien à l’étranger, la collection Alana, débarque des États-Unis dans le musée parisien Jacquemart-André, avant l’exposition phare Léonard de Vinci au Louvre en octobre.

 

Au delà  du XVIIe siècle l’inspiration, l’intensité mystique diminuait

Alvaro Saieh et Ana Guzmán, un couple richissime et assez secret de collectionneurs d’origine chilienne, dont les deux prénoms forment « Alana », ont commencé à acheter des œuvres de l’art de la Renaissance (et de la pré-Renaissance) il y a des décennies: petits et grands maîtres, sans discrimination.  Ils ont commencé par l’art gothique encore marqué par l’influence byzantine du XIIIe et du XIVe, puis sont allés jusqu’au XVIIe siècle avec les caravagesques. Pas au delà. Sans doute parce qu’ensuite l’inspiration, l’intensité dramatique et mystique s’affaiblissaient.

-La collection Alana complète et la collection permanente apparaissent-

Cet homme d’affaires et son épouse, qui partagent leur existence entre New York et le Chili, ont choisi de montrer leur collection dans ce musée parisien où, avec la même passion, Édouard André et Nélie Jacquemart avaient rassemblé des chefs d’oeuvre italiens à la fin du XIXe siècle.  La collection Alana complète ainsi la collection permanente qui recèle des trésors d’Uccello, Bellini, Mantegna, Della Robbia… dans une ambiance de villa patricienne, et que le visiteur explore en même temps que l’exposition.

La collection Alana, qui a longtemps bénéficié de l’expertise de l’historien de l’art Miklos Boskovits, mort en 2011, est l’une des plus importantes collections privées d’art de la Renaissance hors Italie.

-Plus de 75 chefs-d’oeuvre-

L’exposition (visible depuis ce vendredi et jusqu’au 20 janvier 2020) présente plus de 75 chefs-d’oeuvre: plusieurs des plus grands maîtres comme Lorenzo Monaco, Fra Angelico, Uccello, Lippi, Bellini, Carpaccio, Le Tintoret, Véronèse, Bronzino ou Gentileschi… Ce ne sont qu’une partie de 450 tableaux d’une collection qui ne cesse de s’enrichir. Ce couple mordu d’art italien n’hésite pas à revendre une oeuvre s’il estime qu’il y en une plus belle à acheter.

L’exposition montre les connexions entre les petits et grands maîtres, les influences, les écoles, les rivalités, les apports et les imitations.   Bien connue des historiens de l’art, la collection Alana l’est peu du grand public, car elle n’a jamais été exposée comme telle. Si des œuvres sont régulièrement prêtées, d’autres ne sont jamais sorties.

« Il est clair que quelqu’un qui collectionne l’art de la Renaissance, l’art gothique va à l’encontre des tendances. Il y a plus de profit dans l’art contemporain », confie lucidement Alvaro Saieh, dans une de ses très rares interviews publiée dans le dossier de presse.

-La renaissance donne vie à l’homme-

Pourquoi un tel attachement pour la Renaissance et ses prémices ? Pour Carlo Falciani, commissaire et professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Florence, « Alvaro Saieh s’intéresse à la philosophie, l’éthique; il considère la Renaissance comme le noyau, l’idée qui donne vie à l’homme moderne. A partir de Giotto, puis de Léonard, l’homme est au centre de l’univers ».

La première salle restitue l’accrochage telle qu’il est dans leur maison, comme le documentent des photos: un accrochage très dense, répondant au seul choix du collectionneur, qui range les œuvres soit par école, soit par couleur. Cet accrochage est dans la tradition de ceux du 17e siècle: il se devait d’être exhaustif comme dans un lieu de mémoire.

Prodigieux est le visage soucieux de Saint-Sixte sur le petit panneau peint sur fond d’or de Fra Angelico. Expressivité et maîtrise parfaites. Complexe et tourmentée dans de multiples nuances de bruns est la toile Épisodes d’une bataille du Tintoret. Digne d’un talentueux élève du Caravage est la Scène de taverne avec un joueur de luth de Bartolomeo Manfredi.

Interrogé sur le devenir de sa collection, le milliardaire chilien répond qu’il voudrait que « le cœur n’en soit pas dispersé et qu’elle soit exposée en public ». Mais, ajoute ce passionné, « je resterai attaché à mes tableaux jusqu’à ce que la mort nous sépare ».

 

 

 

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.