Funérailles traditionnelles chinoises : un rituel profond laisse place à la crémation

31 octobre 2016 07:30 Mis à jour: 31 octobre 2016 13:21

J’ai été intrigué par la récente histoire d’un homme chinois âgé de 92 ans, qui s’est échappé de la maison de ses petits-enfants. Il était retourné dans son village natal, par peur d’être incinéré après sa mort, plutôt qu’enterré comme il se doit. Que faisait les anciens ? La curiosité m’a poussé à enquêter sur les coutumes funéraires chinoises, et la crémation.

Voici ce que j’ai trouvé, et ayant appris beaucoup, j’ai ressenti de l’empathie pour la décision du vieil homme.

La sépulture des morts à toujours été une question sérieuse dans la société chinoise. On croit que des funérailles mal arrangées apportent le malchance à la famille du défunt.

Traditionnellement, les rituels funéraires chinois se déroulent différemment selon l’âge du défunt, la cause du décès, le statut social et l’état matrimonial.

Selon la coutume chinoise, une personne ne devrait pas montrer de respect pour quelqu’un de plus jeune. Par conséquent, si le défunt est un jeune célibataire, son corps ne peut pas être ramené à la maison, mais doit être laissé à la maison funéraire. Ses parents ne peuvent pas offrir de prières pour l’enfant : étant célibataire, le défunt n’a pas non plus d’enfants pour exécuter ces rituels pour lui.

Si un bébé ou un enfant meurt, les rites funéraires ne sont pas nécessaires, parce que vous ne pouvez pas montrer de respect pour quelqu’un de plus jeune. Ainsi, l’enfant est enterré dans le silence.

Les préparatifs pour les funérailles commencent avant que la mort ne se produise. Lorsque quelqu’un meurt dans la famille, toutes les statues de divinités dans la maison sont couvertes d’un papier rouge et l’on enlève tous les miroirs de la maison. On croit que si l’on voit le reflet du cercueil dans un miroir, un décès se produira dans sa famille peu de temps après.

Un drap blanc est suspendu au-dessus de la porte de la maison, ainsi qu’un gong, placé à gauche de l’entrée si le défunt est un homme, et à droite si elle est une femme.

Avant de le placer dans le cercueil, le corps est nettoyé avec une serviette humide, saupoudré de talc et revêtu de ses plus beaux habits. Le corps est entièrement habillé, y compris les chaussures et le maquillage pour une femme, mais il n’est jamais vêtu de rouge (car cela l’amènerait à devenir un fantôme). En général, les couleurs utilisées sont le noir, le marron ou le bleu.

Avant de mettre le cadavre dans le cercueil, on couvre son visage avec un tissu jaune et le corps avec une toile bleue.

(CC0 PublicDomain/Pixabay)
(CC0 PublicDomain/Pixabay)

La veillée funèbre

Le cercueil est placé à l’intérieur de la maison si la personne est décédée dans la maison ; s’il est mort en dehors de la maison, on le place dans le jardin. La tête du cercueil est placée vers l’intérieur de la maison. Le cercueil est posé sur deux supports, à environ 30 cm du sol.

Des couronnes, des cadeaux et un portrait ou une photographie du défunt sont placés à la tête du cercueil.

Le cercueil n’est pas fermé pendant la veillée. On place de la nourriture devant le cercueil, comme une offrande au défunt. Le peigne du mort est brisé en deux, une moitié est placée dans le cercueil et l’autre reste dans la famille.

Pendant la veillée, les membres de la famille ne portent pas de bijou ou de vêtement rouge ; le rouge étant la couleur de la joie. Traditionnellement, les enfants et petits-enfants du mort ne se coupaient pas les cheveux pendant 49 jours à compter de la date du décès, mais aujourd’hui, cette coutume n’est généralement plus observée que par les générations plus âgées.

Il est d’usage pour les parents ayant des liens de sang et ainsi que les filles du défunt pleurent pendant le deuil, en signe de respect et de loyauté envers le défunt. Les lamentations et les pleurs sont d’autant plus forts que le défunt a laissé une grande fortune.

Au moment de la veillée, les proches du défunt se réunissent autour du cercueil et se placent en fonction de leur position dans la famille. Ils s’habillent de vêtements spécifiques : les enfants et les femmes sont habillés en noir (le noir symbolise qu’ils sont les plus affectés), les petits-enfants s’habillent en bleu, et les arrière-petits-enfants en bleu ciel.

Les conjoints se vêtent de couleurs plus claires, comme le blanc, parce qu’ils sont considérés comme extérieurs à la famille.

Les enfants et leurs femmes portent un voile sur leurs têtes. Le fils aîné est assis à l’épaule gauche et le conjoint du défunt à sa droite. Les parents retardataires doivent marcher sur ses genoux pour s’approcher du cercueil.

On place un autel au pied du cercueil pour brûler de l’encens et une bougie blanche allumée. On brûle continuellement du papier joss (un papier spécial utilisé dans ce rituel) et de  » l’argent de prière », pour fournir un revenu suffisant au défunt dans l’au-delà.

Durant la veillée funèbre, on joue généralement à des jeux de hasard dans le patio de la maison du défunt. Le cadavre devant être « surveillé », jouer à ces jeux aident les veilleurs à ne pas s’endormir. Ils aident aussi à atténuer la douleur des parents.

La durée de la veillée dépend des ressources financières de la famille mais doit durer au moins un jour pour permettre aux personnes d’offrir leur prières et leurs voeux.

Alors que le cercueil est dans la maison, un moine chante la nuit des versets des écritures taoïstes ou bouddhistes. On croit que l’âme du mort doit faire face à de nombreux obstacles et des tortures pour les péchés qu’il a commis dans la vie, avant qu’il ne soit autorisé à prendre sa place dans la vie après la mort.

Les prières et les chants des écritures sacrées ainsi que les rituels effectués par les moines aident au passage du défunt vers le ciel. Les prières sont accompagnées à la flûte, la trompette et d’un gong.

La cérémonie funéraire

Quand les prières et la cérémonie sont terminées, les cris et les pleurs des endeuillés atteignent leur maximum et le cercueil est scellé avec des clous. Le scellé du cercueil symbolise la séparation des morts et des vivants.

Des papiers « sacrés », blancs et jaunes sont collés sur le cercueil en guise d’amulette pour ne pas que le corps soit dérangé par des esprits malins. Pendant le sceau du cercueil tous ceux présents se retourne, parce qu’être témoin du sceau du cercueil est considéré comme très malchanceux.

Le cercueil est porté et déplacé avec la tête du défunt vers l’avant. On croit que les bénédictions du défunt sont conférées à ceux qui portent le cercueil, donc, en général, il y a beaucoup de volontaires pour le porter. Il est soulevé à l’aide d’un bâton attaché au-dessus.

Le cercueil n’est pas conduit directement au cimetière, mais est d’abord placé sur le côté de la route, en dehors de la maison, où plus de gens offrent leurs prières et leurs messages sur des papiers. Le cercueil est ensuite placé dans un corbillard, qui se déplace très lentement sur un kilomètre et demi, avec les fils les plus âgés et la famille qui suivent derrière, avec la tête appuyée sur le corbillard.

Une pièce de tissu blanc est attachée sur les voitures qui accompagnent le corbillard, ou encore on colle un morceau de papier blanc sur les fenêtres. Habituellement, le fils aîné est assis à côté du cercueil.

L’ordre de la procession funéraire s’établit en fonction de la place de chacun au sein de la famille. On allume un bâton de joss et on le maintient incandescent tout au long de la procession, symbolisant ainsi l’âme du défunt. Si le bâton est éteint, on le rallume aussitôt.

Dans la procession, occasionnellement, on transporte des papiers en forme de voitures, de bateaux, etc., symbolisant la richesse de la famille du défunt.

Si la procession doit traverser l’eau, vous devez informer le défunt que le cortège la traversera. On croit que si on ‘avertit pas le défunt de la situation, son âme pourrait ne pas franchir l’eau.

L’enterrement

Les cimetières chinois sont généralement situés à flanc de montagne, car on croît que cela améliore le feng shui. Plus haute est la tombe, mieux l’on croit en être la situation.

Quand le cortège atteint le cimetière, toutes les personnes présentes se retournent lorsque le cercueil est retiré de la voiture, et elles se retournent également au moment où le cercueil est placé dans la tombe.

Les parents jettent une poignée de terre avant le cercueil ne soit complètement enseveli. Après les funérailles, tous les vêtements portés pendant le deuil sont incinérés pour empêcher le malheur associé à la mort de frapper leurs propriétaires.

Après que le cercueil est enterré, le fossoyeur offre également des prières au défunt.

La famille du défunt reçoit un paquet rouge contenant de l’argent. Ceci est un signe de reconnaissance. Selon la tradition, l’argent devrait être dépensé.

En signe de reconnaissance,on offre un mouchoir blanc aux visiteurs, pour essuyer la sueur de leur front.

Le fils aîné apportera une poignée de terre de la tombe pour être placé sur le brûleur à encens, et la la famille à la maison continuer à prier pour le défunt, sur une table des ancêtres.

Cimetière à Jinguashi, Taïwan. (Alexander Synaptic/Flickr)
Cimetière à Jinguashi, Taïwan. (Alexander Synaptic/Flickr)

Le deuil

Bien que les rituels funéraires soient passés, la période de deuil pour la famille continue pendant 100 jours. Chaque membre de la famille porte un morceau de tissu coloré sur une manche de ses vêtements, pendant 100 jours, signifiant qu’il est en deuil. Celui-ci est noir pour les enfants du défunt, bleu pour les petits-enfants et vert pour les arrière-petits-enfants. Les familles les plus conservatrices portent ces pièces de tissu jusqu’à 3 ans.

On ne porte pas le deuil pour la mort d’un enfant, et le mari n’est pas non plus obligé de faire le deuil de sa femme.

Le retour du défunt

La croyance chinoise dit que 7 jours après la mort d’un membre de la famille, son âme retourne à la maison. Une plaque rouge avec l’inscription appropriée peut être posée à l’extérieur de la maison à ce moment, afin que l’âme ne se perde pas.

Le jour où l’âme revient, les membres de la famille doivent rester dans leurs chambres. On peut saupoudrer de farine ou de talc l’entrée et le couloir de la maison, pour détecter la visite du défunt.

La tradition funéraire sous le régime communiste

En Chine, au cours des dernières décennies, la crémation se rapproche du même niveau de popularité que dans le reste du monde. Les dernières statistiques montrent que près de 46% des décès se terminent par la crémation. Cela représente une augmentation de 15% depuis le milieu du XXe siècle.

Pour beaucoup, ces chiffres peuvent être un peu intimidant ; ils sont le résultat du fait que dans une grande partie de la Chine, la crémation est requise par la loi.

Sous le régime communiste des années 40, les autorités ont interdit la tradition funéraire et ont ordonné que tous les morts soient été incinérés.

Ils ont utilisés tous les arguments habituels pour faire accepter la crémation, comme le fait qu’enterrer les corps dans un cimetière est un gaspillage inutile d’espace, que c’est nocif pour l’environnement et beaucoup plus cher que la crémation.

Comme en Chine, il y a des bouddhistes qui ont utilisé la crémation depuis une longue période, cela a également été utilisé par le régime pour justifier ces nouvelles lois.

En réalité, on pourrait dire que les textes religieux les plus importants sont silencieux quant à ce sujet.

Mais il y a eu beaucoup de résistance, et veiller à ce que l’ordre soit exécuté a présenté des difficultés. Les représentants du gouvernement ont décidé de ne pas se battre avec les résidents sur la crémation.

À la suite de cet ordre, le choix de la crémation est devenu à ce moment-là, et encore à l’heure actuelle, plus ou moins volontaire. Les autorités alors ont commencé à publier des articles glorifiant la crémation, et ont utilisé d’autres moyens pacifiques pour persuader les Chinois d’opter pour la crémation.

Aujourd’hui, dans les grandes villes de Chine, près de 100% des morts sont incinérés, mais dans les zones rurales, où se poursuivent encore des valeurs conservatrices, et non communistes, le choix de respecter la tradition du code moral des funérailles prédomine toujours.

La tradition familiale et les cimetières restent en Chine rurale en dépit des lois sur la crémation ; et il reste encore à voir si les responsables gouvernementaux prendront un jour des mesures drastiques pour faire appliquer les lois contre les funérailles.

Cependant, la crémation est pas pour autant acceptée comme choix préféré, même parmi ceux qui vivent dans les grandes villes et qui en général se soumettent aux règles.

Les dissidents politiques en Chine affrontent encore la rigidité de la loi, qui réduit habituellement les critiques au silence. Dans le cas de l’incinération, il semble être une indication que si la décision était laissée au vote populaire, le résultat ne serait pas ce que les autorités imposent.

Un homme de la ville de Liuzhou a dit à un journaliste étranger : « Si cela était légal, à ma mort, je voudrais être enterré, non incinéré

Pas étonnant que Luizhou oppose une certaine résistance à cette question. Il y a longtemps, la ville était connue comme la maison de « La lignée de Longévité », le meilleur endroit pour acheter des cercueils en bois de haute qualité.

En fait, la légende dit que les cercueils de La Lignée de Longévité étaient si bons, que les corps étaient parfaitement conservés jusqu’à 6 mois après la mort.

La célèbre rue est maintenant appelé la ligne verte et est toujours pleine de gens qui vivent dans les anciennes usines de cercueils qui ont été rénovées et tranformées en logements. Les petites enseignes dans la rue témoignent aujourd’hui des anciennes traditions du peuple chinois.

Epoch Times est publié dans 35 pays et 21 langues.
Suivez nous sur Facebook, Twitter ou Google +

Version espagnole : Funerales tradicionales chinos: un profundo ritual se cambia por la cremación

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.