Les grands plans de la Chine pour gouverner le monde

Les projets du régime communiste pour dominer l'Internet, la technologie et le commerce mondial devraient alarmer l'Occident. Est-ce que quelqu'un y prête attention ?

6 mars 2019 17:33 Mis à jour: 6 mars 2019 17:33

James Gorrie

Selon une maxime, la connaissance c’est le pouvoir. À l’ère du numérique, le savoir est stocké sous forme de données sur le Web et dans le Cloud et il est transféré par le biais de l’infrastructure de réseau. En tant que leader mondial de la technologie numérique ainsi que de son vol, la Chine a pour objectif de devenir le seigneur du cyberespace et le gardien mondial de toutes les données. En d’autres termes, l’objectif du régime chinois est de gouverner le monde.

Le contrôle des données et de leur emplacement en fait partie intégrante. Chaque jour, la Chine se rapproche de cet objectif.

La cybersouveraineté via l’Internet national

En ce qui concerne les plans du contrôle mondial du cyberespace, leur élément clé consiste dans l’objectif à court terme d’installation de « cybersouveraineté » concernant essentiellement « l’Internet national » chinois. L’Internet national de la Chine est déjà un réseau où toutes les informations sont conservées et contrôlées par le Parti communiste chinois (PCC). Cela est assuré par l’Administration du cyberespace de Chine, un organe d’État établi en 2014.

L’objectif est d’avoir un contrôle strict sur les informations qui arrivent en Chine par le biais d’Internet. Le bannissement est la conséquence minimale pour tout site qui héberge des discussions ou des références à l’histoire, à l’armée, aux relations internationales et à tout autre contenu « potentiellement menaçant ». D’autres sanctions plus sévères sont également prévues.

Afin de faire respecter les restrictions de son Internet national, le régime exige que les entreprises étrangères bloquent les réseaux privés virtuels (VPN) qui peuvent être utilisés pour contourner la censure officielle. Le cryptage et les autres formes de protection de la vie privée sont interdits. Ces normes s’appliquent également à toutes les sociétés de technologie et d’Internet du monde, y compris les plus grandes comme Google et Apple.

En outre, toutes les sociétés privées opérant en Chine doivent stocker leurs données en Chine et les rendre accessibles aux autorités. Les entreprises ou les individus en Chine qui violent ces normes sont punis de diverses façons, allant de l’amende à l’emprisonnement.

Mettre fin à la dépendance à la technologie étrangère

Les plans de la Chine visant à régner sur le cyberespace mondial dans un proche avenir dépendent en grande partie de l’élimination de sa dépendance vis-à-vis des entreprises technologiques étrangères. C’est l’un des principaux objectifs de son programme « Made In China 2025 ». À l’heure actuelle, la Chine dépend encore des entreprises étrangères pour des besoins essentiels tels que les puces électroniques, l’équipement de réseau, les innovations en matière de traitement et d’autres technologies stratégiques. Ainsi, la Chine reste vulnérable aux interruptions d’approvisionnement.

La récente quasi-fermeture du géant chinois de la technologie ZTE en raison de la violation des sanctions américaines contre l’Iran en est un bon exemple. La dépendance de ZTE des micropuces de fabrication américaine a permis aux États-Unis de fermer l’entreprise à la suite d’une seule décision de l’administration Trump. Sa décision de ne pas fournir des micropuces indispensables ainsi qu’infliger une lourde amende de 1 milliard de dollars a envoyé à ZTE et à ses maîtres chinois un message bien clair : les États-Unis prennent une position beaucoup plus ferme par rapport au comportement illicite de la Chine.

Le logo de ZTE sur un immeuble à Shanghai, Chine, le 3 mai 2018. Le géant chinois des télécommunications ZTE a déclaré que ses principales opérations avaient « cessé » à la suite de l’interdiction par les États-Unis de lui vendre des technologies essentielles en avril 2018. (Johannes Eisele/AFP/Getty Images)

Cela, bien sûr, a rendu les dirigeants chinois encore plus conscients de leur vulnérabilité. D’un simple trait de plume, les États-Unis ont réussi, en retenant des pièces de leur fabrication, à fermer l’une des plus grandes sociétés technologiques au monde en supprimant presque 75 000 emplois. C’est exactement cette vulnérabilité que « Made in China 2025 » vise à supprimer. La Chine envisage de créer sa propre industrie de micropuces : un investissement de 150 milliards de dollars devrait assurer son expansion rapide et ses capacités avancées. L’objectif est d’assurer que 40 % des micropuces utilisées en Chine soient de fabrication chinoise d’ici 2020 et 60 % d’ici 2025.

Le côté obscur de « Made In China 2025 »

Cependant, les plans du régime chinois ne s’arrêtent pas là. Les objectifs à long terme vont bien au-delà des objectifs du programme « Made in China 2025 » qui n’est qu’une étape intermédiaire. En plus de son objectif de mettre fin à la dépendance de la technologie étrangère ou même de son utilisation, le programme « Made in China 2025 » a un côté beaucoup plus obscur.

Le régime chinois cherche non seulement à remplacer la technologie étrangère, en particulier l’infrastructure de données et de réseau, par une technologie de fabrication et de propriété chinoises, mais il prévoit également de ruiner ses concurrents étrangers. En d’autres termes, la Chine cherche à acquérir le pouvoir de perturber et d’influencer fortement les économies des pays qui ont aujourd’hui ce genre de pouvoir sur la Chine. Pour le régime chinois, le commerce est un jeu à somme nulle qui implique la destruction de ses concurrents.

Le régime est déjà bien avancé dans la réalisation de la première partie de ce plan. Devenir une superpuissance cybernétique fait partie de son objectif à long terme – c’est-à-dire achever la deuxième partie du plan qui prévoit la domination de la Chine à la fois du monde numérique et du monde physique.

La Chine devient la superpuissance du cyberespace

L’une des principales raisons pour lesquelles la Chine s’est positionnée pour la domination numérique est le fait que les États-Unis l’ont laissé faire. L’Amérique a cédé le leadership cybernétique à la Chine simplement en refusant d’y attribuer assez d’argent et de ressources. L’administration Obama a ajouté de l’huile sur le feu lorsqu’elle n’a pas réussi à garder le contrôle de l’infrastructure Internet entre les mains des Américains. Plus de 40 ans de leadership technologique ont tout simplement été remis aux Chinois par Barack Obama.

Pendant ce temps, la Chine a orienté sa politique nationale vers l’acquisition de la première position mondiale dans le domaine du numérique. Le dirigeant chinois Xi Jinping prévoit de faire de la Chine le leader incontesté de la technologie numérique et de la cybersécurité. Ce plan va bien au-delà de la technologie et des exploits cybernétiques. Il s’agit, en fait, d’une stratégie à voies multiples qui consiste à mener une guerre contre l’Occident dans le cyberespace, une guerre qui a des conséquences dans le monde réel.

Une nouvelle stratégie géopolitique : la cyberguerre

La cyberguerre est à la fois une guerre économique, politique et technologique qui est menée sur un seul champ de bataille – le numérique. Dans un monde qui se transforme rapidement vers la technologie numérique, le contrôle des échanges mondiaux de données et d’information est un moyen nouveau et très efficace de prendre l’avantage sur vos adversaires. Jusqu’à présent, la Chine est le seul pays à mener cette guerre de manière délibérée et stratégique. Elle a obtenu des victoires très importantes en matière de vol de données et de technologie de pointe auprès des entreprises étrangères privées, des partenaires de coentreprises et même des réseaux de défense occidentaux.

Toutefois, ces victoires ne sont que le début. Les entreprises d’État chinoises avec un profil technologique se sont installées dans des pôles technologiques du monde entier, notamment dans la Silicon Valley, pour avoir accès aux technologies de l’information, aux véhicules à distance, à l’intelligence artificielle et au cloud computing dont elles ont besoin pour atteindre leurs objectifs à long terme.

« La stratégie de grande puissance à travers le réseau » de Xi Jinping

Entretemps, les serveurs, les smartphones et autres matériels technologiques fabriqués en Chine sont souvent conçus pour collecter et voler facilement les données des utilisateurs – tout simplement en les envoyant en Chine via un réseau créé en Chine. L’idée même d’une telle possibilité est hallucinante. Et pourtant, la grande idée de Xi Jinping est de combiner tous ces systèmes dans le cadre d’une stratégie visant à acquérir un énorme pouvoir.

Cette « grande stratégie » prévoit simplement que la Chine – c’est-à-dire le PCC – devienne la plus grande source de données et de transactions au monde, ce qui lui permettra de contrôler le reste de la planète. C’est vrai que les tarifs douaniers introduits par Donald Trump ont fait réfléchir le régime chinois, tandis que les plaintes des pays européens ont certainement été entendues à Pékin. Mais est-ce que le PCC va vraiment retarder certains aspects du « Made in China 2025 » en réponse à la guerre commerciale américaine et les plaintes européennes ? Ou va-t-il simplement rendre ses plans moins perceptibles ?

Compte tenu de son comportement passé, qui remonte à la promesse non tenue d’ouvrir le marché chinois à l’Occident en l’an 2000, il est bien probable que les promesses du régime chinois de retarder ou de réduire ses ambitions ne se réduiraient pour la plupart qu’à des ajustements mineurs. Cela signifie que le monde doit agir pour s’opposer et freiner les plans du régime chinois. Chaque pays libre doit décider du type d’avenir qu’il souhaite avoir.

Ces pays, vont-ils se battre pour maintenir l’ordre international libre et ouvert ou vont-ils se soumettre à un monde centré sur la Chine et basé sur l’oppression et la violence du PCC ?

James Gorrie est un écrivain texan. Il est l’auteur du livre The China Crisis.

Le point de vue exprimé dans cet article est celui de son auteur et ne reflète pas nécessairement celui d’Epoch Times.

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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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