Histoire : Qui était Anne de Kiev, la belle princesse d’Ukraine qui devint reine des Francs ?

Par Nathalie Dieul
18 mars 2022 23:24 Mis à jour: 18 mars 2022 23:24

Les liens entre l’Ukraine et la France ne datent pas d’hier : il y a un millénaire, la princesse ukrainienne Anne de Kiev devenait reine des Francs en épousant le roi Henri 1er en 1051. Elle est aussi la mère du roi Philippe 1er, le premier occidental à porter ce prénom.

Fille de Iaroslav le Sage, grand‑prince de Kiev, Anne était connue pour être une jeune femme à la beauté troublante. Lorsqu’il devint veuf à l’âge de 36 ans, le roi des Francs Henri 1er, petit‑fils d’Hugues Capet, n’avait pas d’héritier. Il lança des recherches à travers toute l’Europe pour trouver une nouvelle épouse.

« Un idéal de beauté et de sagesse »

Afin d’éviter la consanguinité, la princesse recherchée ne devait pas avoir de lien de parenté avec le souverain, ou en tout cas pas à moins de sept degrés. Elle devait aussi être catholique ou au moins chrétienne. De plus, le roi avait d’autres critères : sa future femme devait être « un idéal de beauté et de sagesse », détaille l’historien Gonzague Saint‑Bris dans son livre Déshabillons l’histoire de France.

Ce sera finalement Anne de Kiev, la seule qui répond à tous ces critères. Née vers 1027, la jeune fille est une des neuf enfants de Iaroslav le Sage. Tous ses frères et sœurs en âge de se marier ont fait de beaux mariages. Pour ne citer que quelques exemples, l’une est reine de Norvège, l’autre reine de Hongrie, un de ses frères a épousé la fille d’Harold d’Angleterre.

Un mariage et quatre enfants

Lorsque Anne arrive dans le royaume des Francs, elle a environ 25 ans alors que Henri 1er en a 43. Gonzague Saint‑Bris et Régine Desforges racontent que dès la première rencontre, le roi s’enflamme pour la princesse. Le mariage est célébré en grande pompe à Reims le 19 mai 1051.

L’échange de consentements entre Anne de Kiev et le roi Henri 1er, enluminure ornant les Chroniques de France ou de Saint-Denis (1332-1350).

Du côté de la jeune femme, l’arrivée dans le royaume des Francs constitue un choc : « On sait qu’il y avait une différence entre le royaume des Francs, encore très rustre, et la principauté de Kiev, beaucoup plus raffinée », précise Marie‑Pascale Hallo, guide‑conférencière à Senlis.

Les époux eurent quatre enfants entre 1052 et 1057, dont le premier est nommé Philippe, prénom introduit en Occident par Anne de Kiev. Philippe deviendra roi des Francs à l’âge de 7 ans.

Une abbaye pour honorer la mémoire du roi

Après la mort d’Henri en 1060, Anne de Kiev se retire à Senlis (Oise) avec ses enfants, où elle fonde l’Abbaye Saint‑Vincent pour honorer la mémoire du roi. L’ancienne abbaye est maintenant un lycée privé qui accueille 800 élèves. C’est aussi dans un parc de Senlis qu’il y a une statue de pierre représentant la reine, cadeau en 2005 de la ville de Kiev dans le cadre de son jumelage avec Senlis.

L’abbaye de Saint-Vincent à Senlis (Oise). (Crédit : P.poschadel)

S’il ne reste pas beaucoup de traces d’Anne de Kiev en France, elle est vénérée en Ukraine. Pourtant, dans le royaume des Francs, elle est l’aïeule de tous les rois de France jusqu’à Louis‑Philippe, près de 800 ans plus tard.

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