Indignation après qu’un navire chinois a été repéré en train de piller des épaves de deux bâtiments de guerre anglais

Par Julian Herrero
9 juin 2023 19:43 Mis à jour: 9 juin 2023 19:44

Au large des côtes malaisiennes, un navire de la Chine populaire a été pris en flagrant délit de pillage des épaves de deux navires de guerre britanniques remontant à la Seconde Guerre mondiale et considérées comme des sépultures. Le média Zone militaire raconte qu’il s’agit de l’HMS Prince of Wales et du HMS Repulse. Cette action de la part de Pékin ne semble pas être la première et soulève des enjeux juridiques.

Une histoire ayant pour toile de fond la guerre du Pacifique

Tout commence en décembre 1941, quelques jours après la très meurtrière et destructrice attaque du tristement célèbre port américain situé à Hawaii, Pearl Harbor par l’Empire du Japon. Les Britanniques décident de renforcer leur flotte en Asie avec l’envoi de la Force Z, un détachement commandé par l’Amiral Tom Philips incluant le croiseur HMS Repulse, le cuirassé HMS Prince of Wales ainsi que des destroyers. Le 10 décembre, l’armée de l’air nipponne anéantit tous les bâtiments. Ce drame a emporté la vie de plus de 840 marins anglais et reste aujourd’hui l’une des pires catastrophes de l’histoire navale britannique. Comme le rappel un communiqué de la Royal Navy, cette catastrophe a choqué la nation anglaise tout en forçant la marine à réévaluer la façon dont elle s’était battue pendant des siècles : « Désormais, la puissance aérienne était la clé de la projection de la puissance maritime et aujourd’hui, le Carrier Strike Group de la Royal Navy est un héritage de ce changement d’orientation. » Winston Churchill, lui-même ancien marin, traduira ainsi la détresse de son pays dans ses mémoires : « De toute la guerre, je n’ai jamais reçu de choc plus direct… Alors que je me retournais et me tordais dans mon lit, toute l’horreur de la nouvelle s’est abattue sur moi. Il n’y avait pas de navires britanniques ou américains dans l’océan Indien ou le Pacifique, à l’exception des survivants américains de Pearl Harbour, qui se hâtaient de retourner en Californie. À travers cette vaste étendue d’eau, le Japon était suprême, et nous étions partout faibles et nus. »

Les enjeux juridiques autour du pillage d’épaves

Plus de 80 ans après le naufrage, le croiseur et le cuirassé semblent intéresser la Chine populaire. En mai 2023, au large de la ville de Kuantan en Malaisie, le navire chinois Chuan Hong 68 de la Fujian Ya Rui Marine a été vu en train de piller les deux navires. Il n’en est apparemment pas à son coup d’essai. En effet, ce même navire avait été arrêté par les autorités malaisiennes en 2017, alors qu’il pillait des épaves de navires de guerre japonais au large de la ville d’Usukan.

Cependant, comme le rappelle Zone militaire, aucun État ne peut revendiquer un droit de propriété sur des épaves découvertes, même si ces dernières se trouvent dans ses eaux territoriales. Il ajoute également, en s’appuyant sur une déclaration d’une commission de l’Institut du droit international de 2015, que ces dernières appartiennent au pavillon de leur pays d’origine. Mais Pékin ne semble pas se sentir concerné par ces règles de droit international et n’a par ailleurs pas hésité à s’imposer en Mer méridionale de Chine, n’ayant que faire des revendications légitimes du Viêtnam et des Philippines.

De plus, ces épaves sont considérées comme des sépultures où reposent des soldats morts pour leur patrie. Raison pour laquelle ces pillages sont vus comme des profanations, d’où la colère de la Royal Navy britannique dans son communiqué : « Nous sommes affligés et préoccupés par le vandalisme apparent pour du profit du HMS Prince of Wales et du HMS Repulse. Ce sont des sépultures de guerre désignées. Nous sommes bouleversés par la perte du patrimoine naval et l’impact que cela a sur la compréhension de l’histoire de notre Royal Navy. »

L’intérêt de Pékin pour l’acier

Il y a une raison bien précise qui explique le pillage d’épaves par des bateaux chinois : l’acier.

En effet, le Chuan Hong 68 a été repéré alors qu’il utilisait une drague à benne preneuse pour récupérer l’acier, réputé de très grande qualité. Selon Zone militaire, le marché de l’acier est plutôt lucratif et suscite la convoitise de certains pays. À titre d’exemple, en 2016, le Royaume-Uni et les Pays-Bas avaient demandé à l’Indonésie l’ouverture d’une enquête après la disparition de navires coulés en 1942 pendant la bataille de Java. Les autorités indonésiennes avaient alors répondu qu’elles n’étaient pas responsables puisque personne ne leur avait demandé de les protéger. Pour autant, deux ans plus tard, un reportage du média britannique The Guardian confirma l’existence de pillages d’épaves de navires de guerre pour la récupération de l’acier en Indonésie.

Au sujet du récent pillage chinois des HMS Repulse et Prince of Wales, le quotidien malaisien New Straits Times a indiqué que le département de l’héritage national malaisien a la charge de l’affaire et compte renforcer le National Heritage Act pour donner plus de moyens d’actions aux autorités. Aussi, le Haut-commissariat du Royaume-Uni en Malaisie a été prévenu.

Pour la Royal Navy, il est urgent de réagir : « Une stratégie est essentielle pour déterminer comment évaluer et gérer ces épaves de la manière la plus efficace et efficiente. Avant tout, nous devons nous souvenir des équipages qui ont servi sur ces navires perdus et ont trop souvent donné leur vie au service de leur pays. »

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.