Israël : l’opposition échoue à dissoudre le Parlement en vue de déclencher des élections

Par Epoch Times avec AFP et Epoc
12 juin 2025 11:16 Mis à jour: 13 juin 2025 17:25

Le Parlement israélien a rejeté jeudi matin à une courte majorité un projet de loi présenté par l’opposition visant à sa dissolution, après la conclusion d’un accord entre Benyamin Netanyahu et les partis ultra-orthodoxes de sa coalition.

Au total, 61 députés sur les 120 que compte la Knesset ont voté contre le texte, et 53 pour, en lecture préliminaire. S’il avait été adopté, ce projet de loi aurait pu mener à des élections anticipées.

Conscription des juifs ultra-orthodoxes

L’ensemble des partis d’opposition avaient présenté le texte alors que la majorité apparaissait désunie sur l’épineuse question de la conscription des juifs ultra-orthodoxes.

Ceux-ci bénéficient depuis des décennies d’une exemption de plus en plus mal acceptée par la société israélienne, alors que le pays est en guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza depuis le massacre organisé par le mouvement palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

L’opposition espérait faire tomber le gouvernement, l’un des plus à droite de l’histoire d’Israël, en tentant de rallier les partis ultra-orthodoxes alliés du Premier ministre Benyamin Netanyahu, et qui avaient menacé de le lâcher.

Enrôler plus d’ultra-orthodoxes

M. Netanyahu doit en effet composer avec une frange de son parti, le Likoud, qui pousse pour une loi visant à enrôler plus d’ultra-orthodoxes et à durcir les sanctions contre les insoumis, véritable casus belli pour les partis qui représentent les « harédim » (« ceux qui craignent Dieu » en hébreu) et exigent, eux, une loi garantissant durablement leur affranchissement des obligations militaires.

Avant le vote de la Knesset, le président de la Commission parlementaire des Affaires étrangères et de la défense, Youri Edelstein, membre du Likoud, avait toutefois annoncé sur X « qu’un accord sur les principes de base du projet de loi sur la conscription » avait été trouvé, sans en préciser les termes.

Après cet échec, l’opposition devra attendre six mois pour retenter de dissoudre la Knesset.

« Nous sommes sur la voie d’une véritable réforme de la société israélienne et du renforcement de la sécurité de l’Etat d’Israël », a assuré M. Edelstein.

Des juifs ultra-orthodoxes se heurtent à des policiers alors qu’ils bloquent une autoroute lors d’une manifestation contre l’incorporation dans l’armée israélienne, le 5 juin 2025 à Bnei Brak, en Israël. (Amir Levy/Getty Images)

Un compromis en coulisses

Les deux formations ultra-orthodoxes de la majorité, Shass (séfarades) et Judaïsme unifié de la Torah (JUT, ashkénazes), avaient déclaré publiquement qu’ils soutiendraient une dissolution. Mais, selon certains observateurs, le chef du Shass, Aryeh Deri, négociait dans le même temps un compromis en coulisses.

Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich (extrême droite), avait déclaré lors de la session plénière de la Knesset que faire tomber le gouvernement en temps de guerre constituerait un « danger existentiel » pour Israël. « L’histoire ne pardonnera pas à quiconque entraînera l’État d’Israël dans des élections en temps de guerre », avait-il dit.

Il avait aussi lancé un appel aux « frères ultra-orthodoxes » à servir dans l’armée. C’est « un besoin existentiel, national et sécuritaire » qui doit être accompli « tout en préservant le gouvernement », a-t-il ajouté.

Les résultats du vote montrent qu’une frange minoritaire des députés ultra-orthodoxes alliés jusque-là du gouvernement ont soutenu la proposition de loi de l’opposition.

« Quand les coalitions commencent à s’effondrer, cela finit par arriver. (Le processus) a commencé et vous le savez », a déclaré le chef de l’opposition israélienne, le centriste Yaïr Lapid.

Le gouvernement a aidé les ultraorthodoxes « à organiser l’exemption de dizaines de milliers de jeunes en bonne santé », a-t-il dénoncé.

Une coalition plus forte que jamais

« La coalition est plus forte que jamais (…) et nous allons de l’avant », lui a répondu le ministre des Communication, Shlomo Karhi.

Formé en décembre 2022, le gouvernement de M. Netanyahu tient grâce à une alliance entre son parti, le Likoud, des formations d’extrême droite, et des partis juifs ultra-orthodoxes, dont le départ en bloc signifierait la fin du gouvernement.

Selon un sondage publié dans le quotidien de droite Israël Hayom en mars, 85% des juifs israéliens soutiennent un changement dans la loi sur la conscription des harédim dont 41% en faveur d’une loi rendant effectivement obligatoire le service militaire (32 mois pour les hommes) pour tous ceux en âge de le faire.

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