Italie: le gouvernement populiste se met d’accord sur un déficit à 2,4% du PIB

27 septembre 2018 20:14 Mis à jour: 27 septembre 2018 22:40

La coalition populiste au pouvoir en Italie s’est mise d’accord sur un déficit à 2,4% du PIB, un accord qui augure de nouvelles tensions avec la Commission européenne et les marchés financiers.

« Accord conclu avec tout le gouvernement sur 2,4%. Nous sommes satisfaits, c’est le budget du changement« , ont annoncé jeudi soir les dirigeants des deux partis de la coalition, les deux vice-premiers ministres Matteo Salvini et Luigi Di Maio. Ce chiffre est très au-dessus des 0,8% sur lequel s’était engagé le précédent gouvernement de centre-gauche italien.

Il est donc très probable qu’il entraîne de vives réactions sur les marchés financiers et des tensions avec la Commission européenne. Bruxelles demandait en effet à Rome de maintenir son déficit au plus bas et de réduire sa dette publique qui représente quelque 131% du PIB, le ratio le plus élevé en zone euro après la Grèce.

Mais après un bras de fer avec le ministre des Finances, Giovanni Tria, qui plaidait pour 1,6% afin d’éviter toute friction avec Bruxelles et pour apaiser les marchés, le Mouvement 5 étoiles et la Ligue ont obtenu gain de cause.

« Aujourd’hui est une journée historique !« , a exulté M. Di Maio. « Aujourd’hui, l’Italie a changé« , a-t-il ajouté sur sa page Facebook.

« Impôts ramenés à 15% pour plus d’un million de travailleurs italiens, droit à la pension pour au moins 400.000 personnes et autant de postes de travail à disposition de nos jeunes » grâce à la révision de la loi sur le départ en retraite et « aucune augmentation de la TVA. Pleinement satisfait des objectifs atteints« , s’est félicité de son côté le patron de la Ligue, Matteo Salvini, dans un communiqué.

L’une des réformes portées par son parti est une « flat tax« , un impôt sur les revenus limité à 15% et 20%. Mais l’accord ne précise pas les modalités de l’instauration de cette réduction d’impôts ni qui elle concernerait.

« Nous avons amené à la maison le budget du peuple qui pour la première fois dans l’histoire de ce pays annule la pauvreté grâce au revenu de citoyenneté, pour laquelle sont prévus 10 milliards d’euros, et relance le marché du travail à travers la réforme des centres d’emploi« , s’est félicité M. Di Maio,  chef de file du M5S, sur Facebook.

Le revenu de citoyenneté de 780 euros, qui vise à favoriser l’insertion des plus pauvres sur le marché du travail, est une promesse électorale phare du M5S.

« Pour la première fois, l’Etat est du côté des citoyens. Pour la première fois, il ne retire pas, il donne. Les derniers sont finalement les premiers parce que nous avons sacrifié les privilèges et les intérêts des puissants. Nous sommes heureux. Ensemble, nous avons montré l’on peut changer le pays« , a ajouté M. Di Maio.

Luigi Di Maio n’a eu cesse de faire pression sur M. Tria, estimant que « la seule obligation était (le seuil de) 3% » imposé par l’UE. Evoquant le déficit français prévu (autour de 2,8%), il avait souligné lundi que l’Italie était « un pays souverain, exactement comme la France« . Matteo Salvini, qui s’était montré un peu plus modéré, avait estimé jeudi « juste de dépasser les 2%« .

Rome risque avec ce déficit une nouvelle flambée du « spread« , l’écart très surveillé entre les taux d’emprunt italien et allemand, qui avait dépassé 300 points en mai en raison d’inquiétudes sur la politique à venir. Or, plus les taux grimpent, plus le coût de remboursement augmente pour l’Etat, ce qui réduit ses marges de manœuvre financières.

En raison des inquiétudes liées au budget, la Bourse de Milan a perdu 0,62% et le spread a grimpé à 235 points de base contre 233 la veille.

HS avec AFP

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