22 ans de réclusion requis contre Mourad Farès, l’ex-recruteur de jihad en Syrie
L'accusation a requis vendredi 22 ans de réclusion criminelle à l'encontre de Mourad Farès, jugé devant les assises de Paris pour avoir incité des candidats au jihad à partir en Syrie, mais aussi d'y avoir dirigé un groupe de combattants francophones.

Un portrait-robot réalisé par le tribunal le 20 janvier 2020 montre Mourad Fares debout pendant son procès à Paris.
Photo: : BENOIT PEYRUCQ/AFP via Getty Images
Mourad Farès, 35 ans, ex-recruteur jihadiste, a été condamné vendredi soir à Paris à 22 ans de réclusion criminelle pour avoir incité des dizaines de jeunes à partir faire le jihad en Syrie et pour y avoir dirigé un groupe de combattants francophones.
L’avocate générale a demandé à la cour d’assises spéciale d’assortir cette peine d’une période de sûreté des deux tiers. Elle a également souligné le rôle « déterminant » de l’accusé dans « l’envoi au jihad de dizaines de personnes », une « quarantaine » au total, dont des adolescents et des enfants.
Mourad Farès, qui a fui la Syrie à l’été 2014, avait « développé une propagande élaborée dès la fin 2012 », « réalisant » notamment une vidéo appelant au jihad et visionnée par « 200 à 300 000 » personnes, a appuyé la magistrate. Les réseaux sociaux lui « confèrent une visibilité exceptionnelle, c’est aussi un vecteur de rencontres » : Mourad Farès « va au-delà des échanges virtuels pour organiser des rencontres », avec des candidats au jihad de toute la France, a-t-elle ajouté.
Parmi eux, un groupe de dix Strasbourgeois partis mi-décembre 2013, dont faisait partie Foued Mohamed-Aggad, l’un des futurs kamikazes du Bataclan, et auxquels il a seulement admis avoir fourni le contact d’un passeur. « On appelle ça recruter, inciter, aider : il est un élément déterminant dans leur départ », a fustigé la représentante de l’accusation.
Il gérait les « déplacements du groupe, de la logistique, de la caisse »
Lui-même parti en Syrie à l’été 2013, Mourad Farès va « participer à des actions armées » au sein de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL, devenu Etat islamique en 2014), avant de quitter ce groupe terroriste pour « en rejoindre un autre », affilié au Front al-Nosra (ex-branche syrienne d’Al-Qaida).
Malgré ses dénégations, il va pour l’accusation « diriger » cette brigade de jeunes combattants francophones en l’absence d’Oumar Diaby, un important recruteur également connu sous le nom d’Omar Omsen. « Diriger, c’est conduire, mener, gérer, régler… » et Mourad Farès est « celui qui s’occupe des déplacements du groupe, de la logistique, de la caisse », a signifié l’avocate générale, qui a également requis sa condamnation pour financement du terrorisme.
Incarcéré depuis septembre 2014, après sa fuite de Syrie et son arrestation en Turquie, Mourad Farès a « adopté un comportement global correct » en détention et a collaboré avec les autorités, mais il « a encore manifestement beaucoup de chemin à faire avant d’être réellement un repenti », a estimé l’avocate générale.
L’accusation a par ailleurs demandé trente ans de réclusion criminelle, dont deux tiers de sûreté, à l’encontre de Bilel Ben Mimoun et Hachmi Hattabi, qui faisaient partis du même voyage et sont présumés morts en Syrie.

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