Le dirigeant du Parti communiste chinois, Xi Jinping, a entamé son premier voyage à l’étranger de l’année 2025, en espérant courtiser trois pays d’Asie du Sud-Est, dans un contexte de fortes tensions commerciales avec les États-Unis.
Mais les analystes doutent qu’aucune avancée majeure ne soit à attendre.
« Le voyage de Xi Jinping vise à restaurer la confiance des partenaires régionaux et à montrer que la Chine est loin d’être isolée », a déclaré Sun Kuo-hsiang, professeur à l’université Nanhua de Taïwan, à Epoch Times avant l’arrivée de Xi Jinping à Hanoï, au Vietnam, le 14 avril.
Mais la réalité est plus nuancée, dit-il.
« Les pays d’Asie du Sud-Est évitent généralement de prendre parti. Ils affichent une attitude amicale envers la Chine, mais conservent des réserves en coulisse. »
Selon lui, pour que la Chine ait un réel impact, « elle doit offrir une aide économique substantielle et un véritable accès à son marché ; autrement, de simples visites d’État ne suffiront pas à changer le cours des choses dans la région. »
Après deux jours passés au Vietnam, Xi Jinping est arrivé à l’aéroport international de Kuala Lumpur, en Malaisie, le soir du 15 avril, pour une visite de trois jours. Le Cambodge sera la dernière étape de son voyage.
Ce déplacement intervient dans un climat de tensions croissantes entre la Chine et les États-Unis, après une série d’augmentations tarifaires réciproques la semaine précédente.
Les analystes soulignent que ce voyage en Asie du Sud-Est suit un schéma habituel pour Xi Jinping, qui a l’habitude de partir en visite à l’étranger après la réunion annuelle de l’Assemblée nationale populaire, en mars. En 2024, il avait commencé ses déplacements internationaux par la France ; en 2023, après avoir entamé son troisième mandat record à la tête de la Chine, il avait choisi la Russie pour sa première visite officielle.
Huang Chung-ting, spécialiste des relations Chine–Asie du Sud-Est à l’Institut pour la défense nationale et la sécurité, un think tank basé à Taïpei et financé par le gouvernement taïwanais, estime que ce déplacement porte une signification particulière.
« Ce voyage a effectivement une portée différente, compte tenu des lourds tarifs douaniers imposés par les États-Unis aux pays concernés, y compris la Chine », dit-il.
Parmi les destinations prévues par Xi Jinping, le Vietnam et le Cambodge figurent en tête de liste des pays visés par les mesures de rétorsion américaine, avec des droits de douane fixés à 46 % et 49 % respectivement, bien que leur application ait été repoussée à juillet.
Huang Chung-ting a déclaré à Epoch Times que ces tarifs importants constituent un signal d’alerte.
Il a expliqué que si ces pays poursuivaient leur coopération avec la Chine – en aidant les produits chinois à pénétrer sur le marché américain sous d’autres étiquettes d’origine pour contourner les taxes américaines -, ils risqueraient à leur tour des sanctions commerciales renforcées.
« Si Xi Jinping cherche à rapprocher ces pays d’Asie du Sud-Est à travers ses visites, ceux-ci doivent aussi peser les risques qu’impliquerait un alignement trop étroit sur Pékin », a-t-il ajouté.
Vietnam
Lors de sa première étape à Hanoï, Xi Jinping a été accueilli par les plus hauts dirigeants vietnamiens, dont To Lam, secrétaire général du Parti communiste vietnamien.
Le 14 avril, après leurs premiers échanges, Xi Jinping et To Lam ont assisté à la signature de 45 protocoles d’accord entre la Chine et le Vietnam. Ces accords concernent divers domaines comme les chaînes d’approvisionnement, l’intelligence artificielle et les produits agricoles.
Le gouvernement vietnamien a précisé dans un autre communiqué que ce paquet d’accords comprenait également des projets d’infrastructure ferroviaire et routière, dont la documentation relative à un projet ferroviaire de 8 milliards de dollars adopté en février. Pékin n’a pas communiqué de détails sur cette ligne de chemin de fer ni sur les autres accords signés.
La Chine et le Vietnam ont également publié une déclaration commune le 15 avril, réaffirmant leur volonté de renforcer leur partenariat et de soutenir un système commercial multilatéral centré sur l’Organisation mondiale du commerce.
Malgré cette démonstration d’unité, les analystes ne pensent pas que les liens entre ces deux voisins communistes sont aussi étroits qu’il y paraît.
« Il est peu probable que le Vietnam s’aligne totalement sur les attentes de Xi Jinping », a estimé Huang Chung-ting avant le départ de Xi Jinping pour la Malaisie.

Un indice en ce sens est le fait que le Vietnam a été l’un des premiers pays à prendre contact avec le président américain Donald Trump pour entamer des négociations tarifaires, selon lui.
Le 4 avril, To Lam et Donald Trump se sont entretenus par téléphone et ont convenu d’examiner des options pour lever les tarifs. Le 8 avril, le Premier ministre Pham Minh Chinh a annoncé qu’il avait demandé un report des tarifs élevés imposés par Donald Trump le 2 avril, et qu’il s’était engagé à augmenter ses achats de produits américains en échange.
Huang Chung-ting souligne que le Vietnam est particulièrement préoccupé par sa relation commerciale avec les États-Unis — son principal marché d’exportation et un allié clé sur le plan sécuritaire —, une inquiétude partagée par d’autres pays d’Asie du Sud-Est.
Yeh Yao-Yuan, professeur à l’université de St. Thomas à Houston, a expliqué à Epoch Times que les différends territoriaux en mer de Chine méridionale jouent également un rôle important dans la manière dont le Vietnam et d’autres nations asiatiques abordent leur relation avec Pékin.
Le régime chinois revendique presque la totalité de cette mer, bien que le Vietnam, la Malaisie, Brunei, les Philippines et Taïwan revendiquent également des droits sur certaines îles, récifs et atolls.
Selon lui, si Pékin poursuit son approche agressive dans cette région, cela ne fera qu’« éloigner encore davantage ses voisins ».
Donald Trump a déclaré plus tard, le 14 avril, que les discussions qui ont eu lieu entre Xi Jinping et To Lam avaient principalement porté sur la façon de savoir comment nuire à Washington.
« Je ne blâme pas la Chine », a déclaré Donald Trump aux journalistes dans le Bureau ovale. « Je ne blâme pas le Vietnam. C’était une jolie réunion […] où ils essayaient de voir « comment on pourrait nuire aux États-Unis d’Amérique ». »
Yi Ru and Luo Ya ont contribué à cet article.
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