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La Chine met sur liste noire les universités d’élite spécialisées dans la défense

La suspension concerne trois des « sept fils de la défense nationale » chinoise.

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Des camions lance-missiles lors d’un défilé militaire marquant le 80ᵉ anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, place Tiananmen à Pékin, le 3 septembre 2025.

Photo: Greg Baker/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

L’armée chinoise a interdit à certaines des meilleures universités rattachées à la défense nationale de participer à son programme d’approvisionnement, invoquant des allégations de collusion dans les appels d’offres pour des projets de recherche militaire.
Les interdictions ont été publiées le 9 novembre sur le site officiel des achats de l’Armée populaire de libération (APL). Selon des avis consultés par Epoch Times, les établissements sanctionnés sont accusés de « manipulation d’appels d’offres » et de « transferts d’avantages indus » dans le cadre de projets de recherche et de développement.
Cette mise à l’écart a été décidée par le Commandement du théâtre central de l’APL, qui supervise les forces présentes dans le cœur du territoire chinois, y compris la capitale, Pékin.
L’Institut de technologie de Pékin (BIT) fait l’objet d’une exclusion à vie, l’Université Jiaotong de Pékin est suspendue pour deux ans, tandis que l’Institut de technologie de Harbin (HIT) et l’Université d’ingénierie de Harbin (HEU) sont exclus de tout appel d’offres pendant trois ans.

Cibles parmi les « Sept fils de la Défense nationale »

Le BIT, le HIT et la HEU font partie de ce que la Chine appelle les Sept fils de la Défense nationale, un groupe d’universités d’excellence directement subordonnées au ministère de l’Industrie et des Technologies de l’information, qui régule le secteur de la défense chinois.
Ces établissements sont un pilier de la stratégie de « fusion civilo-militaire » du Parti communiste chinois : celle-ci vise notamment à faire converger la recherche académique et les objectifs de modernisation militaire.
Le BIT constitue depuis longtemps un pilier du développement des missiles et des fusées en Chine, étant à l’origine des premières générations de missiles antichars, de roquettes de champ de bataille et de systèmes de défense aérienne.
Le HIT, le plus ancien du groupe, figure au cœur des ambitions spatiales chinoises, apportant des contributions majeures aux programmes de sondes lunaires, martiennes et au laboratoire Tiangong‑2. Ses recherches couvrent aussi des technologies stratégiques, telles que l’énergie nucléaire et le génie nucléaire.
La HEU est quant à elle profondément liée au secteur naval militaire chinois : nombre de ses diplômés conçoivent et construisent les navires de guerre du pays, ainsi que des sonars, des technologies sous-marines et des véhicules sous-marins autonomes.
À l’inverse, l’université Jiaotong de Pékin entretient des relations moindres avec la défense et, contrairement aux trois autres, n’apparaît pas sur la « liste d’entités » du Département américain du commerce qui recense les universités chinoises sanctionnées.
Le bureau de travail de l’état-major général de l’APL, à l’origine des suspensions depuis le 9 novembre, estime que les manœuvres incriminées ont eu lieu lors d’appels d’offres relatifs à des modules d’analyse de simulation et à des algorithmes de corrélation de données intelligentes — deux domaines jugés essentiels à la modernisation militaire.
Ont également été sanctionnés le 9 novembre : l’Institut de mécanique de l’Académie chinoise des sciences, frappé d’une exclusion de trois ans par le Commandement du théâtre central, pour des motifs similaires.
Au 12 novembre, les cinq décisions disciplinaires avaient toutes été supprimées de la page officielle de l’APL listant ces notifications publiques. Leur retrait pourrait traduire l’inquiétude autour de l’image négative liée à la sanction de ces prestigieuses institutions.
Néanmoins, au moment de la publication, les avis individuels adressés aux écoles sanctionnées restent accessibles via la fonction de recherche du site officiel.

La campagne anti-corruption au sein de l’APL continue

Cette mise à l’écart intervient alors qu’une campagne anti-corruption est en cours dans l’APL, ayant déjà emporté plusieurs hauts commandants de la Force des fusées, de l’ancienne Force de soutien stratégique, et d’autres branches majeures.
La campagne s’est intensifiée après la chute du ministre de la Défense Li Shangfu en 2023 : cet officier avait longtemps servi au Département général de l’armement avant de prendre la tête de l’armée. Dans un arrêt rendu en juin 2024, la Commission militaire centrale du Parti communiste chinois a accusé Li d’« avoir gravement pollué le climat politique du secteur de l’armement et l’éthique de l’industrie ».
En août 2024, la Force des fusées a exclu pour trois ans l’Université technologique de Xi’an, l’Université Jiaotong de Xi’an et l’Université Jiaotong du Sud‑Ouest de ses propres marchés publics, en raison de soupçons d’ententes et de manipulations d’appels d’offres.
Les trois établissements sont des universités publiques liées fortement à la recherche militaro-industrielle.