La Chine opère un mouvement stratégique au Moyen-Orient avant la rencontre Joe Biden-Xi Jinping

Par Jenny Li & Michael Zhuang
15 novembre 2023 06:23 Mis à jour: 18 novembre 2023 10:05

Au Moyen-Orient, le régime chinois soutient l’Iran et la Syrie, et l’hostilité de ces deux pays à l’égard des États-Unis y est pour beaucoup. Parallèlement, le régime chinois tente d’étendre son influence auprès des alliés traditionnels des États-Unis dans la région du golfe Persique. Le 11 octobre, les médias d’État chinois ont rapporté qu’une force navale chinoise s’était rendue à Oman pour faciliter « l’amitié » et la « coopération » avec le pays. Oman est membre du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et est traditionnellement allié des États-Unis.

Le mois dernier, des responsables militaires de l’Armée populaire de libération (APL) auraient proposé à leurs homologues omanais d’installer une base militaire chinoise à Oman. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’efforts de la part du Parti communiste chinois (PCC) en vue d’établir des bases au Moyen-Orient et dans l’océan Indien, conformément à son programme militaire expansionniste.

Oman se trouve sur la côte sud-est de la péninsule arabique, bordée par la mer d’Arabie au sud et à l’est, et par le golfe d’Oman au nord-est. Plus important encore, le détroit d’Ormuz s’étend entre l’Iran et Oman, une position stratégique puisqu’il s’agit du seul passage maritime entre le golfe Persique, riche en pétrole, et le reste du monde.

L’expansion de la Chine au Moyen-Orient

Carl Schuster, ancien directeur des opérations au Centre de renseignement conjoint du Commandement des États-Unis pour le Pacifique à Hawaï, a déclaré à Epoch Times : « Le fait que la Chine cherche à établir des bases au Moyen-Orient indique qu’elle s’intéresse de plus en plus à la région en général et au golfe Persique en particulier. Je pense que Pékin espère établir une présence permanente limitée mais significative dans l’océan Indien occidental et au Moyen-Orient ».

Pour M. Schuster, la Chine a des raisons stratégiques. « Oman occupe une position stratégique qui lui permet de surveiller et, le cas échéant, de contrôler l’accès au golfe Persique, qui est la source d’environ 50% des importations de pétrole de la RPC. En outre, Oman offre à l’APL une base proche de Gwadar, de laquelle elle peut protéger les expéditions de pétrole et de gaz naturel liquéfié. Oman offre également à la Chine une position intéressante si les relations avec l’Iran ou le Pakistan venaient à se se détériorer. »

Oman est également important d’un point de vue militaire. « Il modifiera l’équilibre des forces maritimes dans l’océan Indien occidental », dit-il. « Les opérations de la marine américaine dans l’océan Indien, tout comme celles de l’Inde, devront tenir compte de la présence de l’APL en cas de tensions ou de crises accrues. »

En 2017, la Chine a établi une base militaire à Djibouti, marquant ainsi sa première base militaire à l’étranger. « Oman se trouve à 1330 milles marins (2463 km) de la base chinoise de Djibouti. Les avions de patrouille maritime des deux sites fourniraient une couverture redondante et complémentaire du golfe Persique et du golfe d’Aden, mais aussi de l’ouest de l’océan Indien », a souligné M. Schuster. « En outre, une base à Oman faciliterait les opérations du PLAN dans le golfe Persique et ferait contrepoids à la base de l’USN à Bahreïn et au commandement occidental en Inde. »

La Chine veut établir un réseau mondial d’infrastructures militaires

Anders Corr, fondateur de Corr Analytics et éditeur du Journal of Political Risk, a déclaré à Epoch Times que le régime chinois tentait depuis des années de construire un réseau international de bases militaires.

« Depuis des années, la Chine tente de construire un réseau de bases militaires mondial. Une nouvelle base à Oman l’aidera à bien des égards, notamment dans sa stratégie du ‘collier de perles’ visant à contrôler le commerce avec l’Europe et le Moyen-Orient, et dans sa tentative apparente d’encercler l’Inde en renforçant ses liens économiques et militaires avec les pays qui se trouvent à ses frontières terrestres et maritimes. »

La stratégie dite du « collier de perles » est un concept développé par des commentateurs politiques indiens, pour décrire leurs spéculations sur les intentions de la Chine d’exercer une influence dans l’océan Indien. Elle fait référence aux installations civiles chinoises et militaires du PCC établies entre la Chine et Port-Soudan, à la lisière de la Corne de l’Afrique, et à son importance pour les voies maritimes indispensables à la Chine.

« Pékin cherche en particulier à établir des bases militaires aux principaux points d’étranglement du commerce international, notamment à Djibouti, qu’il possède, à Singapour et maintenant à Oman », a expliqué M. Corr. « Ces trois détroits sont des points d’étranglement majeurs pour la navigation entre le Moyen-Orient, l’Europe et l’Asie, et aideront le PCC à contrôler le commerce international et à atteindre son objectif à long terme d’hégémonie mondiale. »

L’importance du Moyen-Orient pour la domination mondiale 

Le Moyen-Orient est une cible importante de l’agenda mondial du PCC. L’ambition chinoise de renverser le « pétrodollar » se reflète dans l’attitude du régime à l’égard du conflit qui oppose Israël et le Hamas. Après l’attaque brutale menée par les terroristes du Hamas, les États-Unis ont apporté leur soutien inconditionnel à Israël. La Chine, en revanche, a critiqué le pays. Le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, a déclaré que les actions militaires israéliennes dépassaient le cadre de la légitime défense. Le soutien implicite apporté par la Chine au Hamas ne devrait pas surprendre, le régime chinois étant un soutien de l’Iran et de la Syrie.

L’Iran et la Syrie sont ennemis d’Israël et des États-Unis. Lorsque les États-Unis ont envoyé des troupes au Moyen-Orient pour venir en aide à Israël, des militants soutenus par l’Iran ont lancé de nombreuses attaques contre des bases militaires américaines de Syrie et d’Irak. Le 10 novembre, une organisation basée en Syrie a lancé un drone qui s’est écrasé sur une école à Eilat, la ville la plus méridionale d’Israël.

Le régime chinois cherche à saper le « pétrodollar » en soutenant les forces anti-américaines au Moyen-Orient. Au cours des six dernières années, la Chine a négocié et poussé l’Arabie saoudite à utiliser le yuan chinois comme monnaie pour le pétrole. Dans le même temps, la Chine s’est efforcée de se rapprocher de l’Arabie saoudite. Les entreprises soutenues par le PCC ont investi de manière significative dans des projets chers au prince héritier Mohammed bin Salman, et le PCC a aidé le pays à fabriquer des missiles balistiques et l’a conseillée sur un éventuel programme nucléaire.

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