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La dialyse pourrait freiner la capacité naturelle de vos reins à se régénérer

Une étude clinique révèle que réduire la dialyse pourrait aider l’organisme à se rétablir plus facilement après une insuffisance rénale aiguë. Pour Liddy Lawson, vivre sans dialyse semblait autrefois impossible. En 2020, à 36 ans, elle suivait une chimiothérapie pour une leucémie rare lorsque son cœur s’est arrêté à deux reprises et que ses poumons se sont remplis de liquide.

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Photo: mailsonpignata/Shutterstock

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Durée de lecture: 10 Min.

« Ils m’ont placée dans un état de sédation médicale et ont appelé ma famille pour venir me dire adieu », raconte à Epoch Times Liddy Lawson.
Elle s’est réveillée après 51 jours passés en soins intensifs, reliée à une machine de dialyse fonctionnant jour et nuit. Ses reins avaient cédé sous la pression de la chimiothérapie, incapables de filtrer son sang efficacement.
« Je suis entrée à l’hôpital avec un cancer, et je me suis réveillée branchée à une autre machine », se souvient-elle. Pendant les deux années suivantes, Liddy Lawson a poursuivi la dialyse en ambulatoire, une routine éprouvante qui la laissait nauséeuse, épuisée et incapable de faire grand-chose en dehors des traitements et des visites médicales.
Puis elle a accepté d’essayer quelque chose de nouveau : une approche qui permettait à ses reins d’assumer leur travail de filtration normale dès que possible, au lieu de laisser la machine tout faire.
À 39 ans, elle avait totalement récupéré. Aujourd’hui, elle vit sans dialyse depuis plus de deux ans.

La réduction de la dialyse serait-elle plus sûre ?

Lorsque les reins cessent brutalement de fonctionner, la dialyse, substitut temporaire, peut sauver des vies. Mais parfois, un soutien trop important peut ralentir, voire bloquer, la récupération.
Le traitement proposé à Liddy Lawson consistait en une dialyse « conservatrice », pratiquée uniquement « lorsque c’est nécessaire », contrairement à la dialyse standard, généralement effectuée trois fois par semaine.
Une nouvelle étude, s’appuyant sur le succès du cas de Liddy Lawson, a montré que les patients hospitalisés ayant subi une insuffisance rénale aiguë avaient 64 % de chances de récupération lorsqu’ils recevaient une dialyse uniquement en cas de besoin, contre 50 % avec le protocole standard.
L’essai a recruté 220 adultes, âgés en moyenne de 56 ans, atteints d’une insuffisance rénale aiguë sévère dans quatre hôpitaux américains. Les participants ont été répartis au hasard en deux groupes : ceux recevant une dialyse uniquement pour des urgences médicales – comme un taux de potassium dangereusement élevé ou un excès de liquide rendant la respiration difficile – et ceux suivant le schéma classique de trois séances hebdomadaires, quel que soit leur état du jour.
Un plus grand nombre de patients du groupe de dialyse conservatrice ont retrouvé une fonction rénale complète. Ils ont également nécessité moins de séances et présenté moins d’épisodes d’hypotension artérielle, un effet secondaire fréquent et risqué de l’hémodialyse. Aucune augmentation des complications graves ou des décès n’a été observée.
« Traiter les insuffisances rénales aiguës de manière conservatrice est une idée vraiment nouvelle », explique à Epoch Times le Dr Chi-yuan Hsu, chef du service de néphrologie à la faculté de médecine de l’université de Californie à San Francisco (UCSF) et auteur principal de l’étude. Le traitement standard recommande une dialyse régulière, jugée plus sûre pour les patients.
Cependant, chez les personnes souffrant d’insuffisance rénale aiguë, « la dialyse elle-même peut parfois freiner la récupération », précise le Dr Hsu. « Elle peut faire baisser la tension artérielle et même rendre les reins paresseux, puisque la machine fait le travail de filtration à leur place. Au mieux, elle masque les signes de rétablissement ; au pire, elle peut prolonger la blessure. »
L’insuffisance rénale aiguë diffère de l’insuffisance rénale chronique. Elle survient brutalement, souvent chez des patients hospitalisés, à la suite d’une infection, d’une chirurgie ou de problèmes cardiaques.
Contrairement à la maladie rénale chronique, qui se développe lentement et conduit le plus souvent à une dialyse à vie ou à une greffe, l’insuffisance aiguë laisse une fenêtre de récupération possible si le patient bénéficie d’un suivi et d’un accompagnement adaptés.

Le parcours d’une patiente

Pour Liddy Lawson, le traitement conservateur a transformé une vie marquée par le handicap en une existence pleine.
« Je ne faisais rien d’autre que mes rendez-vous médicaux et la dialyse », confie-t-elle. « Je n’avais plus d’énergie. »
« Je vomissais plusieurs fois par jour. Chaque jour, j’avais des migraines pendant et après les séances de dialyse. Je dormais toute la journée suivante, je me sentais un peu mieux le surlendemain… et il fallait recommencer. C’était infernal », dit-elle.
Lorsque le Dr Hsu lui a proposé un dernier essai sans dialyse, Liddy Lawson a accepté, sans vraiment croire à une amélioration.
« Le Dr Hsu pensait que mes reins avaient encore une chance », raconte-t-elle. Un an plus tard, il l’a appelée avec la bonne nouvelle : « Vos analyses sont parfaites – plus besoin de dialyse. »
Depuis, elle a marché un marathon, retrouvé sa force et repris une vie qu’elle croyait perdue.
« J’ai l’impression d’avoir retrouvé ma vie », dit-elle. « Je peux manger. J’ai un poids normal. Je peux faire tout ce que je veux. »

Qui en profite le plus

Tous les patients atteints d’une insuffisance rénale aiguë ne peuvent pas bénéficier de cette approche. Elle est plus efficace chez les personnes dont les reins ont été soudainement atteints, qui ne prennent pas d’autres traitements de maintien vital et qui ne sont pas déjà sous dialyse depuis plusieurs mois.
« Nous parlons de patients qui ont survécu à la phase la plus critique de leur séjour en réanimation », précise le Dr Hsu. « Une fois le danger immédiat passé, l’objectif passe de la survie à la récupération. C’est à ce moment-là que les reins peuvent recommencer à guérir, si on leur en laisse la possibilité. »
« À l’hôpital, une surveillance quotidienne nous permet de réduire la dialyse en toute sécurité, tant que le patient est encore sous observation étroite », ajoute-t-il. « Mais une fois sorti, il se retrouve souvent sur un schéma classique, et cette occasion est perdue. »

Un changement de paradigme dans les soins

Dans un éditorial accompagnant l’étude, le Dr Sushrut S. Waikar, chef du service de néphrologie à la faculté de médecine de l’université de Boston, a salué l’équipe du Dr Hsu pour avoir comblé un vide clinique majeur : déterminer quand et comment sevrer les patients hospitalisés atteints d’insuffisance rénale aiguë de la dialyse.
Le Dr Waikar a félicité l’étude pour avoir remis en question le réflexe ancien du « plus, c’est mieux » et a exhorté les néphrologues à réfléchir avant chaque séance à la nécessité d’une dialyse.
Le passage à un traitement plus conservateur ne se fera pas du jour au lendemain. Le modèle classique de trois séances hebdomadaires est profondément ancré, calqué sur les soins des insuffisances rénales chroniques. De nombreux médecins privilégient la voie qui semble la plus sûre – « en faire plus » – mais l’essai montre que, pour certains patients, moins peut être à la fois plus sûr et plus efficace.
Des études plus vastes sont encore nécessaires pour déterminer si cette approche peut être étendue sans risque aux patients en consultation externe. Les centres de dialyse ambulatoire n’ont souvent pas les moyens nécessaires pour accompagner ce type de sevrage, note la Dr Kathleen Liu, spécialiste de la prise en charge des insuffisances rénales aiguës à l’UCSF, dans un communiqué de presse.
Ce défi parle particulièrement à Liddy Lawson, qui encourage les autres patients à défendre leurs intérêts.
« Ça me brise le cœur de savoir que tout le monde ne peut pas arrêter la dialyse », dit-elle. « Mais pour ceux qui en ont la possibilité – dont les reins ont été blessés, pas détruits – ça vaut la peine d’essayer. »
« Demandez à votre médecin s’il y a une issue possible », encourage Liddy Lawson. « N’acceptez pas simplement que la dialyse soit pour toujours. »
Cara Michelle Miller est rédactrice indépendante et éducatrice en santé holistique. Elle a enseigné au Pacific College of Health and Science à New York pendant 12 ans et a dirigé des séminaires de communication pour les étudiants en ingénierie de la Cooper Union. Elle écrit maintenant des articles axés sur les soins intégratifs et les modalités holistiques.

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