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La plus grande affaire d’espionnage chinois en Allemagne : l’ancien assistant d’un député condamné

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L'accusé Jian G. (à dr.), entre dans la salle d'audience de la cour d'appel de Dresde, dans l'est de l'Allemagne, le 30 septembre 2025, le dernier jour du procès contre deux espions présumés de la Chine. Jian G aurait travaillé pour les services de renseignement chinois depuis 2002, notamment lorsqu'il était assistant au bureau bruxellois de M. Krah, alors député européen, entre 2019 et 2024.

Photo: Odd ANDERSEN/POOL/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 9 Min.

L’ancien collaborateur du député allemand Maximilian Krah, M. Jian G., aurait servi d’agent polyvalent pour Pékin pendant de nombreuses années, selon le parquet fédéral. Le verdict vient d’être rendu à Dresde.
Le 30 septembre, la Cour d’appel de Dresde a rendu son verdict dans la plus grande affaire d’espionnage chinois jamais jugée en Allemagne. Les deux accusés ont été reconnus coupables d’espionnage.
La peine infligée à Jian G., ancien collaborateur du politicien européen AfD Maximilian Krah, est de 4 ans et 9 mois. La coaccusée Yaqi X. a été condamnée à une peine de 1 an et 9 mois.
Jian G. reste en détention et purge immédiatement sa peine. Le mandat d’arrêt contre Mme Yaqi a d’abord été levé. La date à laquelle elle devra purger sa peine sera fixée ultérieurement. Elle devrait bénéficier d’un agent de probation.
Les ordinateurs portables, smartphones et téléphones mobiles de Jian G. restent la propriété de la République fédérale d’Allemagne, tout comme les téléphones mobiles de Yaqi X.

L’accusée chinoise Yaqi X (à dr.), accusée d’espionnage d’entreprises de défense allemandes, entre dans la salle d’audience du tribunal régional supérieur de Dresde, dans l’est de l’Allemagne, le 30 septembre 2025, alors qu’elle arrive au dernier jour du procès contre deux espions présumés pour la Chine. (ODD ANDERSEN/POOL/AFP via Getty Images)

Le parquet fédéral avait auparavant requis sept ans et demi de prison pour Jian G. et deux ans et neuf mois pour Yaqi X. Selon l’acte d’accusation, tous deux auraient exercé des activités d’espionnage pour le compte des services secrets chinois contre la République fédérale d’Allemagne.
En raison de ses activités d’espionnage pendant au moins 20 ans et de ses actions planifiées visant à espionner l’UE, l’Allemagne, l’AfD, des personnes persécutées politiquement et des opposants, le parquet fédéral considère que le cas de M. G. est « particulièrement grave ».

Surveillé pendant plusieurs années par les services de protection de la Constitution

Avant son arrestation en septembre 2024, Jian G. a été surveillé pendant au moins deux ans et demi par les services fédéraux de protection de la Constitution. Ses téléphones, ses ordinateurs portables et ses e-mails ont été mis sur écoute. Sa voiture a également été placée sous surveillance.
Le procureur Fabian Schellhaas, du parquet fédéral, a décrit M. G. comme un « agent polyvalent », toujours habile dans ses missions et fier de ses nombreuses années d’activité d’agent secret.
Dans le cas de Yaqi X., le parquet fédéral considère qu’elle a agi avec une intention conditionnelle lors de ses activités d’espionnage à l’aéroport de Leipzig/Halle, car M. G. l’y avait poussée.
Elle est venue en Allemagne en 2015 pour faire ses études. M. G. l’a contactée via l’application chinoise WeChat. Après une brève relation amoureuse, ils sont restés en contact.
Après ses études, elle a commencé à travailler pour une entreprise de logistique à l’aéroport de Leipzig/Halle, qui s’occupe également de transports militaires. C’est là que M. G. lui aurait demandé de collecter des informations. L’aéroport est une plaque tournante importante pour les transports de troupes et les transports militaires de la Bundeswehr ainsi que des alliés de l’OTAN tels que les États-Unis.

Jian G. a postulé auprès des services de protection de la Constitution

Selon l’accusation du parquet fédéral, Jian G. aurait commencé à travailler en Allemagne pour les services secrets chinois en 2002.
Il avait proposé ses services à l’Office fédéral pour la protection de la Constitution. Celui-ci l’avait refusé et l’avait renvoyé vers l’Office pour la protection de la Constitution de Saxe. Il n’aurait reçu aucune mission concrète de la part de ce dernier, mais aurait été utilisé comme source d’informations.
Comme il pouvait entrer et sortir librement de Chine malgré ses critiques envers le régime, les services de sécurité ont commencé à s’interroger. Il était soupçonné d’être un agent double. Les services de protection de la Constitution du Land ont alors mis fin à leur collaboration avec lui et l’ont placé sous surveillance.

Espionnage du Falun Gong et d’autres dissidents

Selon le parquet fédéral, l’espionnage des opposants chinois visait à obtenir des informations sur des personnes qui avaient trouvé refuge en Allemagne pour échapper aux autorités chinoises et qui étaient opposées au Parti communiste chinois (PCC). Jian G. se serait présenté comme un critique du régime chinois.
Depuis 1999, les pratiquants de Falun Gong sont brutalement persécutés en Chine. À l’étranger également, le PCC poursuit ses efforts pour les surveiller. L’un des objectifs est de collecter des informations sur leurs proches en Chine afin de faire pression sur eux.
M. G. s’est également fait remarquer dans d’autres groupes d’opposition, notamment par les questions étranges qu’il posait.

Krah fait venir Jian G. à Bruxelles

Jian G. a été « membre du SPD pendant quelques années », comme l’a confirmé l’ancien secrétaire général Kevin Kühnert dans l’émission « beisenherz » diffusée sur la chaîne ntv. Il n’occupait toutefois aucune fonction importante au sein du parti. En 2015, M. G. a quitté le SPD avant de devenir collaborateur du politicien de l’AfD Maximilian Krah en 2019.
Après avoir été élu au Parlement européen en mai 2019, M. Krah a fait venir M. G. dans son bureau de député à Bruxelles en septembre de la même année pour en faire son assistant personnel.
Au cours de cette période, G. aurait rassemblé plus de 500 documents de l’UE, dont certains classés « particulièrement sensibles ». Il aurait également informé les services secrets chinois de l’état d’avancement des négociations du Parlement européen et de plus de 80 décisions concernant la Chine. M. Krah a permis à M. G. d’utiliser son accès au système d’information du Parlement européen, alors que celui-ci est réservé aux seuls députés européens.
M. G. a également collecté des données sur des hauts responsables de l’AfD tels qu’Alice Weidel et Tino Chrupalla.
Maximilian Krah appréciait les compétences de Jian G.
Jian G. et M. Krah se connaissaient depuis Dresde. Maximilian Krah y avait un cabinet d’avocats et M. G. a longtemps vécu à Dresde. En tant qu’ancien directeur général de son entreprise, M. G. était client du cabinet de M. Krah. Le politicien a déclaré à « Spiegel TV » qu’il appréciait les compétences de G. en matière commerciale et qu’il l’avait donc engagé plus tard comme conseiller spécialisé.
En novembre 2019, M. Krah a entrepris un voyage en Chine avec M. G. Le parquet général de Dresde mène actuellement une enquête distincte à l’encontre de Maximilian Krah lui-même. Il est accusé de blanchiment d’argent et de corruption en tant que mandataire au Parlement européen.
Krah aurait accepté de l’argent provenant de Chine et lié à l’entourage de M. G. Âgé de 48 ans, M. Krah a rejeté ces accusations, les qualifiant d’« absurdes et motivées par des raisons politiques ». Aucune accusation n’a encore été portée. La présomption d’innocence s’applique dans tous les cas.