La « productivité haïku » : quand les limites permettent d’accroître sa concentration

Cet article traite des limites qui peuvent nous rendre plus productifs, plus concentrés et plus aptes à établir nos priorités et à nous simplifier la vie, ce que nous appellerons la « productivité haïku ».

L’idée vient de la poésie haïku, où le poète est limité à trois lignes et (essentiellement) 17 syllabes. Une limite tellement insensée et pourtant la poésie qui en résulte est souvent très puissante.

Le poète est obligé de choisir, de simplifier et de trouver l’essence du message. Les contraintes sont en réalité très puissantes, car elles obligent à faire preuve de discipline et à comprendre qu’en étant restreint, chaque élément de ce contenu doit être essentiel. Il ne faut pas gaspiller les mots.

Quand un récipient est petit, on le remplit de n’importe quoi. Soumis à des limites, on se montre plus prudent, on apprécie davantage cet espace réduit et on explore plus profondément l’essentiel.

Il en est de même dans tous les domaines de la vie :

Temps de travail

Si nous avons une longue liste de choses à faire, et une semaine entière de travail pour y parvenir, cela ne semble pas si urgent, et nous avons tendance à remplir nos journées de petites choses : répondre à des courriels, des messages, des chats, ou lire des choses sur Internet. Mais que se passerait-il si nous n’avions qu’une heure par jour et un seul projet vraiment important ? Nous serions plus concentrés.

Désordre

Si nous nous autorisons à n’avoir que trois tenues pour chaque saison, nous serons plus attentifs aux vêtements que nous possédons. Cela est vrai pour n’importe quel bien : une maison plus petite signifie que nous sommes obligés de choisir. En limitant le nombre de livres que nous possédons, nous choisissons ceux qui nous tiennent le plus à cœur et ceux que nous pensons pouvoir lire.

Projets

Il est facile de dire « oui » à de nouveaux projets professionnels ou personnels, et soudain notre vie est surchargée et nous ne faisons du bon travail sur aucun de ces projets. Et si nous nous forcions à n’en choisir qu’un seul ? Ou deux ? Comment cela changerait-il notre façon de travailler ? Nous pourrions nous concentrer davantage, avoir moins de tracas et effectuer un travail remarquable pour chacun de nos projets.

Personnes

Nous ne cessons de créer de nouvelles relations, d’établir de nouvelles connexions (d’autres personnes ont le problème inverse, elles ne recherchent pas activement des relations, mais ce n’est pas le sujet de cet article). Nouer de nouvelles relations est une excellente chose, mais lorsque nous réalisons que nous n’avons que peu de temps pour créer des relations solides, cela vaut la peine de se demander avec qui nous voulons passer ce temps si précieux, et entretenir ces relations en conséquence.

La vie

La vie est limitée. Nous le savons tous et pourtant nous agissons comme si nous disposions de ressources illimitées et que nous pouvions les utiliser comme bon nous semble. Nous gaspillons nos journées pour de petites choses, sans vraiment apprécier le miracle de chaque instant, sans vraiment profiter de l’incroyable opportunité que nous offre chaque journée. Et si nous considérions chaque jour comme étant précieux et en tirions le meilleur parti ?

La liste pourrait être beaucoup plus longue, mais ce dont il est véritablement question, c’est du pouvoir des limites qui nous permet de nous concentrer davantage sur le travail significatif, celui que nous tenons vraiment à accomplir, qu’il s’agisse de créer une œuvre d’art, de créer une nouvelle entreprise, d’établir un environnement harmonieux pour notre équipe ou nos clients, ou de travailler sur quelque chose de concret dans notre vie personnelle.

Limites et approche

Lorsqu’on a beaucoup de choses à faire avec sa famille et d’autres activités à réaliser, ce qui signifie que le temps de travail est très limité, peut-être une heure par jour, peut-être un peu plus, mais parfois moins, c’est très efficace pour la concentration.

On ne peut se permettre d’être distrait, on accomplit les choses sans tarder. Le temps limité devient précieux, il faut l’utiliser à bon escient.

C’est la productivité haïku, le pouvoir des restrictions. Nous nous rebellons souvent contre les restrictions, mais elles peuvent en fait nous être utiles.

Limitons-nous à un seul changement d’habitude à la fois, et nous serons beaucoup plus concentré et aurons plus de chances de réussir. Limitons-nous à un seul grand projet à la fois, et nous serons beaucoup plus concentré et plus à même d’accomplir un travail remarquable. Limitons-nous à une seule tâche à la fois, et nous serons en mesure de nous y consacrer pleinement.

Une tâche à la fois. Un espace de temps limité pour effectuer cette tâche. Une concentration pure, avec une estimation consciente de la valeur précieuse de ce temps limité.

Voici ce que nous pouvons faire :

Choisissons une tâche à accomplir dans l’heure qui suit. Faisons-en une véritable échéance en la promettant à quelqu’un avant la fin de l’heure, et en prenant d’autres rendez-vous après la fin de l’heure pour ne pas avoir à prolonger ce délai. Notre temps est limité et nous devons le faire.

Maintenant, observons ce qui change avec notre concentration. Voyons si nous perdons moins de temps et si nous remplissons notre heure de travail en éliminant toute distraction. Voyons si nous apprécions davantage cette heure de travail.

Voilà le pouvoir des restrictions !

Leo Babauta est l’auteur de six livres, le rédacteur de Zen Habits, un blog qui compte plus de 2 millions d’abonnés, et le créateur de plusieurs programmes en ligne pour nous permettre de maîtriser nos habitudes. Visitons ZenHabits.net

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