La relation entre FTX, l’Ukraine et les démocrates soulève des interrogations

Par Andrew Moran
15 novembre 2022 20:48 Mis à jour: 21 novembre 2022 04:26

Existe‑t‑il une relation douteuse entre FTX, la plateforme de cryptomonnaies en faillite de Sam Bankman‑Fried, l’Ukraine et les démocrates ? Au lendemain de l’effondrement de FTX, de nouvelles questions émergent autour de ces liens, des partenariats en cryptomonnaies aux contributions du milliardaire aux démocrates.

Y a‑t‑il un enjeu important qui se joue en coulisse ? S’agit‑il simplement d’un groupe de jeunes entrepreneurs dépassés par les événements ?

Tout commence avec « Aid for Ukraine »

En mars, le gouvernement ukrainien a créé un site Web de dons en crypto, permettant à Kiev de convertir les contributions en tokens (monnaies numériques) en monnaie fiduciaire qui serait déposée à la Banque nationale d’Ukraine. Le gouvernement ukrainien a maintenu un objectif de 200 millions de dollars. En octobre, il avait recueilli plus de 60 millions de dollars.

Les fonds versés ont été utilisés pour acheter tout ce qui est nécessaire à l’effort de guerre, comme des lunettes de visée numériques, des fournitures médicales, des rations militaires, du carburant, des vêtements militaires et d’autres articles essentiels.

Cette initiative, connue sous le nom d’ « Aid for Ukraine », a reçu le soutien de FTX, de la société de blockchain Everstake et de la bourse ukrainienne. Elle a été rendue possible par le ministère ukrainien de la Transformation numérique.

« Au début du conflit en Ukraine, FTX a ressenti le besoin d’apporter son aide de toutes les manières possibles. En mettant en place des plateformes de paiement et en facilitant la conversion des dons en crypto en monnaie fiduciaire, nous avons donné à la Banque centrale d’Ukraine la capacité de fournir de l’aide et des ressources aux personnes qui en ont le plus besoin », a déclaré Bankman‑Fried dans un communiqué en mars. « Nous sommes reconnaissants de l’opportunité de collaborer avec Sergey [Vasylchuk] et l’équipe d’Everstake, qui continuent à travailler sans relâche pour aider les Ukrainiens qui souffrent de ce conflit. »

Quelques jours après le lancement de la collaboration Ukraine‑FTX, le président américain Joe Biden a annoncé une aide supplémentaire de 800 millions de dollars à l’Ukraine, ce qui portait alors la contribution totale à 2 milliards de dollars. Au total, on estime que les États‑Unis ont donné plus de 60 milliards de dollars à Kiev.

Selon les rumeurs, les responsables ukrainiens ont investi dans FTX, mais cela reste à prouver. Quoiqu’il en soit, beaucoup se demandent si les responsables ukrainiens n’auraient pas utilisé les fonds livrés par FTX pour les acheminer vers des campagnes démocrates.

Les dons de Bankman‑Fried aux démocrates

Bankman‑Fried a été le deuxième plus grand donateur démocrate pour l’année 2021‑22, avec 39,8 millions de dollars de dons. Ce montant se situe derrière le total des dons de George Soros, qui s’élève à 128 millions de dollars. Bankman‑Fried a donné le plus d’argent au groupe Protect Our Future (PAC). Sur le site Web de cette organisation, on peut lire que sa mission est « d’aider à élire des candidats qui seront des défenseurs de la prévention des pandémies – des candidats qui, une fois élus, auront les yeux rivés sur l’avenir ».

Selon le magazine Fortune, le PAC « a soutenu des candidats démocrates tels que Peter Welch, qui a remporté sa candidature pour devenir le prochain sénateur du Vermont, et Robert J. Menendez du New Jersey, qui a obtenu un siège à la Chambre des représentants ». L’été dernier, Bankman‑Fried a indiqué qu’il était prêt à dépenser 1 milliard de dollars pour les midterms afin de soutenir les démocrates, mais il n’est jamais revenu sur cette proposition.

Au cours du premier semestre 2022, il a versé 865.000 dollars au Democratic National Committee, 66.500 dollars au Democratic Senate Campaign Committee et 250.000 dollars au Democratic Congressional Campaign Committee.

En outre, Bankman‑Fried a effectué plusieurs visites à la Maison Blanche. Selon le registre des visiteurs de la Maison Blanche, il a rencontré le conseiller de la Maison Blanche Steve Ricchetti le 22 avril et le 12 mai. Le fondateur de FTX a également rencontré Charlotte Butash, conseillère politique auprès du chef de cabinet adjoint de la Maison Blanche, le 13 mai.

Mark Wetjen, responsable de la politique et de la stratégie réglementaire chez FTX, qui a été commissaire à la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) sous l’ancien président Obama, a également participé à certaines de ces réunions.

Les registres des visiteurs montrent également que le frère cadet de Bankman‑Fried, Gabe, s’est rendu à la Maison Blanche le 7 mars et le 13 mai. Son premier rendez‑vous était avec Nathaly Maurice, assistante spéciale du président et directrice des partenariats à la Maison Blanche. Sa deuxième visite a été effectuée avec M. Butash.

Gabe Bankman‑Fried occupait autrefois un poste au sein du Capitole. Par ailleurs, c’est le fondateur et directeur de Guarding Against Pandemics (GAP). Le but de cette organisation, selon son site Web est de « plaider en faveur d’investissement publics pour prévenir la prochaine pandémie ».

Sam Bankman‑Fried ne cache pas vouloir influencer les politiques publiques. Il se présente comme le grand défenseur de la réglementation des cryptomonnaies, notamment d’une législation qui codifierait des licences pour les cryptomonnaies. Le projet de loi, Digital Commodities Consumer Protection Act of 2022, a été proposé par la présidente de la Commission de l’agriculture du Sénat, Debbie Stabenow (Parti démocrate‑Michigan), en août. Un aspect central de cette législation, c’est qu’elle attribuerait le pouvoir de réglementation des cryptos à la Commodity Futures Trading Commission (CFTC). Bankman‑Fried a fait un don de 5800 dollars à la campagne de Mme Stabenow en février.

« Un Américain sur cinq a déjà utilisé ou négocié des actifs numériques, mais ces marchés ne présentent pas la transparence et la responsabilité qu’on attend d’un système financier. Trop souvent, cela met en danger l’argent durement gagné des Américains », a déclaré Mme Stabenow dans un communiqué. « C’est pourquoi nous comblons les lacunes réglementaires et exigeons que ces marchés fonctionnent selon des règles simples qui protègent les clients et assurent la sécurité de notre système financier. »

Ainsi, tout ce qui a pu se passer entre Bankman‑Fried, FTX, l’Ukraine et les démocrates laisse à réfléchir. Elon Musk lui‑même est intrigué par les derniers événements.

« FTX a‑t‑il été utilisé pour blanchir de l’argent pour le Parti démocrate ? », tweete un internaute.

Musk répond : « Une question qui mérite d’être posée. »

Alex Bornyakov, le vice‑ministre de la Transformation numérique de l’Ukraine, a pris la parole sur Twitter le 14 novembre pour nier ce « narratif ».

« Une fondation crypto de collecte de fonds @_AidForUkraine a utilisé @FTX_Official pour convertir les dons en crypto en fiat en mars », a‑t‑il tweeté. « Le gouvernement ukrainien n’a jamais investi de fonds dans FTX. Tout le narratif selon lequel l’Ukraine aurait investi dans FTX, qui a donné de l’argent aux démocrates, est un non‑sens, franchement. »

Corruption ou incompétence ?

Y a‑t‑il du vrai dans les hypothèses selon lesquelles l’Ukraine aurait acheminé de l’argent au président Biden par le biais de FTX ?

Selon un expert en cryptomonnaies souhaitant rester anonyme s’exprimant pour Epoch Times, de telles suggestions ne sont pas très crédibles. Bien que Bankman‑Fried ait été un donateur démocrate important, la chute de FTX est due à une mauvaise gestion, à une mauvaise prise de décision et à un manque d’expérience et de contrôle des entreprises. C’était une énorme société financière dirigée par des jeunes dans la vingtaine.

L’autre facteur est que les actifs de FTX reposaient essentiellement dans des cryptomonnaies volatiles, et que la valeur de beaucoup de ces tokens s’est effondrée en 2022. Le bilan de FTX, qui a été obtenu par le Financial Times, montre que ses actifs étaient constitués « cryptomonnaies mêmes » (des monnaies satiriques initialement créées pour plaisanter, à moins d’être des « monnaies d’escroquerie » conçues uniquement pour encaisser rapidement l’argent de quelqu’un) ou de tokens peu fiables, comme TRUMPLOSE, le token brésilien, Oxygen (OXY) et FTT (la monnaie de FTX).

Au cours des derniers mois, FTX a acquis des actifs en difficulté dans l’ensemble de la cryptosphère. En mai, Bankman‑Fried a révélé une participation de 7,6% dans Robinhood (une plateforme de trading en ligne), mais la valeur a chuté de plus de 5% depuis l’achat.

Cette année a été une année de turbulences pour un grand nombres d’entreprises de la cryptosphère, telles que la plateforme Coinbase, l’entreprise de prêt de cryptomonnaies Celsius, BlockFi et la plateforme d’échange de cryptomonnaies Three Arrows Capital, basée à Singapour, que Bankman‑Fried a renflouée avec une ligne de crédit de 750 millions de dollars.

« Nous sommes prêts à faire une assez mauvaise affaire ici, si c’est ce qu’il faut pour stabiliser les choses et protéger les clients », a‑t‑il alors déclaré en juin.

On craint de plus en plus que Gate.io et Crypto.com ne soient les deux prochains géants de l’écosystème des cryptomonnaies à connaître des difficultés financières.

Certains traders en cryptomonnaies ont appris que Crypto.com avait envoyé plus de 320.000 ETH [Ethereum, la deuxième cryptomonnaie après le bitcoin] équivalent à 400 millions de dollars à Gate.io le mois dernier. Mais le premier a déclaré qu’il s’agissait d’une erreur.

« Les transferts d’ETH ont été effectués il y a plus de trois semaines, le 21 octobre, sur le compte d’entreprise de Crypto.com figurant sur la liste blanche de Gate.io. Crypto.com a procédé au retrait des fonds vers ses portefeuilles froids [porte‑monnaie cryptos qui peuvent fonctionner hors ligne] au cours des jours suivants », a déclaré Crypto.com dans un communiqué. « La totalité de l’ETH a été retiré avec succès par Crypto.com et renvoyé dans notre stockage froid. L’équipe de Gate.io nous a aidés en augmentant nos limites de retrait quotidiennes avec eux. Les mouvements de fonds depuis les systèmes de surveillance de Crypto.com ne sont possibles qu’entre des adresses approuvées et sur liste blanche rattachées à nos portefeuilles froids, nos portefeuilles chauds et nos comptes d’entreprise dans des bourses d’échange tierces. Dans ce cas particulier, l’adresse sur la liste blanche appartenait à un de nos comptes d’entreprise et non à un de nos portefeuilles froids. Nous avons depuis renforcé nos processus et nos systèmes pour mieux gérer ces transferts internes. »

Le PDG de Crypto.com, Kris Marszalek, a également minimisé toute crainte de contagion à l’échelle du secteur, expliquant dans une session question‑réponse sur YouTube que « nous ne nous sommes jamais engagés en tant qu’entreprise dans des pratiques de prêt irresponsables, nous n’avons jamais pris de risques pour des tiers. »

La faillite de FTX a entraîné des pertes massives pour les régimes de retraite américains, les fonds souverains et les sociétés d’investissement.

Epoch Times a contacté FTX, mais la société n’a pas répondu aux demandes de commentaires.

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