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La Russie dénonce les sanctions américaines contre les géants du pétrole et met en garde contre une hausse des prix mondiaux

La décision américaine est présentée comme une réponse directe au refus supposé de Moscou de marquer une pause dans les combats en Ukraine.

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Le président russe Vladimir Poutine rencontre les médias après avoir assisté à une réunion de la Société géographique russe à Moscou, le 23 octobre 2025.

Photo: ALEXANDER SHCHERBAK/POOL/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Moscou a réagi avec fureur jeudi après l’annonce par les États-Unis de sanctions étendues visant ses deux plus grandes compagnies pétrolières, une mesure ciblant directement la source de revenus la plus vitale du Kremlin, que des dirigeants mondiaux estiment alimenter la guerre en Ukraine.
Le département du Trésor américain a annoncé mercredi des sanctions contre Rosneft et Lukoil, ainsi que contre près de trois douzaines de leurs filiales.
Il s’agit de la première grande mesure de rétorsion économique contre Moscou prise par le président Donald Trump depuis son retour à la Maison-Blanche pour un second mandat, alors qu’il cherche à pousser la Russie et l’Ukraine à suspendre les combats le long des lignes actuelles de front.

Poutine et ses alliés condamnent les sanctions

S’adressant aux journalistes au Kremlin, le président russe Vladimir Poutine a dénoncé des sanctions « hostiles », tout en affirmant qu’elles « n’auront pas d’impact significatif » sur l’économie russe.
« C’est une évidence et cela ne renforce pas les relations russo-américaines qui commençaient tout juste à se rétablir », a-t-il déclaré, a rapporté l’agence de presse d’État TASS. « Assurément, l’administration américaine nuit aux relations russo-américaines par de telles actions. »
« Les sanctions sont sérieuses par nature et auront certaines conséquences, mais elles n’auront pas d’impact majeur sur la santé de notre économie. »
Poutine a ensuite averti que la restriction des exportations énergétiques russes pousserait probablement les prix mondiaux de l’énergie à la hausse, en soulignant qu’à la différence de la Russie, les États-Unis consomment plus de pétrole qu’ils n’en vendent.
L’ancien président russe Dmitri Medvedev, fidèle allié de Poutine et aujourd’hui vice‑président du Conseil de sécurité de la Russie, s’est montré plus abrupt.
« Les États-Unis sont notre adversaire, et leur bavard ‘faiseur de paix’ a désormais pleinement emprunté la voie de la guerre contre la Russie », a écrit M. Medvedev sur sa chaîne Telegram, en visant Trump.
La porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a estimé que l’approche de Washington se retournerait contre lui.
« Si l’administration américaine actuelle décide de suivre l’exemple de ses prédécesseurs, qui ont tenté de faire pression sur la Russie ou de la contraindre à renoncer à ses intérêts nationaux via des sanctions illégitimes, l’issue sera exactement la même : un échec, tant sur le plan politique intérieur que pour la stabilité économique mondiale », a-t-elle déclaré, selon TASS.

Washington : « Il est temps d’arrêter de tuer »

En annonçant ces sanctions, le secrétaire au Trésor Scott Bessent a indiqué que les mesures répondaient directement au refus de Moscou de mettre fin à ce qu’il a qualifié de « guerre insensée » et qu’elles visaient à étouffer « la machine de guerre du Kremlin ».
« Il est temps d’arrêter de tuer et d’instaurer un cessez-le-feu immédiat », a déclaré M. Bessent dans un communiqué daté du 22 octobre.
Les sanctions gèlent tous les avoirs de Rosneft et de Lukoil aux États-Unis et interdisent aux entreprises et ressortissants américains de faire affaire avec elles. Elles s’étendent également à 28 filiales de Rosneft et six entités de Lukoil, et ouvrent la voie à des sanctions secondaires contre les sociétés étrangères menant des transactions avec ces entités inscrites sur liste noire.
Rosneft et Lukoil constituent l’ossature du secteur énergétique russe, représentant ensemble plus de la moitié des quelque cinq millions de barils par jour d’exportations de brut du pays. Rosneft, contrôlée par l’État et dirigée par Igor Setchine, proche allié de Poutine, produit environ 40 % de la production pétrolière totale de la Russie, tandis que Lukoil, entreprise privée, contribue à hauteur d’environ 15 %, selon les chiffres publiés sur les sites des deux groupes.

La rencontre de Budapest reste possible

Les sanctions ajoutent également à l’incertitude entourant un sommet de la paix envisagé entre Trump et Poutine à Budapest. Si les relations bilatérales se sont encore tendues, la Maison-Blanche maintient que la rencontre « n’est pas complètement écartée ».
« Le président Trump a toujours affirmé qu’il mettrait en œuvre des sanctions contre la Russie lorsqu’il jugerait cela approprié et nécessaire, et hier était ce jour-là », a déclaré jeudi la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, devant les journalistes. « Le président a aussi, de longue date, exprimé sa frustration à l’égard de Vladimir Poutine et, franchement, des deux parties de cette guerre. Il a toujours dit que, pour négocier un bon accord de paix, les deux parties doivent y avoir intérêt. »
« Une rencontre entre ces deux dirigeants n’est pas complètement exclue », a-t‑elle ajouté. « Le président et l’ensemble de l’administration espèrent qu’un jour cela pourra de nouveau se produire, mais nous voulons nous assurer qu’il y ait un résultat tangible et positif à l’issue de cette rencontre, et que ce soit un bon usage du temps du président. »