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Opinion

La valorisation des tyrans

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Le Premier ministre néo-zélandais Jacinda Ardern s'exprime lors de la 77e session de l'Assemblée générale des Nations unies (AGNU) au siège de l'ONU à New York, le 23 septembre 2022.

Photo: Michael M. Santiago/Getty Images

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Durée de lecture: 10 Min.

Il s’agit certainement de l’un des rebondissements les plus étranges enregistrés dans les récits officiels depuis peut-être des centaines d’années. Les méchants ont été baptisés « gentils » et les gentils ont été purgés, déplatformés, éliminés et diabolisés. C’est une tournure des événements qu’aucun d’entre nous n’aurait pu imaginer en 2020. Elle réclame une explication. J’ai vraiment peur de connaître la réponse à cette question.
Il suffit de penser au sort de l’ancienne Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern. Elle a confiné son pays, bafouant tous les droits de la population en invoquant la lutte contre la propagation d’un virus. Vous ne pouviez pas aller à l’église. Vous ne pouviez pas ne pas porter de masque. Vous ne pouviez pas quitter le pays et y revenir. Personne ne pouvait voyager sans autorisation officielle.
Si les États-Unis et l’Europe étaient dans une situation déplorable à cette époque, la Nouvelle-Zélande était pire encore, et cette situation était renforcée par le contrôle de la liberté d’expression. Quiconque protestait contre les politiques menées risquait tout. Et lorsque le vaccin est arrivé, Mme Ardern l’a affirmé sans détour : les personnes qui seront vaccinées auront des droits, mais celles qui ne le seront pas n’en auront pas. Il s’agissait d’un nouveau système de castes biomédicales.
Finalement, le pays s’est ouvert. Aujourd’hui, les orateurs qui dénoncent toute cette période rassemblent des milliers d’auditeurs et Mme Ardern reste très impopulaire. Son successeur, qui continue à défendre tout ce despotisme, vit dans l’ombre et souffre lui aussi d’une profonde impopularité. La situation s’est complètement inversée. Bien sûr, le virus est arrivé de toute façon, comme il se doit, et la junte qui a fait ça s’est tournée vers le changement climatique, la justification de la censure et l’escalade de la guerre entre la Russie et l’Ukraine.
Il y a cinq ans, nous aurions pu penser qu’un dirigeant agissant de la sorte vivrait dans la honte. C’est en tout cas ce que je pensais. J’ai présumé que Mme Ardern avait fait d’horribles erreurs de jugement et qu’elle serait largement décriée comme une despote confuse. Elle finirait ses jours dans le discrédit, c’est certain.
C’est le contraire qui s’est produit. Elle fait désormais l’objet de biographies élogieuses. Elle est encensée par les grands médias. L’année dernière, elle s’est adressée aux Nations unies dans un discours qui était un appel ouvert à un nouveau régime mondial de censure. Il est vrai que les vérificateurs de faits ne sont pas d’accord avec cette interprétation. Elle a simplement appelé à la « militarisation des sociétés et des plateformes de liberté d’expression par des agents de désinformation ».
Oh.
En tout cas, dans mon imagination, je n’aurais pas pu imaginer un spécimen de l’erreur et de la tyrannie plus digne d’être dévalorisé que Jacinda Ardern. Tout ce qu’elle a fait à l’époque du Covid va à l’encontre des valeurs que l’Occident porte depuis près de mille ans, depuis la Magna Carta.
Mais j’avais tort. Complètement. J’ai sous-estimé à quel point le monde est brisé. Au lieu d’être disgraciée, elle bénéficie non pas d’une, mais de deux bourses à l’université de Harvard, où elle jouit d’un prestige énorme et de l’adoration du corps enseignant, du personnel et des étudiants. Pour moi, cela ressemble à la Quatrième Dimension – une fin de l’histoire que je n’aurais pas pu imaginer. Sommes-nous censés être contre la ségrégation, l’assignation à résidence, les traitements médicaux forcés, les confinements nationaux et la censure ? Je pensais que nous serions au moins d’accord sur ce point. Apparemment, ce n’est pas le cas. Apparemment, c’est le contraire. Tout ce que je croyais être réprouvé est glorifié et toutes les vertus publiques que je croyais être célébrées sont maintenant dénoncées.
Il n’y a pas que Jacinda Ardern. L’ensemble de la junte, minuscule mais mondiale, qui a imposé toutes ces politiques semble bénéficier d’un renouveau glorieux auprès de l’ensemble de l’establishment, même si elle s’est trompée à 100% sur tout. Le successeur de Fauci est Fauci II, tout comme le successeur de Walensky au CDC (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies). Et les propagandistes des médias qui, pendant trois ans, ont menti au public à propos des confinements, des masques, des fermetures d’écoles et des injections, écrivent maintenant des livres qui traitent les gens comme moi de méchants !
Je n’arrive pas à imaginer qu’une telle chose se soit produite et je ne comprends pas pourquoi.
Autre exemple, la page d’opinion du New York Times a publié un article étonnant et très long de Yoel Roth, l’ancien censeur en chef de Twitter 1.0 avant d’être sommairement licencié par Elon Musk. Le Times l’a laissé raconter son histoire sur l’oppression et l’humiliation qu’il subie pour avoir simplement fait respecter la confiance et la sécurité. Il ne faisait que son travail pour mettre fin aux mensonges en ligne !
Les dossiers de Twitter ont révélé que l’entreprise obéissait aux priorités du gouvernement, bloquait et bridait les contenus qui contestaient les politiques du Covid, les questions relatives à l’intégrité des élections et l’efficacité des vaccins. Roth, en coopération avec des agences fédérales, s’est érigé en arbitre de la vérité et a sans doute déformé les flux d’informations selon ses préjugés personnels.
Comme pour Jacinda Ardern, j’aurais pu m’attendre à ce qu’il se retire de la vie publique et mette ses talents de communicateur au service d’une petite entreprise quelque part. Mais je me suis encore trompé. Il occupe au contraire un poste convoité à l’université de Pennsylvanie et à la Fondation Carnegie pour la paix internationale.
D’ailleurs, Anthony Fauci lui-même jouit d’une confortable sinécure à l’université de Georgetown.
Il ne s’agit pas seulement de la façon dont le monde universitaire haut de gamme est devenu un refuge pour la politique woke, la censure et une pensée extrêmement pro-étatique à tous les niveaux. Cette bataille semble avoir été gagnée par les méchants il y a peut-être vingt ans. Le problème est bien plus vaste. Il concerne l’ensemble de l’establishment universitaire, corporatif, politique et de l’État profond qui a été fortement impliqué dans le processus d’imposer un tournant despotique à l’ensemble de la planète.
Ils s’emploient actuellement à protéger les leurs, à se moquer du reste d’entre nous en décernant des prix et des distinctions aux pires contrevenants aux valeurs fondamentales de l’Occident. C’est comme si le monde avait été mis sens dessus dessous. Aussi sombres que soient les confinements qui ont commencé en mars 2020, et même si je m’attendais à de terribles retombées économiques et culturelles consécutives à cette période, je n’aurais jamais imaginé pour autant que les responsables des confinements et les mandataires auraient le vent en poupe après 42 mois d’existence.
Et dans le même temps, les purges contre ceux qui avaient raison depuis le début se poursuivent à un rythme effréné. Chaque jour, nous observons des attaques sournoises contre les plus grands défenseurs des libertés fondamentales qui, je le croyais, avaient fait l’objet d’un consensus en 2019. Chaque information personnelle peu flatteuse sur les résistants est de bonne guerre, amplifiée par les médias, puis réalisée sous forme de démonétisation par les Big Tech, les tribunaux et le circuit professionnel en général.
Les lignes de combat sont très claires et un seul camp défend les droits et les libertés pour lesquels l’humanité a travaillé pendant un millénaire. L’autre camp est celui des contrôles, des contraintes, des divisions, de la surveillance, de la censure, de la décroissance et des cartellisations des entreprises. Quelqu’un peut-il m’expliquer pourquoi nous sommes censés penser que les méchants sont désormais les gentils ? En bref, comment expliquer la valorisation des tyrans ?

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Jeffrey Tucker est le fondateur et le président de l'Institut Brownstone. Il est l'auteur de cinq livres, dont : "Right-Wing Collectivism : The Other Threat to Liberty." (Collectivisme de droite : l'autre menace pour la liberté).

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