Opinion
L’abattage des moineaux sous la Chine de Mao
En 1958, la Chine s’enfonce dans l’expérience communiste. Mao Zedong, maître absolu de l’économie, fait face à une nouvelle disette. Son « Grand bond en avant » devait prouver, par la seule volonté politique, la supériorité du communisme. Mais l'inverse arriva.

viswaprem anbarasapandian/Unsplash.com
Les experts du régime désignent quatre coupables : les rats, les mouches, les moustiques… et les moineaux, ceux-ci étant accusés de dévorer les récoltes et d’infester les silos. Ainsi naquit la campagne des « Quatre nuisibles».
Tuer les rats, mouches et moustiques, rien de nouveau. Mais s’en prendre aux moineaux ? L’idée était inédite — et cruelle. Ces oiseaux picoraient le grain ? Qu’à cela ne tienne, il fallait les empêcher de se poser : les forcer à battre des ailes jusqu’à l’épuisement et à mourir en plein vol.
Dans tout le pays, les habitants reçurent l’ordre de frapper sur des casseroles dès qu’un moineau apparaissait. C’était devenu un devoir patriotique. Le vacarme couvrait les campagnes et les villes : hommes, femmes, enfants, tous participaient. Des montagnes de cadavres d’oiseaux s’amoncelaient, bientôt brûlées dans les champs.
Une Chine sans chant d’oiseau
Des villages entiers s’y consacrèrent durant tout le printemps. Des enfants quittaient la classe pour brandir des gongs. Les toits résonnaient jour et nuit. On rêvait d’un « printemps silencieux » pour que les récoltes s’épanouissent en été et offrent la moisson la plus abondante de l’histoire chinoise.
Mais très vite, les mauvaises nouvelles remontèrent : sans les moineaux, les sauterelles proliféraient. Leur population, jadis tenue en échec par les oiseaux, explosait. Les champs étaient dévastés. Ce qu’on appelait un succès patriotique s’est transformé en catastrophe agricole.
La famine qui suivit fit des dizaines de millions de morts — jusqu’à 45 millions selon certaines estimations. Le massacre des moineaux, fruit d’un zèle aveugle, fut l’un des facteurs de ce désastre parfaitement évitable.
Au départ, les rapports alarmants ont été écartés : on parlait de désinformation, d’agitation contre-révolutionnaire. Mais quand les faits sont devenus indéniables, l’humiliation était immense. Mao, l’infaillible, s’était trompé.
En hâte, les autorités remplacèrent le moineau par la punaise de lit dans la liste des nuisibles. Trop tard. L’écosystème était détruit, et les esprits conditionnés à obéir sans comprendre.
La famine dura encore deux ans avant que la nature ne retrouve, peu à peu, son équilibre.
Cette histoire dépasse la seule Chine maoïste, car elle parle de l’arrogance de l’homme face à la nature, et du danger de croire qu’on peut tout contrôler.
D’une certaine façon, cette logique d’éradication rappelle l’époque du Covid. La fermeture les écoles pour « ralentir la propagation » a détruits des communautés entières ; la préférence les hôpitaux à traiter en priorité les patients infectés a retardé les diagnostics de cancer. On voulait sauver, on a rendu plus malade.
Comme dans la Chine de Mao, l’orgueil politique a retardé tout prise de conscience.
Le projet communiste repose sur une illusion : celle qu’on peut extirper le mal en supprimant la liberté. Karl Marx voulait abolir le capital pour en finir avec l’exploitation. C’est oublier que supprimer la plume ne sauve pas la littérature ; interdire la peinture ne fait pas naître la beauté.
La société, comme la nature, repose sur un équilibre fragile. La dérégler au nom d’une idée pure, c’est provoquer un enfer que seuls les idéologues peuvent imaginer.
Mao fut un dictateur d’une brutalité rare, obsédé par son rêve de transformation totale. Le drame, c’est que l’humanité ne tire jamais vraiment la leçon.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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