Des airs d’apocalypse

Par Jeffrey A. Tucker
22 décembre 2023 04:39 Mis à jour: 22 décembre 2023 04:55

Plus que jamais cette année, j’ai l’impression que Noël et la nouvelle année charrie un sentiment de malheur imminent indiscernable.

La vidéo de Noël de la Maison Blanche n’a pas vraiment aidé. Je suis comme tout le monde, j’aime bien les claquettes, mais il y a vraisemblablement quelque chose d’étrange, voire d’effrayant dans cette vidéo. Ce n’est pas seulement le fait qu’on y voit des hommes habillés en femme et qu’il y ait des costumes bizarres. Non, il y a quelque chose dans cette vidéo qui relève d film « Hunger Games », quelque chose de quasiment démoniaque.

Difficile de mettre le doigt dessus. Mais au lieu de nous faire revivre les traditions partagées de Noël, cette vidéo nous introduit dans un monde différent, celui de l’étrangeté, de la surexcitation du drogué, sans rien de la solennité et de la joie spirituelle associées à cette période sacrée de l’année.

En fait, c’est peut-être là que réside tout le problème de la vidéo. C’était sa légèreté superficielle et insultante : Regardez-nous, à Washington, nous éclater pendant que le monde part à vau-l’eau.

Cela m’a également rappelé l’immense gouffre qui sépare la vie de ces gens-là de la nôtre. Dans le monde réel, les gens sont remplis d’angoisse à l’idée qu’une nouvelle crise encore inconnue se profile à l’horizon. Nous en sommes conscients et cela nous fait peur. Nous savons aussi que la source d’une telle crise viendra de nos dirigeants.

Dans nos cercles personnels, les sujets sont récurrents, et les choix sont nombreux :

– Confinement pour cause de mauvais temps

– Confinement climatique

– Confinement pour cause de terrorisme

– Toutes les grandes villes seront submergées par les migrants

– Troubles de l’ordre provoqués par des migrants déchaînés, puis mise en place d’un confinement

– Démantèlement complet de l’internet

– Mise en place obligatoire de monnaies numériques centralisées par les banques

– Vérification obligatoire de toutes les publications sur les médias sociaux

– Installation obligatoire de systèmes permettant de désactiver les voitures à distance

– Annulation des élections et imposition de la loi martiale

– Hyperinflation suivie de magasins vides

– Immobilisation au sol de tous les avions, à l’exception des vols affrétés par le gouvernement

– Nouvelle panique causée par une fuite de laboratoire

– Guerre nucléaire.

N’y voyez pas des théories du complot infondées. Il ne s’agit pour le moment que de simples prédictions sur ce qui pourrait arriver, mais chacune d’entre elles s’appuie sur des situations existantes, et sur une présomption pessimiste quant à la manière dont les élites réagiraient.

Il est intéressant de voir que ce discours s’est généralisé. Il y a toujours eu des gens ayant une vision sombre de l’avenir : les prophètes de malheur de la finance, les adeptes de la prévoyance et du survivalisme, les religieux apocalyptiques qui croient que la seconde venue du Messie est imminente, etc. Certes, mais jamais n’avons-nous autant pensé à l’impensable qu’en ce moment, même si cela reste le plus souvent confiné à la sphère du privé, par crainte des étiquettes sans doute.

Et encore, il ne s’agit là que de prédictions à court terme pour l’année 2024. Sur le long terme, on a entendu des gens très intelligents évoquer le démantèlement complet des États-Unis, ou une situation de dépopulation catastrophique ou un État mondial de surveillance qui maintiendrait la planète en une sorte de confinement permanent, etc.

Ce que je n’entends pas souvent, par contre, ce sont les discours optimistes ou porteurs d’espoir. Même ceux qui pensent que telle ou telle personne devrait être élue président ne croient pas vraiment que cela apportera quelque solution que ce soit. Ils espèrent seulement utiliser le pouvoir de la présidence pour empêcher l’autre camp de les opprimer ou de les punir. Il n’est plus question de lendemains qui chantent en Occident. Tout ce langage est derrière nous : l’héritage d’une époque bien meilleure.

Depuis près de quatre ans, il me semble évident que quelque chose s’est fondamentalement brisé dans le monde civilisé. L’État a fait des expériences avec la population d’une manière qui était totalement impensable, disons, il y a dix ans.

Pensez-y. Auriez-vous jamais imaginé que le gouvernement utiliserait tous ses pouvoirs pour fermer vos églises, vos écoles et vos entreprises ? Pour vous empêcher de voyager dans des pays étrangers ? Pour vous forcer à porter un masque et utiliser ensuite tous les mécanismes possibles pour vous injecter une technologie expérimentale de modification génétique qui n’a pas été testée et qui ne fonctionne pas ?

Ce fut la grande rupture. Elle a ébranlé notre sentiment de stabilité dans la vie et notre certitude que nos routines étaient acquises. Aller au travail, déposer les enfants, rendre visite à la grand-mère, assister au mariage ou à l’enterrement d’un ami – tout cela a été bouleversé. Nous avons tous été contraints de nous adapter. Ils nous promettaient que la douleur cesserait si nous acceptions de nous plier à leurs exigences. Nous avons obtempéré, mais la douleur n’a fait que s’aggraver.

Ces jours-là sont derrière nous désormais, mais pas l’énorme carnage psychologique qu’ils ont laissé. Les gens ont perdu confiance dans le système. Les experts, pendant tout ce temps-là, n’ont fait que mentir. Les administrations n’ont fait qu’inventer toute sorte de règles. Les scientifiques nous jetaient de la poudre aux yeux. Un nombre gigantesque de groupes d’intérêt et de lobbyistes ont manifestement profité du chaos du moment pour s’enrichir. Quant aux médias, ils n’ont jamais dit la vérité.

Personne n’a eu à rendre de comptes, et personne ne sera inquiété.

Nous voyons tout cela aujourd’hui. Le cynisme et le pessimisme se sont installés et la méfiance est partout. Lorsque j’étais jeune, peut-être me serais-je réjoui d’une époque où le public aurait perdu toute confiance en ses dirigeants, mais maintenant que je suis plus âgé et que j’ai vu ce qui s’est passé, j’ai une autre opinion.

La plus grande de toutes ces inquiétudes qui m’habitent, c’est que cette perte de confiance ne concerne pas seulement le gouvernement, les médias, la technologie, les universitaires ou la science. Elle touche également à la notion de liberté. Je n’arrive pas à me l’expliquer, mais d’une manière ou d’une autre, il semble que cette notion ait elle aussi disparu. C’est le cas à gauche, bien sûr, mais aussi à droite. Les personnalités publiques qui plaident pour le retour pur et simple de la liberté semblent ne plus être entendues du tout.

Nous n’avons même plus confiance dans le passé et il y a dans l’air une crainte omniprésente de ce que l’avenir nous réserve. Pire encore, nous avons de plus en plus l’impression qu’il n’y a rien que nous puissions faire. Bien sûr, nous pouvons voter, mais il n’est plus certain que cela ait de l’importance. Par ailleurs, il existe peu de mécanismes, voire aucun, permettant de prendre les choses en main et de redresser ce navire que l’on appelait autrefois civilisation.

À bien des égards, pour ma génération en particulier, nous ne savions pas à quel point nous étions bien lotis pendant ces quelques années précieuses qui se sont écoulées entre les derniers jours de la guerre froide et le début du XXIe siècle. Je pense que je parle au nom de toute une génération lorsque je dis que ce que nous avons connu par le passé n’aurait jamais dû cesser d’exister. C’est ce qui rend le moment actuel encore plus poignant. Il n’aurait jamais dû en être ainsi.

En ce sens, ma génération trouve une analogie avec ceux qui ont atteint l’âge adulte à la fin du 19e siècle, entourés de richesses, de technologies fabuleuses, des nouveaux fruits de la paix et de la prospérité. Cette période de douceur a été complètement brisée par la Grande Guerre, qui a rappelé que ce monde sera toujours la « vallée de larmes » dont parlent les vieilles prières.

Je me suis trop étendu sur cette nuit obscure que traverse nos âmes et qui, soit dit en passant, fait écho au poème méditatif écrit par saint Jean de la Croix, sur la relation entre Dieu et l’homme. Le point essentiel, si j’ose le résumer, est le suivant. L’obscurité est l’occasion d’apprendre, de découvrir, de trouver notre chemin et d’émerger de l’autre côté avec plus de force, de conviction et de conscience dans notre quête de sens.

Puisse-t-il en être de même pour nous, en tant qu’individus et en tant que nation.

Pourquoi Noël devrait-il être une période de joie ? Cela dépend de ce que nous entendons par ce mot. Marie et Joseph ont été contraints d’aller à Bethléem à la suite d’un édit des collecteurs d’impôts. Après la naissance de l’enfant, le royaume a été englouti par un édit meurtrier qui, s’il avait été respecté, aurait tué l’enfant. Il en résulta d’immenses souffrances dans ce monde, qui aboutirent à la mort du sauveur, mais aussi à la promesse de la vie éternelle.

Bien sûr, célébrons la paix et la prospérité, mais que se passe-t-il lorsque celles-ci ne font pas partie de notre quotidien ? Pourquoi, alors, Noël devrait-il être joyeux ? Les danseurs de claquettes, les cannes de Noël en sucre et les légendes de rennes et de cheminées, tout cela est très charmant. Mais ce n’est pas là que réside le vrai bonheur de cette fête. C’est la promesse d’un véritable salut spirituel comme force motrice, et non pas la décadence du matérialisme. C’est la foi en ce qui n’a pas encore été vu et n’a pas encore été atteint.

Tout cela pour dire que le désespoir ne mène à rien, alors que l’espoir nous motive à trouver et à donner un véritable sens à notre vie. En dépit de tout ce que nos dirigeants nous imposent aujourd’hui, nous pouvons toujours trouver la joie dans la vérité, même dans les moments plus difficiles les uns que les autres.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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