L’aristocratie du Parti se range derrière Xi Jinping

23 juin 2015 20:30 Mis à jour: 26 octobre 2015 18:19

 

Analyse des informations

Au cours de ces deux dernières décennies, les « princes héritiers » — les descendants des hauts responsables du Parti communiste chinois — ont gardé le silence sur les affaires politiques courantes. À quelques exceptions près.

Au cours de ces 18 derniers mois, des membres de la « noblesse rouge » se sont prononcés publiquement en faveur d’un sujet en particulier : la campagne anti-corruption menée par Xi Jinping.

Lors d’une réunion des enfants de la révolution en février 2014, Hu Muying, la fille du propagandiste du Parti Hu Qiaomu, a fait l’éloge de Xi Jinping pour avoir « agi en substance » pour éliminer « les tigres et les mouches » — une expression officielle pour désigner les responsables corrompus — et les « tendances malignes qui se répandent » dans le Parti. À l’occasion du Nouvel An lunaire, Hu Muying a de nouveau félicité les efforts de la lutte anti-corruption.

Plusieurs jours après que l’ancien général Xu Caihou a été démis de ses fonctions en juin de l’an dernier, Dai Qing, la fille de l’ancien maréchal Ye Jianying, a annoncé à Voice Of America (VOA) que Xu Caihou était toujours en mesure de vendre des postes dans l’armée parce que l’ancien dirigeant Jiang Zemin avait continué de tirer les ficelles au cours du mandat de son successeur Hu Jintao.

Et Chen Weili, la fille de Chen Yun, un doyen influent du Parti qui a soutenu Jiang Zemin dans sa succession de l’ancien dirigeant du régime Deng Xiaoping, a dit en juin que tout le monde devait « absolument soutenir l’actuelle campagne de lutte contre la corruption » et que le pouvoir des membres corrompus du Parti « devait être examiné ».

En soutenant la campagne de purification de l’appareil politique menée par Xi Jinping, les princes héritiers visent en réalité l’homme caché derrière le réseau d’influence en cours d’effondrement – Jiang Zemin.

Si Jiang Zemin est arrivé au pouvoir avec le soutien des doyens du Parti, pourquoi et comment s’est-il brouillé avec leurs enfants ?

Un projet de succession

Dans les années 1980, le régime de Deng Xiaoping avait décrété que Jiang Zemin, Hu Jintao et la génération des membres du Parti qui ne descendaient pas de la génération révolutionnaire seraient les gardiens du Parti, cette Noblesse rouge étant relativement jeune : Bo Xilai, Xi Jinping et Liu Yuan avaient tous moins de 40 ans et manquaient d’expérience.

Les princes héritiers ont toujours eu le sentiment que les clefs du régime se trouvaient dans le droit de naissance dynastique à travers la « succession royale ». Jiang Zemin a même promis à Deng Xiaoping que sa génération de « privilégiés civils » pourrait ramener le pouvoir politique dans les mains des princes héritiers le moment venu.

Mais Jiang Zemin n’a jamais cédé le pouvoir, probablement par peur d’être marginalisé si son sombre passé était révélé. Jiang Zemin revendique sa descendance révolutionnaire, étant le fils adoptif de son oncle, martyr du Parti, Jiang Shangqing, même si son père biologique, Jiang Shijun, ait en fait travaillé pour les Japonais durant leur occupation en Chine.

De ce fait, Jiang a placé ses proches « privilégiés » – les responsables récemment déchus Zhou Yongkang, Xu Caihou, Ling Jihua et Su Rong – à des postes clé, tout en empêchant les princes héritiers de s’élever davantage.

Répression des opposants

Jiang a activement empêché d’innombrables princes héritiers de devenir trop puissants.

Par exemple, Chen Zhijian, fils de l’ancien dirigeant militaire Chen Geng, a été harcelé par les sbires de Jiang Zemin au sein de l’armée.

Chen Zhijian a ainsi dû payer sa promotion au poste de commandant et prendre sa retraite avec le grade de lieutenant-général – des actes perçus comme des insultes par la Noblesse rouge.

Gao Xin, un auteur spécialisé en politique chinoise, a observé que plusieurs princes héritiers compétents dans la bureaucratie du régime se retrouvaient souvent dans des situations « gênantes » et que Jiang Zemin les oubliait souvent lors des promotions.

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Offenser Jiang Zemin pouvait aussi coûter la vie aux princes héritiers.

Le cas de Ji Pengfei, un ancien diplomate et directeur des renseignements au département des Affaires étrangères, et de son fils Ji Shengde, ancien membre des renseignements de l’Armée populaire de libération, en est un exemple typique.

Ji Shengde se serait moqué de Jiang Zemin pour ne pas avoir tiré un seul coup de feu alors qu’il dirigeait la Commission centrale militaire, l’organe du Parti supervisant l’armée.

Jiang Zemin a gardé rancune envers le jeune Ji Shengde et s’est plus tard vengé en l’impliquant dans un scandale très médiatisé de contrebande en 1999, ce qui lui a valu d’être condamné à mort.

Ji Pengfei a écrit quatre fois à Jiang Zemin pour demander sa clémence, mais a été rejeté. Par désespoir, Ji Pengfei se serait suicidé en février 2000 en prenant trop de somnifères. La peine de mort du jeune Ji Shengde a ensuite été transmuée en 20 ans de prison.

Cooptation

Jiang Zemin n’a pas supprimé tous les princes héritiers ; les quelques rares nobles du Parti qui faisaient preuve de totale obéissance étaient récompensés en étant nommés à des postes élevés.

Avant d’être démis de ses fonctions en 2013, Bo Xilai, ancien dirigeant en poste à Chongqing et du dirigeant révolutionnaire Bo Yibo, avait connu une ascension fulgurante et avait même été sérieusement considéré et soutenu par Jiang Zemin pour lui succéder au sommet du Parti.

Bo Yibo s’était allié avec Jiang Zemin pour l’aider à chasser ses rivaux politiques jusqu’à sa retraite. Bo Xilai a gagné la protection de Jiang Zemin en soutenant loyalement le principal projet politique de Jiang Zemin : la persécution du groupe spirituel du Falun Gong.

Selon Jiang Weiping, ancien journaliste de Wen Wei Po, média hongkongais pro-Pékin, alors qu’il était maire de la ville de Dalian, dans la province du Liaoning, Bo Xilai a ordonné aux forces de sécurité locales de traiter cruellement les pratiquants de Falun Gong. Jiang Weiping a passé quelque temps avec le chauffeur de Bo Xiali, qui a raconté avoir entendu à de nombreuses reprises Jiang Zemin dire à Bo Xilai : « Tu dois prendre une position ferme envers le Falun Gong afin de t’assurer le capital politique nécessaire pour être promu. »

L’étau se resserre

Li Weidong, ancien directeur du journal China Reform, a écrit en première page du magazine politique hongkongais Front Line : « La situation politique actuelle résulte des machinations de Jiang Zemin en 1989. C’est la faction de Jiang Zemin qui est à blâmer pour le copinage capitaliste, la polarisation du Parti et l’agitation dans la société. Ils ont conduits l’empire rouge au bord de l’effondrement. »

La noblesse rouge, a ajouté Li Weidong, a le dos au mur et espère régler ses comptes avec Jiang Zemin. Selon les récentes déclarations de certains de ces princes héritiers, le consensus semble clair : se rallier derrière Xi Jinping.

 

Version originale : China’s Communist Party Aristocracy Lines Up Behind Xi Jinping

 

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