L’armée chinoise est-elle plus faible que nous le pensions ?

Par Anders Corr
16 janvier 2024 20:29 Mis à jour: 16 janvier 2024 20:29

Certains missiles chinois sont remplis d’eau plutôt que de propergol, et les portes d’un grand nombre de silos chinois à capacité nucléaire ne fonctionnent pas, selon les services de renseignement américains cités dans un rapport de Bloomberg du 7 janvier.

L’information provient de fonctionnaires américains anonymes, qui affirment que le fait que Xi Jinping ait découvert que les systèmes de défense étaient défectueux a conduit à ses récentes purges de fonctionnaires militaires et retarderait son projet de prise de contrôle militaire de Taïwan.

« La corruption au sein de la Rocket Force chinoise, the People’s Liberation Army Rocket Force (PLARF), et dans l’ensemble de la base industrielle de défense du pays est si importante que les responsables américains pensent désormais que la probabilité pour que Xi envisage une action militaire majeure dans les années à venir s’en trouve diminuée, selon ces personnes – qui ont demandé à ne pas être nommées – dans des commentaires sur le renseignement américain », selon Bloomberg.

« Les évaluations américaines ont cité plusieurs exemples illustrant l’impact de la corruption, notamment des missiles remplis d’eau et non de carburant, et de vastes champs de silos de missiles installés dans l’ouest de la Chine, dont les couvercles ne fonctionnent pas de façon à permettre un lancement efficace des missiles, a déclaré l’une des personnes interrogées. »

Selon Bloomberg, les sources connaissent bien les évaluations américaines en la matière. « Les États-Unis estiment que la corruption au sein de l’Armée populaire de libération (APL) a entraîné une érosion de la confiance dans ses capacités globales, en particulier dans celles de la Rocket Force, et a également fait reculer certaines des principales priorités de modernisation de Xi. »

Bien que la majeure partie de la corruption concerne la Rocket Force de l’APL, les purges s’étendent plus loin, notamment aux dirigeants de la marine et de l’armée de l’air, dont plus d’une douzaine ont été limogés au cours des six derniers mois. Selon le Wall Street Journal, « parmi les personnes démises de leurs fonctions figurent deux généraux qui commandaient auparavant la division des missiles stratégiques, un ancien chef de l’armée de l’air, et un amiral qui dirigeait les forces navales opérant en mer de Chine méridionale – un point chaud de la géopolitique où la Chine affronte de plus en plus les États-Unis et d’autres pays ».

Il est peu probable que le dysfonctionnement des missiles nucléaires chinois soit le fruit d’une désinformation chinoise, car l’objectif de l’arsenal nucléaire de ce pays est la dissuasion et la coercition, qui requièrent toutes deux la perception d’une efficacité fonctionnelle par ses adversaires. Cependant, il n’est pas exclu qu’il s’agisse d’une désinformation orchestrée par un autre pays.

Mais si ces informations sont vraies, et en fonction de la gravité de la corruption, elles pourraient avoir des conséquences majeures sur notre compréhension quant à la viabilité de l’armée chinoise. De nombreux indicateurs montrent que plus le Parti communiste chinois (PCC) est impliqué, moins les décisions économiques, diplomatiques et militaires sont efficaces. Il en va de même pour la quasi-totalité des pays communistes, passés et présents.

Une corruption généralisée et débilitante au sein de l’armée chinoise soulagerait l’armée américaine d’une partie de la pression qu’elle subit, ce qui lui permettrait de réaffecter ses ressources aux conflits chauds en cours avec la Russie et l’Iran. Nous voulons croire que l’APL est plus faible que nous le pensions. Mais c’est pourquoi nous devons être particulièrement prudents face aux dernières révélations, qui sont humiliantes pour Xi, tant sur le plan intérieur qu’international. Avant même que le problème ne soit réglé, il pourrait réagir en tentant de prouver la puissance de l’APL par d’autres moyens, et ce plus tôt que prévu.

Les forces de l’APL ne doivent pas être sous-estimées. L’armée de l’air chinoise (PLAAF – People’s Liberation Army Air Force) a effectué plus de 1700 vols pour intimider Taïwan en 2023, avec des chasseurs, des bombardiers et de fréquentes incursions au-dessus de la ligne médiane, autrefois inviolée. Certains vols de la PLAAF ont fait le tour complet de l’île. Ces vols sont destinés en partie à influencer l’électorat pour qu’il vote pour des candidats favorables à la Chine.

Le 5 janvier, la marine de l’APL (PLAN – People’s Liberation Army Navy) a intensifié ses « exercices » navals en mer de Chine méridionale, après notamment ses activités d’espionnage d’exercices conjoints passés menés par les États-Unis et les Philippines dans la zone économique exclusive de ce pays. La PLAN est aujourd’hui la plus grande flotte du monde en nombre de navires. Elle a utilisé ses vastes ressources économiques pour construire non seulement une flotte, mais aussi une garde côtière de classe mondiale, une « milice maritime » et des îles artificielles en mer de Chine méridionale, sous commandement conjoint, pour menacer efficacement les autres marines, les gardes-côtes, l’exploitation de l’énergie sous-marine et la pêche artisanale.

La PLAN harcèle régulièrement la marine américaine en surveillant ses navires et ses avions de reconnaissance à des distances dangereusement proches. Le Vietnam et les Philippines en ont fait les frais, avec notamment des lasers de qualité militaire, des canons à eau et des actes par éperonnage qui ont entraîné le naufrage de bateaux de pêche.

Les questions essentielles sont les suivantes : jusqu’où la corruption et les dysfonctionnements qui en résultent au sein de l’APL s’étendent-ils réellement, combien de temps dureront-ils, et dans quelle mesure ont-ils réellement compromis l’état de préparation des forces militaires chinoises ? L’armée américaine peut-elle se fier suffisamment aux renseignements et au limogeage de plus d’une douzaine de chefs militaires de différents services pour conclure que l’armée chinoise non seulement ne peut pas prendre Taïwan dans un avenir proche, mais qu’elle sait qu’elle ne peut pas prendre Taïwan ? Le deuxième élément est essentiel, car même un dictateur militairement faible peut lancer une guerre dévastatrice s’il ne reconnaît pas sa faiblesse. L’ancien dirigeant irakien Saddam Hussein en est un exemple récent.

Lorsqu’il s’agit de dictateurs comme Xi, les lignes directrices éprouvées restent valables. S’attendre à l’inattendu, ne pas céder un pouce et ne jamais baisser la garde.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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