États-Unis: un procès décisif doit fixer si la chirurgie de réattribution sexuelle sera autorisée pour les enfants

39 États débattent sur l'interdiction des traitements de réattribution sexuelle dans l'Arkansas

Par Janice Hisle
14 octobre 2022 21:46 Mis à jour: 14 octobre 2022 21:46

Dans le débat touchant au fait que les enfants puissent avoir accès aux médicaments et opérations chirurgicales de réattribution sexuelles, les deux camps s’écrient : « Nous devons aider ces enfants en détresse ! »

Vouloir « aider les enfants » sur cette question, c’est comme essayer de voir clair dans une tempête de sable.

Les arguments sur les normes médicales, les questions morales, les ressources financières déferlent au sein des institutions, des palais de justice, des écoles, des églises, des hôpitaux et des familles. Les faits autour desquels tout le monde s’accordent sont rares, diversement interprétés entre le flot des émotions et la terminologie changeante et politisée.

Dans le même temps, la marée montante de mineurs souffrant de dysphorie de genre exige une attention urgente.

Dans ce contexte, l’État de l’Arkansas, où a été adoptée, aux États‑Unis, la première interdiction des procédures de réattribution sexuelles pour les enfants de moins de 18 ans, verra si sa loi est en mesure de se maintenir devant les tribunaux.

La constitutionnalité de la loi de l’Arkansas sera jugée à Little Rock à partir du 17 octobre, moins de trois semaines après l’entrée en vigueur d’une autre loi, très différente, qui fait de la Californie le premier « État sanctuaire » où les mineurs de moins de 18 ans peuvent se rendre pour recevoir des traitements médicaux de réattribution sexuelle.

La loi californienne fera probablement l’objet d’une contestation judiciaire, dans un contexte où tout un ensemble de lois contradictoires sur la question inondent le pays.

Pour l’instant, les projecteurs sont braqués sur la loi « SAFE » (acronyme de Save Adolescents from Experimentation) de l’Arkansas ou chacun déploie tous ses efforts pour la soutenir ou l’abolir.

Alors que le procès se profile, la loi SAFE compte dans son camps 19 États, principalement républicains, ainsi qu’une vingtaine d’autres groupes, des personnes transgenres et des médecins.

L’American Civil Liberties Union, ACLU, le groupe de défense des libertés américaines qui a intenté le procès pour faire annuler la loi, compte dans son camps 20 États, majoritairement démocrates, ainsi que des dizaines de familles ayant des enfants transgenres et plusieurs dizaines de sociétés médicales et de groupes d’activistes qui promeuvent les droits de l’homme et les droits des LGBT aux États‑Unis et dans le monde.

Ce qu’adviendra de la loi influencera grandement la réponse des États‑Unis à un petit, mais grandissant, nombre de familles et d’enfants bouleversés par la dysphorie de genre.

Chloe Cole, une jeune femme de 18 ans qui regrette l’ablation de sa poitrine, montre un médicament à base de testostérone administré aux patients transgenres, en Californie du Nord, le 26 août 2022. (John Fredricks/Epoch Times)

Aucun terrain d’entente

Ce débat complexe polarise deux groupes antagonistes, chacun ayant ses slogans accrocheurs.

Le premier groupe est en faveur des traitements bloqueurs de puberté, de l’hormonosubstitution et des chirurgies de réattribution sexuelle, soutenant qu’il s’agit là de « soins médicalement nécessaires, permettant de sauver des vies et d’affirmer le genre ». Ces formulations apparaissent à plusieurs reprises dans les dossiers judiciaires opposés à la loi de l’Arkansas.

Dans l’autre camp, les partisans de la loi SAFE et d’autres législations similaires dénoncent la « médicalisation, la manipulation et la mutilation » d’enfants vulnérables. Selon eux, il s’agit davantage d’un effet de manipulation des masses visant à rendre rentable l’industrie émergente du changement de genre, qui représente des milliards de dollars.

Les plus grands groupes médicaux des États‑Unis sont en faveur de l’approche dite « d’affirmation du genre » et ont soutenu l’action en justice de l’ACLU. Selon l’ACLU, un « consensus médical bien établi » oriente le programme de traitement de la dysphorie de genre sans qu’une intervention médicale soit toujours nécessaire.

Toutefois, selon les détracteurs, l’establishment médical a fait taire les professionnels de la santé inquiets par les modifications apportées aux corps des enfants et des adolescents en pleine croissance. Selon eux, toutes les avancées médicales dans le domaine de la réattribution sexuelle sont récentes et l’application des procédures par voix de médicament ou de chirurgie est précipitée. Les effets à long terme demeurent inconnus. Par ailleurs, ils ajoutent que bien des études prouvent que la grande majorité des jeunes s’identifiant comme transgenres, changent d’idée et reviennent au genre qui correspond à leur sexe de naissance.

La représentante Robin Lundstrum, qui a proposé la loi SAFE, déclare : « Dans de nombreux cas, par le passé, la médecine a dit : ‘C’est la bonne chose à faire.’ Mais ils ont eu tort, et le bon sens et la science l’ont emporté. »

La représentante républicaine de l’Arkansas Robin Lundstrum lors d’une session législative le 15 février 2022. Mme Lundstrum  a parrainé la première loi des États-Unis interdisant les procédures médicales de changement de sexe pour les mineurs. (Avec l’aimable autorisation de Robin Lundstrum)

Politique

Tout indique que le nombre d’enfants et d’adolescents s’identifiant dans le genre opposé à leur genre biologique est en forte hausse. C’est sans doute le résultat d’un effet de contagion sociale, de l’influence de leur entourage et des sites Web qui encensent la transition.

Selon un reportage de Reuters du mois d’octobre, 42.000 enfants et adolescents américains ont été diagnostiqués avec une dysphorie de genre en 2021, un nombre qui a presque triplé depuis 2017.

Le Gender Mapping Project, qui se présente comme « une ressource éducative pour toute personne ayant été affectée par l’industrie du genre », affirme qu’une poignée de cliniques de genre pour enfants existaient en Amérique du Nord il y a dix ans.

Ce nombre dépasse aujourd’hui les 400, comme le confirme une armée de bénévoles qui travaillent discrètement pour rassembler des preuves sur les activités de ces cliniques.

Selon les défenseurs de la cause transgenre, l’accessibilité aux « soins d’affirmation du genre » peut prévenir les suicides et les tentatives de suicide, dont les taux sont alarmants chez les jeunes dysphoriques.

Une adolescente en détresse photographiée à Arlington, en Virginie, le 11 juin 2021. (Olivier Douliery/AFP via Getty Images)

En Arkansas, une demi‑dizaine d’adolescents transgenres ont tenté de se suicider dans les semaines qui ont suivi l’adoption de la loi SAFE, selon la déclaration de l’ACLU dans un document judiciaire, laissant entendre que l’interdiction imminente pourrait avoir poussé ces adolescents à bout.

Mme Lundstrum rétorque : « Si des enfants veulent se suicider, il y a de sérieux problèmes sous‑jacents qui doivent être abordés. » Toute personne suicidaire doit se rendre aux urgences et consulter un psychologue, et non dans une salle de chirurgie plastique ou dans le cabinet d’un endocrinologue, soutient‑elle.

Elle cite le manque d’études rigoureuses et effectuées sur de longues périodes pour démontrer que les interventions médicales réduisent le taux de suicide chez les jeunes transgenres. Selon elle, des preuves convaincantes existent du fait que les chirurgies de changement de sexe ont des effets aggravants chez les adultes. Une étude suédoise menée sur une période de 30 ans, a montré que les adultes ayant changé de genre se sont suicidés à un taux 19 fois supérieur à celui du groupe témoin.

Mme Lundstrum, républicaine, déplore que les camps antagonistes dans cette controverse se soient divisés selon les camps politiques. Elle note que peu de démocrates en Arkansas – ou ailleurs aux États‑Unis – ont pris la parole.

Lorsque Mme Lundstrum a appris qu’un parlementaire démocrate était prêt à s’opposer aux traitements de changement de genre pour les mineurs en Géorgie, elle a contacté son bureau pour lui offrir un soutien moral. Toutefois, un membre du personnel lui a dit que des représailles lui pendait au nez, l’obligeant à se retirer.

Selon Mme Lundstrum, les dirigeants doivent mettre de côté les programmes politiques et aller au fond des choses : quels facteurs amènent les enfants à penser qu’ils doivent changer radicalement leur corps ?

« Nous devrions nous serrer les coudes au‑delà des clivages politiques et dire à ces enfants qu’ils sont extraordinaires tels qu’ils sont », explique‑t‑elle. Si non, je pense que, dans 10 ans ou avant, lorsque les données scientifiques seront connues, en regardant en arrière, les gens diront : « Je ne peux pas croire que nous ayons fait ça. »

Un allié improbable

Après avoir pris connaissance de la loi SAFE et de celle qui l’avait promu, une baptiste du Sud d’un État républicain, certaines personnes ont cru que Mme Lundstrum avait sûrement un point de vue étroit, anti‑transgenre ou « transphobe ».

Toutefois, selon Scott Newgent, une femme biologique qui a subi une chirurgie de transition pour ressembler à un homme, ces étiquettes, à l’encontre de Robin Lundstrum et de sa loi, sont inexactes et ridicules. Scott Newgent considère Robin Lundstrum comme une amie.

Scott Newgent, 49 ans, du Texas, s’oppose aux chirurgie et aux médicaments de  réattribution sexuelle pour les jeunes. Il déclare regretter sa propre transition. Photo non datée fournie en 2022. (Avec l’aimable autorisation de Scott Newgent)

Scott Newgent, 49 ans, vit actuellement au Texas. Il a fait une chirurgie de masculinisation à 42 ans. Depuis, il a subi huit interventions chirurgicales, enduré des complications répétées et déboursé 1,2 million de dollars en frais médicaux. Les frais médicaux continueront jusqu’à la fin de sa vie.

Les médecins ont balayé du revers de main les questions de M. Newgent au sujet des risques associés aux procédures de réattribution sexuelle. Selon lui, de nombreux défenseurs de l’ « affirmation du genre » font de même, aveuglant les enfants dysphoriques et leurs parents sur les dangers de la « solution miracle » proposée.

Selon M. Newgent, le mouvement en faveur des droits des transgenres n’est pas motivé par l’amour et la tolérance, comme la société est amenée à le croire. Il s’agit bien davantage de faire de l’argent. « Chaque enfant dit ‘transgenre’ représente 1,3 million de dollars » pour les industries médicales et pharmaceutiques, déclare M. Newgent.

Parent de trois enfants, M. Newgent s’oppose avec véhémence aux « transitions médicales » pour les mineurs. Le parcours transgenre de M. Newgent et ses plaidoyers passionnés visant à protéger les enfants ont attiré l’attention du monde entier.

Un sceptique surpris

Lorsqu’il a entendu parler du projet de loi de Robin Lundstrum, Scott Newgent était d’accord avec cette intention déclarée, mais demeurait sceptique.

De nombreuses personnes proches dans la sphère politique de Mme Lundstrum sont conservatrices et hétérosexuelles. Donc M. Newgent pensait que Mme Lundstrum était probablement ignorante des questions épineuses entourant la transition de genre du point de vue médical, et qu’il lui serait impossible de produire un texte de loi bien ficelé pour en restreindre les procédures.

M. Newgent était également sceptique quant aux motivations de Mme Lundstrum. Utilisait‑elle ce sujet brûlant pour faire avancer sa carrière politique ?

Après avoir enquêté, M. Newgent a été agréablement surpris par le projet de loi et par son auteure.

Il a constaté que la loi SAFE était formulée avec précision, qu’elle était étayée par des recherches et qu’elle serait potentiellement très efficace. « Je dis ‘bravo’. Quelques ajustements et cela pourrait être un HALTE à l’échelle nationale pour les enfants en transition médicale », a écrit Scott Newgent sur son blog en mai 2021.

M. Newgent a félicité Robin Lundstrum pour avoir cité « la nature expérimentale » de l’utilisation des bloqueurs de puberté et de l’hormonosubstitution réalisé sur les enfants. La loi SAFE énumère également les « risques graves connus » de l’utilisation légale mais non indiquée de ces médicaments, notamment les caillots sanguins, l’ostéoporose, les maladies des principaux organes et l’infertilité irréversible.

Scott Newgent a contacté Mme Lundstrum pour s’excuser de l’avoir injustement jugée.

Au téléphone, les deux se sont liées d’amitié. Ils communiquaient souvent, mais ne s’étaient pas encore rencontrés en personne. Bien que venant d’horizons très différents, Scott Newgent et Robin Lundstrum ont trouvé un terrain d’entente.

« Imaginez que moi, Scott Newgent, un transsexuel en pleine transition, je dise les mots de Robin Lundstrum : ‘Ces enfants sont précieux. Certains d’entre eux choisiront peut‑être d’être transgenres quand ils seront plus grands. C’est normal. (…) Mais lorsqu’ils ont moins de 18 ans, ils doivent d’abord grandir. C’est une décision importante. Il n’y a pas de retour en arrière possible’ », écrit M. Newgent.

« En fait », écrit‑il, « j’ai presque dit exactement ces mots, plusieurs fois maintenant ».

Robin Lundstrum, députée de l’Arkansas, porte un T-shirt soutenant TreVoices.org, que Scott Newgent, un homme transgenre, dirige pour défendre les jeunes tourmentés par l’identité de genre et l’orientation sexuelle. (Avec l’aimable autorisation de Robin Lundstrum)

Dans son action en justice contre la loi SAFE, l’ACLU déclare que l’identité de genre d’une personne, ou son sentiment d’appartenance à un genre particulier, « est durable et ne peut être modifiée par une intervention médicale ». Si c’est le cas, comment des personnes peuvent‑elles se déclarer « gender‑fluid » et changer fréquemment de genre ?

Qu’en pense Scott Newgent ? « Le genre n’est pas fluide. La virilité et la féminité sont fluides », mais aucun de ces attributs ne remplace « un fait biologique », déclare‑t‑il. L’information sur le sexe d’une personne, en tant qu’homme ou femme, est contenue dans l’ADN, aucun médicament ou chirurgie ne peut changer cela.

« Je ne serai jamais un homme », malgré les apparences extérieures, a déclaré Scott Newgent.

Un pourcentage élevé des jeunes se déclarant « trans » souffrent d’autisme, ont été victimes d’abus, ont des problèmes de santé mentale ou se sentent simplement perdus et isolés, affirme M. Newgent. Les promoteurs de la transition médicale leur vendent un fantasme, qu’ « ils pourront être guéris de cette bizarrerie », explique‑t‑il.

Beaucoup de ces personnes parviennent plus tard à des prises de conscience importantes, dit M. Newgent. Elles réalisent que leurs profondes cicatrices de blessures psychologiques et émotionnelles subsistent après les procédures. Certaines reconnaissent que leur confusion relevait de leur orientation sexuelle plutôt que l’identité de genre. Cela explique en partie pourquoi certains homosexuels se sont rangés du côté de Mme Lundstrum, mère de deux enfants et grand‑mère de quatre enfants, dont la base politique est constituée de chrétiens évangéliques, selon M. Newgent.

Selon Robin Lundstrum, certaines personnes accordent trop d’importance à sa religion. « Les gens pensent que je vais leur taper sur la tête avec une Bible », dit‑elle en riant. « Je ne suis pas comme ça. »

Selon M. Newgent, Mme Lundstrum a démontré qu’il ne s’agissait pas d’être en phase avec son camps politique : « Elle fait ce qui est juste et ne recule pas. »

Un militant LGBT tient des broches sur le thème des pronoms, sur le campus de l’Université du Wyoming à Laramie, le 13 août : Broche de droite : « Eux/Leurs », à gauche : « Fluide, veuillez demandez ». (Photo : Patrick T. Fallon/AFP via Getty Images).

« C’est comme être témoin d’un accident de voiture et ne pas appeler les secours »

Loin de tout ce qu’a pu supposé M. Newgent ou la plupart des gens, c’est en réalité le parcours universitaire de Mme Lundstrum qui l’a incitée à proposer la loi SAFE.

Mme Lundstrum est titulaire d’un doctorat en sciences de la santé et a toujours été vivement intéressée par les études sur les enfants et la sexualité humaine. Elle a travaillé comme conseillère et éducatrice en matière de viol dans un hôpital. Elle a également enseigné à l’université John Brown, dans le nord‑ouest de l’Arkansas.

Après avoir quitté le monde universitaire et être devenue représentant d’État en 2015, Robin Lundstrum est restée à l’affût des dernières avancées de son ancien domaine d’étude.

« Je n’ai jamais pensé que ma vie politique et mon parcours universitaire fusionneraient comme ça – jamais », a‑telle déclaré dans une interview.

Toutefois, à la fin de 2020, Mme Lundstrum et d’autres femmes républicaines se sont réunies pour « The Dream Big Caucus ». Elles ont réfléchi à la législation qui aurait l’impact le plus significatif sur les Arkansiens.

Mme Lundstrum a pris la parole : « Vous savez, il y a beaucoup de choses qui se passent dans la sexualité humaine. » Elle a finalement déclaré être très au fait de la « transition chimique et chirurgicale » des mineurs dans d’autres États, notamment près de la côte Ouest et la côte Est.

Elle se souvient avoir dit : « Ce que je vois est vraiment terrifiant parce que ces enfants n’ont aucune idée de ce qui se passe (…) Quelqu’un d’autre constate‑t‑il cela ? » Oui, ses collègues parlementaires ont répondu, lui disant que cela se passait aussi dans leur État.

« Et je me suis dit : ‘Oulala (…) pas en Arkansas' », a déclaré Mme Lundstrum, qui a presque toujours résidé dans cet État. Elle a trouvé des sites Web démontrant que les hôpitaux de l’Arkansas encourageaient les processus de transition pour les mineurs.

Mme Lundstrum a documenté la situation et s’est alarmée en constatant que les procédures devenaient plus courantes que ce que la plupart des gens savaient. Puis elle a vu des photos postopératoires d’adolescents. « C’est brutal. C’est cruel. On dirait que ça sort d’un camp nazi. Et je ne pense pas que ce soit une exagération », a‑t‑elle déclaré. « Aucune personne de 13 ans ne devrait jamais se faire enlever les seins. Et aucun garçon de 17 ans ne devrait se faire enlever le pénis et le scrotum. »

Elle s’est sentie obligée d’agir : « C’est un peu comme voir un accident de voiture et ne pas appeler le 911. Quand vous voyez un accident de voiture, vous appelez le 911. »

La loi est adoptée rapidement

Quelques mois plus tard, en février 2021, Mme Lundstrum a présenté la loi SAFE. En quelques semaines, elle a été adoptée par la Chambre des représentants, à 70 voix contre 22, et le Sénat, à 28 voix contre 7. Un sénateur démocrate a dérogé à la ligne du Parti, alors que les républicains ont tous voté pour.

En avril 2021, le gouverneur républicain Asa Hutchinson, sous la pression de groupes médicaux, a opposé son veto à la loi SAFE, la qualifiant d’intervention excessive du gouvernement. Il a déclaré que les parents et les médecins devaient prendre les décisions relatives au traitement des mineurs, et non le gouvernement. Le lendemain, les deux chambres du capitole de l’Arkansas ont voté pour passer outre le veto.

Le projet de loi est arrivé à point nommé. En mai 2021, l’hôpital suédois Karolinska, classé huitième meilleur hôpital au monde, a fait une annonce qui a provoqué une onde de choc dans le domaine du traitement des transgenres. L’hôpital a déclaré qu’il cesserait d’utiliser des bloqueurs de puberté et l’hormonosubstitution comme traitements pour les jeunes.

« C’est un moment décisif », a déclaré la Society for Evidence‑Based Gender Medicine. La décision suédoise reflète une prise de conscience mondiale de la « faible qualité des preuves » dans les études sur les avantages des traitements pour les jeunes, a déclaré la Society. En conséquence, l’aide conférée aux enfants souffrant de dysphorie de genre pourrait s’éloigner des interventions médicales et s’orienter davantage vers des « traitements et un soutien psychologiques éthiques », a‑t‑elle ajouté.

L’annonce de la Suède a incité certains partisans de la loi SAFE à lancer une « I told you so dance » en ligne. Le Family Council, un groupe de défense des chrétiens qui a influencé le projet de loi de Mme Lundstrum, a écrit que le changement de politique de l’hôpital suédois « n’est qu’une preuve supplémentaire que l’Arkansas a eu raison d’adopter la loi SAFE ».

Plusieurs États ont réagi en proposant des projets de loi calqués sur la loi SAFE. L’ACLU a répondu par son action en justice.

Discrimination anticonstitutionnelle alléguée

Dans sa plainte initiale devant la cour fédérale, déposée en mai 2021, l’ACLU a déclaré qu’elle représentait quatre familles de l’Arkansas ayant des jeunes dysphoriques de genre, ainsi que deux médecins qui traitent cette condition. La loi SAFE « menace la santé et le bien‑être des jeunes transgenres en Arkansas » et est également inconstitutionnelle, selon l’ACLU.

« Elle est discriminatoire sur la base du sexe et du statut de transsexuel », a déclaré l’ACLU, notant que la loi interdit certains traitements « uniquement pour les patients transsexuels et uniquement lorsque les soins sont ‘liés à la transition de genre’ ».

Les familles plaignantes dans le procès ont des enfants transgenres qui étaient âgés de 9 à 16 ans lorsque le procès a été intenté. La plus jeune, Brooke Dennis, était « désignée comme étant de sexe masculin sur son certificat de naissance, mais son identité de genre est féminine », indique la plainte.

Brooke « a toujours su qui elle était », poursuit le procès, décrivant une affinité pour les activités et les vêtements traditionnellement considérés comme « féminins » depuis l’âge de 2 ans. Brooke a consulté un conseiller scolaire en raison du stress lié aux questions de genre, notamment les débats entre camarades de classe sur les toilettes séparées par sexe que Brooke devait utiliser.

Après avoir adopté des pronoms féminins et un nouveau nom, « Brooke est redevenue l’enfant heureuse et aux yeux brillants qu’elle était auparavant ». Brooke a été diagnostiquée avec une dysphorie de genre à la fin de 2020 et a exprimé son anxiété à l’idée de « passer par une puberté masculine typique » et d’avoir un corps d’homme. « Elle a récemment pleuré et dit à sa mère qu’elle ne voulait pas avoir une pomme d’Adam », indique la plainte.

Compte tenu de tout cela, les parents de Brooke avaient l’intention de commencer un « traitement retardateur de puberté » dès les premiers signes de puberté, selon la plainte. La famille a envisagé de déménager hors de l’État pour faire soigner Brooke si la loi SAFE était appliquée.

Mme Lundstrum exprime sa compassion pour ces familles. Mais elle ne peut s’empêcher de se demander à quoi pourrait ressembler l’avenir de ces enfants, notamment parce qu’elle a entendu tant d’histoires de regrets.

Chloe Cole, qui a maintenant 18 ans, est une des adolescentes qui a rendu public un récit édifiant. Elle est née de sexe féminin mais détestait les vêtements pour filles. Des discussions sur des sites de médias sociaux l’ont convaincue qu’elle était transgenre. Elle a révélé cette conviction à 12 ans. À 13 ans, elle a reçu des injections pour bloquer la puberté, puis de la testostérone, et enfin une double mastectomie. Elle qualifie aujourd’hui sa transition de « brutale » et assume sa féminité tout en regrettant les dommages causés à son corps.

Elle a créé un groupe appelé « Detrans United », pour soutenir les autres détransitionneurs. Chloe Cole ne figure pas parmi les partisans officiels de la loi de l’Arkansas, mais elle a déclaré publiquement qu’elle soutenait une proposition d’interdiction nationale des transitions médicales pour les jeunes.

Chloe Cole (à g.) et Scott Newgent (à dt.), qui regrettent tous deux d’avoir subi des procédures de transition de genre pour devenir des hommes, avec une autre manifestante lors du premier rassemblement « Do No Harm » contre la transition médicale des jeunes à Anaheim, en Californie, le 7 octobre 2022. (Avec l’aimable autorisation de TreVoices.org/Scott Newgent)

Des racines profondes

En juillet 2021, avant que la loi de l’Arkansas n’entre en vigueur, le juge James Moody Jr. du tribunal de district des États‑Unis a accédé à la demande de l’ACLU de bloquer l’application de la loi en Arkansas, en attendant l’issue du procès.

Une cour d’appel fédérale s’est récemment rangée à l’avis du juge Moody et a maintenu l’injonction temporaire en place, ce qui constitue une victoire préliminaire pour l’ACLU.

Dans un communiqué de presse applaudissant la décision, Chase Strangio, un avocat de l’ACLU chargé de l’affaire, a déclaré que la décision montrait que « l’interdiction des soins par l’État ne sert aucun intérêt gouvernemental important et que la défense de la loi par l’État manque de fondement juridique ou de preuves ».

Le combat de l’ACLU est alimenté en partie par son projet « LGBT & VIH Jon L. Stryker et Slobodan Randjelović ».

En 2021, Stryker et Randjelović ont doté l’ACLU de 15 millions de dollars pour financer ce projet, a indiqué l’ACLU dans un autre communiqué. « Ce don est le plus important don axé sur les droits LGBT dans l’histoire de l’ACLU », précise le communiqué.

M. Stryker est le fondateur et le président de la Fondation Arcus, la plus grande organisation non gouvernementale consacrée à la cause LGBT, selon Jennifer Bilek, une journaliste qui a passé des années à suivre la façon dont l’argent est lié à l’activisme transgenre.

Jennifer Bilek est convaincue que des milliardaires agissent en coulisses pour faire accepter au niveau mondial les idéologies de l’ « identité de genre » et du « transgenre ». L’objectif, dit‑elle, est de créer de nouveaux marchés pour les services et produits médicaux. Mme Bilek a qualifié la croisade transgenre de « grande entreprise habillée en vêtements de droits civiques ».

L’ « art corporel » est illégal

En réponse aux documents déposés par l’ACLU, Leslie Rutledge, procureur général de l’Arkansas, a souligné que les lois interdisent généralement aux mineurs de faire des choix qui sont parfaitement légaux pour les adultes.

Selon la loi de l’Arkansas, les mineurs n’ont pas le droit d’acheter certains médicaments contre le rhume. Ils ne peuvent pas légalement jouer au bingo ou à la loterie. Ils ne peuvent pas parier sur les courses de chevaux ou de chiens. Et ils ne peuvent pas non plus se faire percer ou tatouer les mamelons et les parties génitales, même avec le consentement de leurs parents.

C’est pourquoi il semble logique d’interdire l’ablation ou la modification de ces parties du corps d’un enfant pour des raisons de transition de genre, a déclaré Mme Lundstrum. Elle considère la loi SAFE comme une extension logique des mesures de protection de l’enfance prises par l’État.

« Il existe une très longue liste de toutes les choses que nous faisons pour protéger les mineurs. (…) Il n’est pas permis de conduire avant 16 ans. Il n’est pas non plus permis de voter avant 18 ans », déclare‑t‑elle. « Toutefois nous allons castrer chimiquement nos enfants sans penser d’abord à les conseiller, sans chercher à savoir quel est le problème, sans chercher à savoir pourquoi un enfant voudrait renier le sexe avec lequel il est né ? C’est l’ironie et la folie de cette situation. »

Selon Robin Lundstrum, la loi SAFE a suscité de grandes conversations avec de nombreuses personnes transgenres. Quelques‑unes d’entre elles lui ont dit que la transition leur avait permis de se sentir plus à l’aise avec leur identité, « mais la douleur, les problèmes à long terme leur ont coûté cher », lui ont‑elles avoué.

Un des témoignages les plus poignants est venu d’un homme qui a subi une transition médicale pour devenir une femme et qui a déclaré à Mme Lundstrum : « Je vis donc deux vies en même temps, avec toutes les complications de santé qui accompagnent la vie dans les deux sexes. »

Les États qui soutiennent l’interdiction par l’Arkansas des procédures transgenres pour les mineurs sont les suivants : Alabama, Alaska, Arizona, Géorgie, Idaho, Indiana, Kansas, Kentucky, Louisiane, Mississippi, Missouri, Montana, Nebraska, Caroline du Sud, Dakota du Sud, Tennessee, Texas, Utah et Virginie‑Occidentale. En outre, l’Ohio a proposé une loi similaire, mais ne figure pas parmi les partisans officiels de la loi SAFE.

Les États qui se sont ralliés à la lutte de l’ACLU pour faire annuler l’interdiction de l’Arkansas sont les suivants : Californie, Colorado, Connecticut, Delaware, Hawaii, Illinois, Maine, Maryland, Massachusetts, Michigan, Minnesota, Nevada, New Jersey, Nouveau‑Mexique, New York, Caroline du Nord, Oregon, Rhode Island, Vermont et Washington. Le district de Columbia figure également sur la liste.

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