Le Conseil d’État juge que le «tableau pédopornographique» exposé au Palais de Tokyo ne porte pas atteinte à l’intérêt de l’enfant : décision «irresponsable», dénoncent Karl Zéro et Juristes pour l’enfance

Par Etienne Fauchaire
14 avril 2023 20:59 Mis à jour: 14 avril 2023 20:59

Dans une ordonnance rendue vendredi 14 avril, le juge des référés du Conseil d’État a tranché : le tableau « Fuck Abstraction » exposé au Palais de Tokyo, dans lequel la silhouette d’un enfant dont les mains sont ligotées est contraint à une fellation, peut rester exposé, la juridiction estimant qu’il ne portait pas une atteinte grave et illégale à l’intérêt supérieur de l’enfant ou à la dignité de la personne.

Déboutées de leur demande de retrait du tableau par le tribunal administratif de Paris, les associations Juristes pour l’enfance, Face à l’inceste, Pornostop et Innocence en danger avaient saisi le Conseil d’État dans le cadre d’un référé-liberté. The Epoch Times était présent à l’audience, qui s’était tenue le vendredi 7 avril, et en a rédigé un compte-rendu disponible ici.

Dans sa décision, le Conseil d’État relève « d’une part, que des mesures ont été prises pour dissuader l’accès des mineurs et, d’autre part, que les panneaux explicatifs tout au long du chemin d’accès permettent de redonner à ce tableau le sens que Miriam Cahn a entendu lui attribuer, c’est-à-dire de dénoncer les viols en Ukraine ». Il ajoute : « Il ressort également des débats à l’audience et des pièces de l’instruction que la seule intention de l’artiste est de dénoncer un crime. »

« Le Conseil d’État a rendu aujourd’hui une décision inexplicable »

« Tristesse, gâchis et honte : voilà les mots qui viennent à l’esprit à la lecture de cette décision incompréhensible », déplore Juristes pour l’enfance dans un communiqué publié sur leur site Internet ce vendredi. Pour l’association, qui se demande quand la société va-t-elle enfin prendre au sérieux la protection des mineurs, le Conseil d’État a rendu « une décision inexplicable, en contradiction totale avec la teneur de l’audience ». Et de marteler : « Veut-il donc attendre des témoignages de vies dévastées pour prendre la mesure de l’enjeu de la protection de l’enfance ? » Soulignant ne pas compter baisser les bras pour autant, elle prévient : « Un jour ou l’autre, la justice reprend ses droits mais que de dégâts et malheurs auraient pu être épargnés à de nombreux enfants. »

Dans un tweet publié ce même jour, la députée RN Caroline Parmentier, qui avait interpelé le 21 mars la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak au sujet du « caractère pédopornographique » de la toile de Miriam Cahn, souligne la teneur de la décision du Conseil d’État, après avoir rappelé que l’œuvre sera toujours accessible aux mineurs : « La création contemporaine, lorsqu’elle est pédopornographique, peut donc être tout public sans porter atteinte à l’intérêt supérieur de l’enfant ».

Une décision « à l’image de l’inanité de nos politiques contre la pédocriminalité »

Karl Zéro, ancien journaliste de Canal + et fondateur du magazine d’investigation L’Envers des affaires, a tenu un rôle moteur dans la mise en lumière de l’affaire Miriam Cahn auprès du grand public. Contacté, il nous confie sa réaction à la décision du Conseil d’État dans un mail, dont le titre fait écho au nom du tableau « Fuck Abstraction » de l’artiste suisse : « Fuck le Conseil d’État ».

« Au-delà des arguties vaseuses de la supposée artiste Madame Cahn, au nom du droit inaliénable qu’a tout créateur de créer (mais qui sentant elle-même que son discours sonne creux se protège par un sidérant « d’ailleurs il ne s’agit pas d’un enfant » – se tirant du même coup une balle dans le pied), ce que ce jugement démontre, c’est ce que nos dirigeants, nos pouvoirs publics, nos plus hautes instances pensent réellement du fléau pédocriminel qui gangrène notre société : rien. Il n’existe pas. C’est une vue de l’esprit, un délire complotiste.

Dans notre pays, où 160.000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année, soit 438 par jour, soit 18 toutes les heures, il est parfaitement normal d’exposer un enfant ligoté forcé de pratiquer une fellation à un adulte dans un musée national. Puisque « ça » dans la vraie vie, ça n’existe pas. D’ailleurs, les enfants mentent, depuis Outreau, c’est bien connu…

Voilà donc une décision du Conseil d’État scandaleuse, irresponsable, et démissionnaire, mais pas surprenante : elle est à l’image de l’inanité de nos politiques contre la pédocriminalité.

Afin d’aller encore plus loin dans sa prestigieuse quête de « pensée sérielle », et de mise en abyme du grand Portnawak’, je conseille à Madame Cahn de se mettre au travail au plus vite sur une nouvelle œuvre « Fuck le Conseil d’État » ; je la laisse libre d’illustrer ça au mieux, elle me semble experte en chibres violacés, en attirail SM et en poitrines défraîchies. »

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