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Le Japon convoque l’ambassadeur chinois suite à des menaces en ligne contre la Première ministre
Le bras de fer diplomatique entre les deux pays s’intensifie, Pékin ayant conseillé à ses ressortissants d’éviter tout déplacement au Japon.

La Première ministre japonaise Sanae Takaichi (au centre) répond à une question durant une session de la commission budgétaire à la Chambre des conseillers, à Tokyo, le 12 novembre 2025.
Photo: Kazuhiro NOGI/AFP via Getty Images
Le Japon a exigé des mesures de Pékin après des menaces violentes émises par un diplomate chinois à l’encontre de la Première ministre japonaise Sanae Takaichi, alors que le régime chinois intensifie la pression et ses menaces contre Tokyo.
Le ministère japonais des Affaires étrangères a déclaré, le 14 novembre, avoir convoqué l’ambassadeur de Chine afin de présenter une protestation énergique au sujet des propos « hautement inappropriés » tenus par le consul général Xue Jian du consulat chinois à Osaka, la plus grande métropole de l’ouest du Japon.
Le 8 novembre, M. Xue a partagé un article de presse locale rapportant la déclaration de Sanae Takaichi selon laquelle un conflit autour de Taïwan impliquant l’usage de la force constituerait sans doute « une situation menaçant la survie » du Japon – une qualification qui pourrait pousser Tokyo à mobiliser son armée.
« Le sale cou qui s’en mêle doit être tranché », a écrit M. Xue en japonais dans un message supprimé depuis sur X, selon une capture d’écran diffusée par l’ambassadeur américain au Japon, George Glass.
Dans un message ultérieur, le diplomate chinois a affirmé que considérer une attaque contre Taïwan comme une menace pour Tokyo était « un chemin de mort » que choisiraient certains « politiciens stupides » au Japon.
Les propos de M. Xue ont suscité une protestation formelle de Tokyo. Des parlementaires des partis au pouvoir comme d’opposition ont appelé le gouvernement à expulser le diplomate. Le 14 novembre, le conseil municipal d’Osaka a adopté une résolution exigeant des excuses officielles des autorités chinoises.
À Pékin, le régime communiste accroît la pression sur Mme Takaichi et exige qu’elle rétracte ses propos sur Taïwan, estimant qu’ils nuisent aux relations bilatérales.
Le 13 novembre, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Sun Weidong, a convoqué l’ambassadeur du Japon en Chine afin d’exprimer la « forte indignation et l’opposition » de Pékin aux déclarations de Mme Takaichi, indique le ministère chinois le 14 novembre.
Le régime chinois a mis en garde ses citoyens contre les déplacements au Japon. Dans un avis publié tard le 14 novembre, le ministère chinois des Affaires étrangères et son ambassade à Tokyo ont affirmé que les récentes déclarations de la dirigeante japonaise sur Taïwan « avaient gravement détérioré » le climat des échanges entre populations et faisaient peser « des risques importants » sur la sécurité de ses ressortissants.

Un membre de la sécurité devant l’ambassade du Japon à Pékin, le 14 novembre 2025. (-/AFP via Getty Images)
Mme Takaichi a défendu sa position le 10 novembre, précisant que ses déclarations initiales s’appuyaient sur l’hypothèse d’un « pire scénario ».
« C’est conforme aux positions gouvernementales traditionnelles », a-t-elle affirmé devant une commission parlementaire, tout en précisant qu’elle ne retirerait pas ses propos, mais éviterait à l’avenir de formuler de telles remarques.
Le ministère japonais des Affaires étrangères a également rejeté l’interprétation de Pékin concernant les mots de Mme Takaichi, précisant à plusieurs reprises cette semaine devant la presse que la position officielle du Japon sur Taïwan restait inchangée.
Malgré les clarifications du gouvernement nippon, les médias d’État chinois ont multiplié cette semaine les éditoriaux et articles fustigeant la Première ministre japonaise pour avoir « franchi la ligne rouge » vis-à-vis de Pékin.
La dernière chronique du Quotidien du peuple, organe du Parti communiste chinois, publiée le 14 novembre, accusait Mme Takaichi de menacer la Chine d’actions militaires sur la question taïwanaise.
Taïwan
Lors d’une conférence de presse le 14 novembre, le ministère chinois de la Défense a accusé le Japon de s’ingérer dans ses affaires intérieures, déclarant que toute tentative de Tokyo d’intervenir à Taïwan aurait pour conséquence une « défaite écrasante » et un « prix très lourd à payer ».
Le Parti communiste chinois n’a jamais gouverné Taïwan mais considère la démocratie insulaire autogérée comme partie de son territoire, à reprendre par la force si nécessaire. Taïwan rejette ces prétentions, son président rappelant que l’avenir de l’île ne pourra être décidé que par ses 23 millions d’habitants.
Pour accentuer la pression sur Taïwan, le régime fait voler presque quotidiennement des avions de chasse près de l’île et mène de vastes exercices militaires dans le détroit, alimentant les inquiétudes internationales concernant une potentielle invasion.
Le Japon, dont l’île la plus occidentale de Yonaguni n’est distante que de 110 km de Taïwan, redoute que tout conflit s’étende à son propre territoire. Le pays abrite également plus de 50.000 soldats américains ainsi que des appareils militaires avancés fournis par les États-Unis.

Un navire des garde-côtes japonais patrouillant au large de l’île de Yonaguni, Japon, le 18 août 2022. (Philip Fong/AFP via Getty Images)
« La paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan sont essentielles non seulement à la sécurité du Japon mais aussi à la stabilité de la communauté internationale », a déclaré le ministre japonais des Affaires étrangères Toshimitsu Motegi lors d’une conférence de presse régulière, donnée via interprète le 14 novembre.
« Nous espérons sincèrement que la question taïwanaise sera résolue de manière pacifique par le dialogue », a-t-il ajouté. « C’est la position constante et inchangée du gouvernement japonais. »
Le secrétaire général du Conseil de sécurité nationale de Taïwan, Joseph Wu, a condamné les menaces du PCC contre Tokyo, estimant que le régime portait atteinte à la paix et la stabilité régionales.
« Au lieu de revenir sur les propos insultants du diplomate Xue Jian, le gouvernement chinois continue d’humilier le Japon et de menacer par la force », a écrit M. Wu en japonais sur X.
« Taïwan subit aussi de telles pressions et menaces depuis de longues années. J’exprime donc ma ferme condamnation à l’égard des agissements du gouvernement chinois, contraires à la stabilité régionale. »

Dorothy Li est journaliste pour Epoch Times.
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