Le Japon s’alarme de l’escalade militaire chinoise
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Le drapeau japonais flotte à l'arrière du navire des garde-côtes japonais « Asanagi », avec le volcan Sakurajima (à g.) en arrière-plan, lors d'exercices maritimes.
Le Japon a mis en garde mardi contre l’intensification des activités militaires de la Chine autour de son territoire, estimant dans son Livre blanc annuel de la Défense que ces manœuvres « pourraient sérieusement affecter » sa sécurité nationale.
Le rapport, approuvé mardi matin par le gouvernement du Premier ministre Shigeru Ishiba, met en avant la multiplication des incursions et démonstrations de force de l’armée chinoise aux alentours du Japon, y compris en mer de Chine orientale et autour de Taïwan.
Le Premier ministre japonais et président du Parti libéral démocrate, Shigeru Ishiba, prononce un discours de campagne lors du rassemblement de lancement de la campagne électorale de son parti, le 03 juillet 2025 à Kobe, au Japon. (Buddhika Weerasinghe/Getty Images)
Parmi les épisodes jugés préoccupants, le ministère nippon de la Défense cite l’intrusion en août dernier d’un avion militaire chinois dans l’espace aérien japonais : une première confirmée, qualifiée de « violation grave » de la souveraineté nationale.
« Un impact sérieux sur la sécurité du pays »
Le document revient aussi sur le passage en septembre d’un groupe naval chinois, dont un porte-avions, entre deux îles nippones situées à proximité de Taïwan. Ce type de manœuvre, selon Tokyo, « crée une situation susceptible d’avoir un impact sérieux sur la sécurité du pays ».
La semaine dernière encore, des chasseurs chinois ont volé à moins de 30 mètres d’un avion de patrouille japonais au-dessus des eaux disputées de la mer de Chine orientale, renforçant l’inquiétude du gouvernement.
Un avion de chasse chinois survole l’île de Pingtan, le point le plus proche en Chine de l’île principale de Taïwan, dans la province de Fujian, le 2 avril 2025. (HECTOR RETAMAL/AFP via Getty Images)
Le Livre blanc rappelle par ailleurs que des navires chinois ont navigué à 355 reprises en 2024 à proximité des îles Senkaku, administrées par le Japon mais revendiquées par Pékin. Il note aussi que deux porte-avions chinois ont, pour la première fois, opéré simultanément en juin dernier dans le Pacifique, dont un dans la zone économique exclusive japonaise.
Le 13 octobre 2011 un avion de patrouille P-3C de la Force maritime d’autodéfense japonaise survolant les îlots contestés connus sous le nom d’îles Senkaku au Japon et d’îles Diaoyu en Chine, en mer de Chine orientale. (JAPAN POOL/JIJI PRESS/AFP via Getty Images)
« Un défi stratégique sans précédent et le plus grave »
Enfin, Tokyo critique les manœuvres militaires conjointes menées par la Chine et la Russie près de son territoire, estimant qu’elles visent clairement à l’intimider.
Par l’agence d’État russe Sputnik, le vice-président du Conseil de sécurité russe, l’ancien président russe Dmitri Medvedev (à g.), rencontre le président chinois Xi Jinping à Pékin, le 12 décembre 2024. (YEKATERINA SHTUKINA/POOL/AFP via Getty Images)
Face à cette dynamique, le ministère de la Défense considère les ambitions militaires de Pékin comme « un défi stratégique sans précédent et le plus grave » pour le Japon et la communauté internationale.
Le document réitère également que les programmes d’armement nord-coréens représentent une menace « plus grave et plus imminente que jamais ».
Un écran de télévision montrant une image du défilé militaire nord-coréen organisé à Pyongyang pour marquer le 75e anniversaire de la création de ses forces armées, dans une gare de Séoul, le 9 février 2023. (JUNG YEON-JE/AFP via Getty Images)
Coopération renforcée avec les États-Unis
Dans ce contexte, le Japon poursuit sa montée en puissance militaire, avec pour objectif d’aligner ses dépenses de défense sur les standards de l’OTAN, soit environ 2% du PIB.
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte (à dr.), avec le ministre japonais des Affaires étrangères, Takeshi Iwaya, lors d’une déclaration conjointe en marge du sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), à La Haye, le 24 juin 2025. (NICOLAS TUCAT/AFP via Getty Images)
Il renforce aussi sa coopération avec les États-Unis, alors que Washington pousse Tokyo à préciser son rôle en cas de conflit autour de Taïwan.