Le marin français Charlot, ange gardien de la Manche, à bord de sa vedette de sauvetage

Par Epoch Times avec AFP
11 mars 2022 15:43 Mis à jour: 11 mars 2022 15:44

A bord du Notre-Dame-du-Risban, c’est lui le patron: un œil sur l’horizon, l’autre sur l’équipage. Mais une fois à terre, rien ne laisse deviner que le marin français Charles Devos, dit « Charlot », a sauvé d’innombrables vies dans la Manche en quatre décennies de sauvetage en mer.

A 64 ans, ce retraité trapu, au visage marqué par la vie et les embruns, garde une passion pour la mer et s’éloigne rarement des rivages de Calais, dans le nord de la France, où il passe une grande partie de son temps à pêcher.

D’autant qu’il se tient prêt à répondre aux appels de détresse relayés par les autorités vers la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) et son bateau. Des appels de plus en plus fréquents avec la multiplication des tentatives de traversée clandestine de migrants vers l’Angleterre.

Il rêve de naviguer depuis tout petit

« Les vendeuses de poisson des aubettes de Calais chantaient souvent +Quand je vois Charlot, je me jette à l’eau+ », plaisante le marin. « Il faut dire que j’ai souvent été au bon endroit au bon moment. »

Ce fils d’agent de circulation rêve de naviguer depuis tout petit.

Le marin français Charles Devos, 64 ans, dirige la formation de sauvetage des équipages de la SNSM à Calais, dans le nord de la France, le 4 mars 2022. Photo de FRANCOIS LO PRESTI/AFP via Getty Images.

« C’est pas du sang que j’ai dans les veines, c’est de l’eau de mer », dit-il, goguenard, avec une pointe d’accent local.

Embarqué à 16 ans sur un chalutier pour pêcher le cabillaud et le lieu noir en haute mer, de la banquise à l’Ecosse, il revient cinq ans plus tard, comme patron d’une vedette de lamanage, chargée d’aider les navires à manœuvrer dans le port.

C’est une vocation « de famille »

Cet emploi lui permet de devenir bénévole à la station calaisienne de la SNSM, appelée à la rescousse de tout navire en perdition: pêcheurs, ferries ou simples plaisanciers.

Le sauvetage, c’est une vocation « de famille », reconnaît-il: son arrière-grand-père a été décoré pour avoir porté assistance à un bateau échoué en 1902. Sa médaille de cuivre rouge, qui revient au fils aîné de chaque génération, trône désormais chez lui.

Charlot garde en mémoire un impressionnant catalogue de naufrages, mais ne « compte plus » les vies sauvées. Plusieurs centaines, c’est sûr, peut-être des milliers. Des plaisanciers le plus souvent, avant l’invention du GPS. Et des migrants, depuis un quart de siècle.

Les interventions ont été multipliées par trois l’an passé

Il se souvient d’un Bulgare et son fils, à la dérive dans un bateau gonflable jaune « de supermarché, avec deux valises emballées dans du plastique ».

Les appels de détresse maritimes sont devenus de plus en plus fréquents avec la multiplication des embarcations de fortune transportant des migrants tentant la périlleuse traversée de la Manche pour rejoindre la Grande-Bretagne. Photo de FRANCOIS LO PRESTI/AFP via Getty Images.

Ou encore de cet intrépide parti sur une palette en bois fourrée de bouteilles d’eau vides, « avec un petit mât et un drap de l’hôpital de Calais » comme voile.

Avec la hausse des traversées clandestines, le bénévolat devient un sacerdoce: les interventions ont été multipliées par trois l’an passé, et le Notre-Dame-du-Risban est de sortie un jour sur trois.

Les 18 sauveteurs de Calais ont à eux seuls sauvé 500 vies en 2021.

S’applique à former la relève

Ces bénévoles, dont un pompier, des artisans, un douanier, un chauffeur ou encore des cadres de PME ou de compagnie maritime, sont loin d’être des amateurs: ils savent éteindre un incendie en mer, plonger sur un bateau en perdition ou récupérer un canot par gros temps.

Le marin français Charles Devos, 64 ans, membre de la station de Calais de l’organisation des sauveteurs en mer volontaires français, dirige la formation de sauvetage de l’équipage SNSM en mer, au large de Calais. Photo de FRANCOIS LO PRESTI/AFP via Getty Images.

Ils doivent rejoindre le Note-Dame-de-Risban dans les dix minutes de l’appel pour participer à une opération de secours, qui nécessite entre trois et onze sauveteurs.

Mais tout comme le bateau, qui approche les 30 ans, Charlot et son second seront bientôt « ferraillés », atteints par la limite d’âge, et ils s’appliquent à former la relève.

Car sur le front des secours, aucune accalmie n’est attendue. En novembre, la vedette du SNSM calaisien a repêché six corps après un naufrage qui a fait 27 morts — un triste record dans la Manche.

« Avec le danger qu’ils prennent à traverser le détroit malgré les courants, le trafic et la météo, on sentait bien que cela allait arriver », dit Charlot. « Le pire c’est que ça va encore arriver. Et on peut malheureusement rien faire, à part porter assistance ».

 

 

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