Le plus haut responsable chinois de la défense a disparu de la scène publique

Suite à l'absence mystérieuse et au remplacement de l'ancien ministre des Affaires étrangères de la Chine, le ministre de la Défense Li Shangfu disparait à son tour de la scène publique.

Par Dorothy Li
16 septembre 2023 07:15 Mis à jour: 16 septembre 2023 13:41

Le ministre chinois de la Défense, le général Li Shangfu, a disparu depuis deux semaines. Les réseaux sociaux s’interrogent sur son sort et sont préoccupés par les luttes de pouvoir qui agitent le Parti communiste chinois.

Le général Li n’a pas donné de nouvelles de lui depuis 15 jours. Sa dernière apparition publique remonte au 29 août, lorsqu’il a pris la parole lors d’un forum sur la sécurité pour s’entretenir avec les ministres de la Défense du Ghana, de la Zambie et d’autres pays africains en visite dans le pays.

L’absence de la figure publique de l’armée du régime a rappelé la disparition de l’ancien ministre des Affaires étrangères Qin Gang, le protégé du dirigeant chinois Xi Jinping. Le 25 juillet, M. Qin a été brusquement remplacé après avoir disparu de la scène publique pendant 30 jours. Aucune raison n’a été fournie dans la brève déclaration officielle publiée par les médias d’État.

Peu après son licenciement, le ministère des Affaires étrangères a effacé de son site web la quasi-totalité du profil de M. Qin et de ses engagements publics. Bien que certaines mentions soient réapparues plus tard sur la page officielle du ministère, M. Qin n’a pas fait d’apparitions publiques depuis juin.

Alors que les mystères autour du diplomate s’épaississaient, M. Xi a démis de leurs fonctions, le 31 juillet, deux hauts responsables qu’il avait nommés pour superviser l’unité de l’arsenal nucléaire du pays. Le général Li Yuchao, chef de la « Rocket Force » de l’Armée populaire de libération (APL), et le commissaire politique de l’unité militaire, le général Xu Zhongbo, n’étaient pas apparus dans les médias d’État depuis des mois lorsque leur succession a été annoncée sans tambour ni trompette. La raison de leur licenciement et le lieu où ils se trouvent actuellement ne sont pas connus.

Rahm Emanuel, ambassadeur des États-Unis au Japon, a commenté le récent remaniement de la direction politique et militaire de Xi Jinping.

« La composition du cabinet du président Xi ressemble désormais au roman d’Agatha Christie ‘And Then There Were None’ (Dix Petits Nègres). D’abord, le ministre des Affaires étrangères Qin Gang disparaît, puis les commandants de la Rocket Force, et maintenant le ministre de la Défense Li Shangfu qui n’a pas été vu en public depuis deux semaines », a écrit M. Emanuel sur X le 7 septembre.

Comparant la liste croissante des responsables disparus au taux de chômage record des jeunes en Chine, M. Emanuel s’est demandé : « Qui va gagner cette course au chômage ? La jeunesse chinoise ou le cabinet de Xi ? #MysteryInBeijingBuilding ».

La disparition du général Li Shangfu a suscité une avalanche de spéculations sur les réseaux sociaux étrangers, puisque certains affirment qu’il a fait l’objet d’une enquête.

« Li Shangfu pourrait avoir fait l’objet d’une enquête pour corruption présumée et violations graves à la discipline, » a écrit l’observateur chinois Cai Shenkun dans un message publié sur les réseaux sociaux le 7 septembre, qualifiant cette affirmation de « non confirmée ».

Toutefois, si cette affirmation s’avérait exacte, M. Cai aurait constaté la chute d’un autre responsable du cabinet, ce qui indiquerait que « les luttes intestines au sommet du PCC n’ont pas pris fin ». Même les fonctionnaires triés sur le volet par Xi Jinping peuvent être « purgés à tout moment ». À l’instar des décennies tumultueuses sous Mao Zedong, « personne n’est à l’abri », a-t-il ajouté.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken marche avec le ministre chinois des Affaires étrangères de l’époque, Qin Gang, avant une réunion à la maison d’hôtes de l’État de Diaoyutai à Pékin, le 18 juin 2023. (Leah Millis/Pool/AFP via Getty Images)

Les autorités chinoises restent très discrètes sur la situation.

Interrogée sur le ministre de la Défense lors de la réunion d’information du 11 septembre, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mao Ning, a répondu : « Je ne suis pas au courant de la situation que vous avez mentionnée ».

Xi « a très peur d’un coup d’État »

Yao Cheng, un ancien lieutenant-colonel du commandement de la marine chinoise qui vit actuellement en exil aux États-Unis, a confié à Epoch Times que le général Li aurait pu être « emmené » par les autorités.

Il a cité un avis publié au mois de juillet par la Commission militaire centrale, indiquant que les autorités recueillaient des informations sur la corruption régnant dans le système d’acquisition d’équipements. La commission a expliqué ce qui constitue une conduite inappropriée dans les lignes directrices, comme l’octroi de contrats à des entreprises d’amis ou de familles de fonctionnaires et la fuite d’informations confidentielles sur des projets. Les enquêteurs se penchent notamment sur les violations disciplinaires qui ont débuté en octobre 2017.

En septembre 2017, le général Li a été nommé à la tête du département du développement de l’équipement, une branche de la Commission militaire centrale responsable de l’approvisionnement en armes. Il a occupé le poste de directeur du département pendant six ans avant d’être promu ministre de la Défense en mars de cette année.

Le ministre chinois de la Défense, Li Shangfu, rencontre le président russe Vladimir Poutine au Kremlin lors de sa visite à Moscou le 16 avril 2023. (Pavel Bednyakov/Sputnik/AFP via Getty Images)

M. Yao a appris de plusieurs sources militaires que les autorités de régulation avaient « lancé une enquête concernant l’achat d’équipements lorsque Li Shangfu était en fonction ».

Selon M. Yao, cette enquête s’inscrit dans le cadre de la campagne de lutte contre la corruption menée par le dirigeant suprême Xi, qui est également président de la Commission militaire centrale.

Des sources proches du milieu politique et des médias ont établi un lien entre le remplacement de deux hauts commandants de la Rocket Force et l’enquête sur la corruption. Certaines sources ont déclaré à Epoch Times que la chute de l’ancien ministre des Affaires étrangères aurait également été provoquée par des fuites de secrets militaires impliquant la Rocket Force.

Citant ses sources, M. Yao a indiqué que 11 hauts fonctionnaires de la force Roket ont été limogés, bien qu’il n’y ait pas eu d’annonce officielle.

Le mois dernier, le ministère de la Défense a décrété une « tolérance zéro » à l’égard de la corruption. L’avertissement a été lancé lors d’un point de presse, lorsque des questions ont été posées sur le récent remaniement de la Rocket Force et sur l’endroit où se trouverait l’ancien ministre de la Défense, Wei Fenghe, qui a disparu de la scène publique depuis qu’il a quitté son poste lors d’un remaniement en mars dernier. Le général Wei a dirigé la Rocket Force de 2015 à 2017.

« Nous enquêterons sur chaque affaire et punirons tous les fonctionnaires corrompus, » a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense, Wu Qian, le 31 août. « L’armée chinoise gouverne conformément à la loi et fait preuve d’une tolérance zéro face à la corruption. »

Selon M. Yao, le récent remaniement de la direction politique et militaire montre que Xi Jinping a senti que son emprise sur l’armée devenait instable.

« Xi Jinping a très peur d’un coup d’État. »

Li Yun a collaboré à la rédaction de cet article.

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