Le PS vote un «moratoire» sur sa participation à la Nupes

Par Epoch Times avec AFP
18 octobre 2023 11:00 Mis à jour: 18 octobre 2023 11:07

Le Parti socialiste a voté dans la nuit de mardi à mercredi un « moratoire » sur sa participation à la Nupes, et le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a accusé le patron des socialistes de « rompre » leur alliance politique, semblant acter la fin de cette coalition née en mai 2022.

Le conseil national du PS, réuni pendant six heures, a décidé (à 54,15% des voix) d’un « moratoire sur sa participation aux travaux » de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), dénonçant « la conflictualisation permanente » de La France insoumise. Cette décision fait suite au refus de Jean-Luc Mélenchon et de son cercle rapproché de qualifier le Hamas de « terroriste », après l’attaque sanglante contre Israël.

« Olivier Faure rompt la Nupes » : par un tweet en forme d’épitaphe, Jean-Luc Mélenchon avait officialisé dans la matinée la fin de la Nupes, dénonçant un divorce « pour fait personnel à mon sujet à propos d’Israël et de la Palestine ». La députée Danièle Obono a encore évoqué mardi un « groupe politique islamiste » qui « résiste à une occupation » pour « la libération de la Palestine ».

« Nécessité d’un changement radical »

Dans son discours devant les socialistes, Olivier Faure a estimé mardi soir que « Jean-Luc Mélenchon a été un facteur d’union, mais aujourd’hui il est devenu un obstacle ». Il a souligné « la nécessité d’un changement radical dans la façon de concevoir l’union ». « Nous n’avons pas signé pour la bordélisation. Nous sommes là pour gouverner et transformer », a-t-il asséné, tout affirmant rester « un partisan de l’union ».

Dans la matinée, il avait affirmé sur France Inter que le leader insoumis ne pouvait plus « être celui qui incarne l’ensemble de la gauche et de l’écologie », justifiant le moratoire pour réclamer « une clarification ».

À l’unisson de leur chef, les cadres de LFI Manuel Bompard et Mathilde Panot ont fustigé « un prétexte » pour « rompre avec la Nupes ». « Quand vous êtes, pour certains, les auteurs du bazar permanent à gauche, rejeter la faute sur les autres, ce n’est pas responsable », a dénoncé le secrétaire général du PS Pierre Jouvet, auprès de l’AFP. Pour lui, « de facto c’est la fin d’une étape. Nous, on veut plus d’union et mieux d’union ».

Pour tenter de dépasser les différends, la cheffe des députés écologistes Cyrielle Chatelain propose de réunir en « assemblée générale » les 151 députés de la Nupes « le plus rapidement possible ». Mais pour l’ex-candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot, « nous devons suspendre notre relation avec la direction de La France insoumise tant qu’il n’y a pas une clarification forte sur le socle de valeurs ».

La coalition bat de l’aile depuis longtemps. L’espoir suscité en juin 2022 a en effet été mis à rude épreuve par les violences conjugales d’Adrien Quatennens, la stratégie au moment de la réforme des retraites, la guerre en Ukraine ou les émeutes urbaines. Le parti communiste a déjà fait un pas vers la sortie dimanche en votant une résolution qui constate l’« impasse » de la Nupes et en réclamant « un nouveau type d’union ».

« Position claire »

Au sein du PS, les opposants d’Olivier Faure ont fait pression, en vain, pour obtenir le départ de l’alliance avec LFI. Au nom de « la clarté », la présidente de la région Occitanie Carole Delga, la maire de Paris Anne Hidalgo et le maire de Rouen – rival interne du patron des socialistes – Nicolas Mayer-Rossignol ont annoncé lundi « la suspension immédiate de tout cadre commun d’actions avec LFI ». « Les Français veulent une position claire de la part des socialistes et cette expression claire ce n’est ni un moratoire, ni une suspension », a déclaré l’élue de Paris Lamia El Aaraje.

Mais d’autres refusent d’en finir avec l’union. « On ne sera pas de ceux qui œuvrent à rendre les gauches irréconciliables. Nous ne retournerons pas à l’isolement du PS qui fait les défaites électorales », a prévenu Boris Vallaud dans L’Express. Le moratoire vise à lancer « deux chantiers », précise son collègue Arthur Delaporte. L’un « sur notre manière de travailler à l’Assemblée qui n’est pas satisfaisante » et un deuxième sur « les désaccords de fond que nous devons mettre sur la table ».

L’eurodéputée insoumise Manon Aubry a appelé sur franceinfo à « calmer le jeu ». « Je ne pense pas qu’on puisse faire l’unité en disant qu’on peut la faire sans une partie la plus importante, La France insoumise. »

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