Le RN vent debout contre un reportage de «Complément d’enquête» sur Jordan Bardella

Par Epoch Times avec AFP
19 janvier 2024 09:30 Mis à jour: 19 janvier 2024 12:34

Le Rassemblement national est vent debout contre la diffusion jeudi soir d’un « Complément d’enquête » sur son président Jordan Bardella, dénonçant « une manipulation grossière ». France Télévisions a maintenu la diffusion de l’émission, malgré les menaces de poursuites.

Intitulé « Jordan Bardella : le grand remplaçant », le reportage – se basant sur quatre sources, dont trois anonymes – affirme que la tête de liste du RN pour les européennes aurait utilisé de 2015 à 2017 un compte Twitter sous un pseudonyme pour diffuser des messages racistes, homophobes ou pour insulter des journalistes.

« Cette émission devrait être rebaptisée complément de rien, parce qu’ils arrivent à la faire à partir de rien », s’est emporté sur franceinfo le député et porte-parole du RN Julien Odoul, dénonçant « une manipulation grossière » visant à « discréditer notre liste pour les européennes ».

Un démenti formel de Jordan Bardella

Dès la diffusion mercredi soir d’un teaser de l’émission sur les réseaux sociaux, Victor Chabert, attaché de presse du parti, a contesté avec force l’attribution de ce compte anonyme à Jordan Bardella, qui caracole en tête des sondages pour le scrutin du 9 juin.

« Vous diffusez un tweet mensonger, sans même employer le conditionnel et sans préciser (dans le teaser, ndlr) le démenti de Jordan Bardella qui réfute formellement être l’auteur de ces publications », a-t-il écrit sur X, annonçant des poursuites et une mise en demeure adressée « par huissier à France Télévisions ».

Quant à M. Bardella, il s’est mis en scène sur les réseaux visionnant depuis son bureau un extrait, un bol de pop-corn et une bière devant lui, ironisant sur la « musique qui fait peur » de l’émission. Scotché à l’écran, un post-it rappelant les 4 milliards d’euros de budget à l’audiovisuel public.

France Télévisions a de son côté maintenu la diffusion du « Complément d’enquête », après avoir argué auprès de l’AFP que « cela ne change rien, c’est classique ». « Les sources de @PSFort (Pierre-Stéphane Fort, le journaliste ayant mené l’enquête, ndlr) sont formelles », avait souligné pour sa part sur X le présentateur du magazine d’investigation, Tristan Waleckx.

Le reportage est consacré au jeune président du RN, âgé de 28 ans, à l’ascension politique éclair. Il mentionne un compte Twitter qu’il aurait utilisé sous le pseudonyme de RepNat du Gaito, diffusant une photo de la piscine de Créteil avec la mention « La mer noire », en allusion à la présence de nombreuses personnes de couleur dans le bassin.

Quant à l’ex-numéro 2 du FN, devenu RN, Florian Philippot, interrogé dans l’émission d’investigation, il a assuré à l’AFP « ne pas être en mesure de confirmer » que M. Bardella se soit effectivement caché derrière ce profil. Il a rejeté, en revanche, les accusations du RN qui attribue le compte RepNat du Gaito à l’un de ses « anciens assistants ». « C’est un mensonge grossier qui montre une certaine fébrilité ».

Dans l’émission, Jordan Bardella dément lui-même avoir tweeté sous cette fausse identité : « Je suis désolé de vous décevoir, mais je n’ai qu’un seul compte Twitter », a-t-il répondu mardi à France 2.

« Une coquille vide »

Avant même la diffusion du reportage, les députés écologistes ont annoncé saisir le procureur de la République. « Au regard du caractère ouvertement raciste et homophobe de ces messages, il paraît désormais indispensable de mettre en mouvement l’action publique afin d’identifier précisément l’auteur de ces messages postés sur un compte Twitter anonyme dès lors que ceux-ci sont susceptibles de constituer une infraction pénale », arguent-ils dans une lettre.

Ce « Complément d’enquête » relate aussi le début de la carrière politique de Jordan Bardella, avec une interview de l’ancien journaliste Pascal Humeau qui lui a donné des cours pour s’exprimer dans les médias. « C’était une coquille vide. En termes de fond, il était plutôt limité », assure ce spécialiste de média training qui raconte lui avoir appris à sourire.

Les équipes de « Complément d’enquête » se sont aussi rendues au Parlement européen à Strasbourg pour enquêter sur les activités de l’eurodéputé. « Je ne l’ai jamais vu », affirment le socialiste luxembourgeois Marc Angel et la nationaliste galicienne Ana Miranda, qui siègent tous deux avec lui à la Commission des pétitions.

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