Les avantages du bilinguisme sur le cerveau

1 mars 2016 03:50 Mis à jour: 15 août 2016 07:10

Plus de la moitié de la population mondiale est bilingue ou multilingue, ce qui veut dire que si vous ne parlez qu’une seule langue, vous êtes une minorité. Par contre, aux États-Unis, seulement une personne sur quatre parle une langue seconde assez bien pour tenir une conversation. Au Canada, comme au Québec, c’est une personne sur cinq qui déclare parler une autre langue que sa langue maternelle (selon les données du recensement 2011).

Il existe des avantages évidents à être bilingue, comme l’habilité à communiquer avec des gens partout dans le monde pour les affaires ou simplement pour socialiser. En Amérique du Nord, la majorité des gens croient que l’apprentissage d’une langue seconde est important, mais pas essentiel.

En revanche, dans d’autres coins du monde, plusieurs langues peuvent être utilisées à l’intérieur d’un petit territoire géographique. Même si votre vie à la maison ne nécessite pas l’usage d’une autre langue, une vie professionnelle dans un monde de réseautage virtuel, comme celui qui nous entoure actuellement, le nécessite probablement.

Ceci fait du multilinguisme une habileté très prisée. Par exemple, 722 langues différentes sont parlées en Indonésie, 445 en Inde et plus de 200 en Australie et au Canada. Dans certaines régions, les enfants peuvent parler une langue à la maison et une autre à l’école.

L’acquisition d’une langue ne représente pas seulement des avantages pour la communication, elle apporte aussi des bienfaits pour la santé.

Comment le bilinguisme peut-il être bénéfique pour votre cerveau?
Le langage est une tâche complexe pour le cerveau, une tâche qui demande encore plus de ressources lorsqu’on est bilingue.

(Lilia Luna/Epoch Times)
(Lilia Luna/Epoch Times)

Bien qu’on croyait par le passé que les enfants qui grandissaient avec deux langues ou plus étaient désavantagés, il s’avère que ce travail mental apporte des bienfaits et peut rendre votre cerveau plus efficace lors du traitement d’information, même à des âges avancés.

Pour commencer, les cerveaux bilingues comportent plus de matière grise, y compris les neurones utilisés à travers les processus cognitifs en général ainsi que ceux de haut niveau. En plus, en comparaison avec les gens unilingues, les bilingues jouissent :

  • de plus d’aptitudes de contrôle cognitif ;
  • de plus de flexibilité mentale ;
  • de plus de facilité à mener des tâches demandant des changements, de l’inhibition ainsi que le suivi et le contrôle de conflit.

Ces avantages s’appliquent à tous les âges, des enfants aux personnes âgées. Les enfants bilingues semblent en profiter au niveau du fonctionnement de la mémoire visuospatiale et verbale en comparaison avec les enfants unilingues.

Chez les aînés, être bilingue peut présenter encore plus d’avantages. Les recherches suggèrent que les aînés bilingues ont plus de réserve cognitive, un « mécanisme de protection qui augmente l’habilité du cerveau à faire face aux pathologies ».

C’est une des raisons qui peut expliquer pourquoi les symptômes de déclin cognitif sont retardés chez les personnes bilingues (jusqu’à 4,5 ans) en comparaison avec la situation chez les personnes unilingues, même dans les cas de démence, y compris la maladie d’Alzheimer. En d’autres termes, être bilingue semble repousser le déclin cognitif. Selon une étude en neurologie :

« […] le bilinguisme tout au long de la vie offre une protection contre l’émergence de la maladie d’Alzheimer. Cet effet ne semble pas pouvoir être attribuable à d’autres facteurs confondants tels que l’éducation, le statut professionnel ou l’immigration. Il semble donc que le bilinguisme pourrait contribuer à la réserve cognitive qui compense les effets cumulés des neuropathologies. »

Être bilingue pourrait transformer les structures neurologiques de votre cerveau

La structure et l’activation neuronale des cerveaux bilingues présentent des différences en comparaison avec celles des cerveaux unilingues. Il existe aussi des différences pour les cerveaux bilingues entre eux, différences qui pourraient être causées par les différentes expériences propres à chaque individu.

Les recherches suggèrent que les aînés bilingues ont plus de réserve cognitive, un « mécanisme de protection qui augmente l’habilité du cerveau à faire face aux pathologies ».

Par exemple, les gens peuvent apprendre deux langues à partir de la naissance (bilinguisme simultané) ou ils peuvent avoir appris une langue seconde plus tard dans leur vie (bilinguisme d’acquisition). Aussi, certaines personnes peuvent passer d’une langue à l’autre souvent et être compétentes dans les deux langues tandis que chez d’autres, il y a une langue dominante.

Parmi les gens bilingues qui ont une plus grande compétence dans une langue seconde et qui ont fait l’acquisition de cette langue en bas âge, le volume de matière grise du cortex pariétal inférieur gauche est accru. On croit que cela peut jouer un rôle permettant à l’individu de maintenir un équilibre entre les deux langues.

Le volume de matière blanche change aussi chez les enfants bilingues ainsi que chez les adultes plus âgés. Ce qui suggère qu’être bilingue peut « non seulement changer la façon dont les structures neurologiques traitent l’information, mais cela peut aussi modifier les structures elles-mêmes ».

Cette information provient d’un rapport produit par Viorica Marian, Ph.D., directrice du département de Communication Sciences and Disorders de l’Université Northwestern, située en banlieue nord de Chicago, et son collègue Anthony Shook. Ils poursuivent :

« Les avantages cognitifs et neurologiques du bilinguisme s’étendent de la petite enfance à l’âge avancé alors que le cerveau devient plus efficace dans le traitement d’information et prévient le déclin cognitif.

En plus, l’intérêt et les bienfaits anti-âge […] ne sont pas exclusifs aux gens qui sont bilingues de naissance ; ils sont aussi observés chez les gens ayant appris une langue seconde plus tard dans leur vie.

Un plus grand contrôle cognitif qui vient avec l’expérience bilingue représente seulement un des avantages dont profitent les gens bilingues.

Malgré certaines limitations linguistiques observées chez les gens bilingues (ex. : une plus grande difficulté à nommer), le bilinguisme est associé à une grande conscience métalinguistique (l’habileté à reconnaître la langue en tant que système pouvant être manipulé et exploré) ainsi qu’à une meilleure mémoire, à de bonnes habiletés visuospatiales et même à la créativité. »

Vous pouvez encore apprendre une nouvelle langue à l’âge adulte

On présume en général qu’apprendre une deuxième langue pendant l’enfance est plus facile qu’à l’âge adulte, mais ce n’est pas nécessairement le cas. En fait, certaines recherches linguistiques suggèrent que les adultes pourraient être meilleurs à l’apprentissage d’une langue que les enfants, dans de bonnes conditions.

Un des avantages des adultes, c’est la connaissance inhérente du langage – comment on construit une phrase, les éléments de grammaire, la ponctuation et l’orthographe, la compréhension conceptuelle d’une langue ; toutes ces habiletés sont en développement chez les enfants.

Les enfants excellent dans la prononciation, parce qu’ils ont plus de facilité à identifier les différences et variations sonores subtiles. À cet effet, un enfant sera meilleur pour imiter les sons d’une nouvelle langue, tandis qu’un adulte aura de la difficulté à parler la langue sans accent.

Néanmoins, une prononciation déficiente n’est pas un indice du niveau de maîtrise et n’interférera normalement pas pendant la communication. Les enfants ont aussi des standards de maîtrise plus bas que les adultes, qui doivent avoir une connaissance plus grande des langues pour leur permettre de converser sur un éventail plus vaste de sujets.

Les enfants, quant à eux, peuvent apprendre une langue dans le contexte scolaire ou bien à la maison, ce qui leur permet une plus grande facilité à pratiquer. Lorsqu’on place les adultes dans ce genre de contexte, ils réussissent généralement à apprendre la langue.

Comme on le rapporte dans The Telegraph, « Les adultes qui ne réussissent pas à apprendre une autre langue sont souvent ceux qui apprennent à la maison en utilisant des programmes informatiques ou des applis. Sans le soutien d’un professeur ou de partenaires de conversation réguliers, l’étude est souvent non structurée. »

Des recherches publiées dans Frontiers in Psychology poursuivent :

« Concernant l’expérience bilingue, bien qu’il soit généralement vrai que le plus tôt l’apprentissage d’une seconde langue (L2) est fait, le plus tôt on en obtiendra la maîtrise de façon équivalente à la langue maternelle [c.-à-d. l’effet de l’âge d’acquisition (AoA)], […] il est maintenant accepté qu’il est possible de développer de hauts niveaux de maîtrise de L2 malgré son apprentissage tardif.

Ce qui est encore plus encourageant, la preuve est maintenant faite que le cerveau présente une malléabilité considérable résultant de l’expérience de l’apprentissage d’une langue, entraînant des changements autant fonctionnels que neuro-anatomiques tout au long de la vie. »

Alors, si vous êtes un adulte qui aimerait apprendre une seconde langue, il n’est pas trop tard. Pour de meilleurs résultats, vous pourriez considérer suivre un cours dans une institution où vous pourriez recevoir un soutien régulier et trouver des partenaires de conversation au lieu d’apprendre par vous-même.

Pour de plus amples informations: Une conférence TED (en anglais avec sous-titres français) :

Version originale : The Brain Benefits of Being Bilingual

 

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