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Les Boliviens élisent leur président un an après la démission de Morales

octobre 19, 2020 10:50, Last Updated: octobre 19, 2020 10:51
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Près d’un an après la démission de l’ex-dirigeant socialiste Evo Morales, les Boliviens votaient dans le calme dimanche pour élire leur président dans un pays fortement polarisé, où de nombreux appels ont été lancés pour éviter une nouvelle crise politique.

Pour la première fois depuis 20 ans, Evo Morales (2006-2019), emblématique dirigeant de la gauche sud-américaine, n’est pas candidat à la présidence. Le 10 novembre 2019, il avait démissionné en pleine crise politique, accusé de fraude par l’opposition, alors qu’il briguait un quatrième mandat.

Son dauphin et ex-ministre de l’Economie, Luis Arce, 57 ans, candidat pour le Mouvement vers le socialisme (MAS), et son principal rival, l’ex-président centriste Carlos Mesa, 67 ans, sont les favoris parmi six candidats.

Les bureaux de vote ont ouvert à 08H00 locale (12H00 GMT) et fermeront à 17H00 (21H00 GMT). En revanche les résultats ne devraient pas être connus rapidement : le tribunal électoral a fait savoir samedi que, pour éviter de générer des incertitudes et des tensions, aucun résultat préliminaire ne serait divulgué.

« Nous n’aurons pas le résultat officiel et final dimanche soir. Nous allons nous donner quelques heures de plus, et il est important que les citoyens fassent preuve de patience car le résultat sera fiable, quoiqu’un peu plus lent », a justifié son président, Salvador Romero.

Cette suspension de dernière minute « n’est pas très judicieuse » car « cela pourrait générer des doutes » sur les résultats, a estimé M. Arce, qui a voté dans une école du centre-ville de La Paz.

« Ce n’est pas idéal, mais nous comprenons que (le tribunal électoral) a choisi cette voie pour garantir la sûreté absolue du vote et surtout le décompte officiel » des voix, a réagi M. Mesa, après avoir voté dans un quartier résidentiel de la capitale.

Selon les derniers sondages, M. Arce arrive en tête des intentions de vote au premier tour, mais ne devrait pas échapper à un second tour, prévu le 29 novembre.

Quelque 7,3 millions de Boliviens sont appelés à élire leur président, mais aussi leur vice-président, et à renouveler l’ensemble du Parlement, actuellement dominé par le MAS.

Par contraste avec la campagne électorale tendue, la journée de vote se déroulait pour l’heure dans le calme, même si de façon plus lente qu’habituellement en raison du protocole sanitaire lié à la pandémie de coronavirus.

De nombreux Boliviens craignent toutefois une répétition des violences qui avaient fait 36 morts l’an dernier. Ils se sont rués ces derniers jours dans les commerces pour s’approvisionner en nourriture, gaz et essence.

« Je ne sais vraiment pas ce qu’il va se passer, j’ai peur que cela soit encore pire », a confié à l’AFP Virginia Luna, 41 ans, qui a voté dans un lycée de la capitale.

« Je voudrais que le prochain président soit un candidat qui aide les gens de la campagne, les pauvres », explique Silverio Chirinos, un agriculteur de 69 ans.

« Ces élections ouvrent un nouveau cycle pour l’histoire politique du pays, la fin du cycle de gouvernement d’Evo Morales et de la crise politique », estime le politologue Carlos Cordero, de l’Université Mayor de San Andrés (UMSA).

De facto, ce scrutin mettra fin au gouvernement intérimaire dirigé par la conservatrice Jeanine Áñez. Elle a retiré sa candidature face aux fortes critiques sur sa gestion de la pandémie, qui a fait plus de 8.400 morts dans ce pays de 11 millions d’habitants.

Pour assurer la transparence du scrutin, la composition du tribunal électoral a été renouvelée. Parallèlement, l’Organisation des Etats américains (OEA), l’Union européenne, l’Union des organisations électorales d’Amérique (UNIORE) et la Fondation Carter ont envoyé des observateurs.

L’ONU, l’UE et l’Eglise catholique ont appelé à un vote « pacifique » et au respect des résultats.

Depuis l’Argentine où il est réfugié, Evo Morales, qui ne pouvait pas se représenter, a lui-même lancé dimanche un appel pour que « le résultat des élections soit respecté par tous ».

« Il est très important que tous les Boliviens et tous les partis politiques attendent calmement que chaque vote … soit pris en compte », a déclaré M. Morales.

La Constitution déclare vainqueur au premier tour le candidat qui obtient la majorité absolue ou 40 % des voix avec un avantage de 10 points sur le second. Sinon un second tour a lieu.

En 2019, le dépouillement avait été suspendu pendant plus de 20 heures. A sa reprise, Evo Morales avait été déclaré vainqueur dès le premier tour.

L’opposition avait dénoncé des fraudes et des heurts avaient eu lieu entre partisans et détracteurs du MAS dans plusieurs villes du pays. Lâché par la police et l’armée, Evo Morales avait finalement démissionné, avant de fuir au Mexique puis en Argentine.

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