Les États américains interdisent les voitures à essence malgré les coûts humains et environnementaux liés aux véhicules électriques

Par Katie Spence
22 septembre 2022 12:40 Mis à jour: 22 septembre 2022 12:40

Dans le plus grand dépôt marin du Chili, appelé Salar d’Atacama, les habitants assistent, impuissants, à l’appauvrissement et à la mort de leurs terres ancestrales. Leurs précieuses ressources hydriques s’évaporent dans les « salars » (déserts de sel) saumâtres.

En République démocratique du Congo, l’espoir d’une vie meilleure s’évanouit lorsque des groupes extrémistes, coordonnés par l’Ouganda et bien financés, forcent des enfants d’à peine 6 ans à travailler dans des mines de cobalt.

Aux États-Unis, les autochtones de Fort McDermitt, dans le Nevada, et les propriétaires de ranchs locaux se battent pour protéger un site sacré et des terres agricoles qui seront détruits par la compagnie minière Lithium Nevada dans les prochains jours.

Parallèlement, en Californie et dans d’autres États, des représentants politiques tels que le gouverneur Gavin Newsom (Parti démocrate-Californie) se félicitent de leur politique « agressive » en matière d’environnement. Chacun se félicite d’interdire les véhicules à essence, et de participer à « la révolution vers un futur avec des transports à zéro émission ».

Les coûts cachés

Selon des représentants politiques tels que M. Newsom et le président Joe Biden, les véhicules électriques sont dits « à zéro émission » (VZE) parce qu’ils utilisent des batteries lithium-ion (c.-à-d. composées de lithium, de cobalt, de graphite et d’autres matériaux) au lieu de l’essence.

Ainsi, à partir de 2035, la Californie interdira la vente de véhicules à essence. Plusieurs autres États prévoient d’emboîter le pas. L’objectif à atteindre est une « étape critique dans notre lutte contre le changement climatique », clament certains sur Twitter.

Selon une déclaration de Biden, l’interdiction des véhicules à essence « permettra aux consommateurs d’économiser de l’argent, de réduire la pollution, d’améliorer la santé publique, de faire progresser la justice environnementale et de lutter contre la crise climatique ».

Toutefois, John Hadder, directeur du Great Basin Resource Watch, n’est pas de cet avis. Ce dernier explique pour Epoch Times que les pays « industriels » risquent d’effectuer la transition vers les véhicules électriques au détriment des autres.

Prototype de la voiture électrique Nissan Leaf est exposé lors de l’avant-première de presse du North American International Auto Show au Cobo Center le 12 janvier 2010 à Detroit, Michigan. (Photo par Bryan Mitchell/Getty Images)

« La croissance de l’exploitation minière [du lithium] aura des conséquences immédiates pour les communautés locales qui accuse le ‘coup’. »

Par exemple, la ville de Copiapó, la capitale de la région d’Atacama au Chili, abrite l’une des plus grandes réserves de lithium connues au monde.

« Nous avions une rivière avant, qui maintenant n’existe plus. Il n’y a pas une goutte d’eau », déclare Elena Rivera Cardoso, présidente de la communauté indigène Colla de la commune de Copiapó, au  National Resources Defense Council (NRDC).

Selon elle, toute l’eau du Chili est en train de disparaître en raison de cette mine de lithium.

« Dans tout le Chili, des rivières et des lacs ont disparu – tout cela parce qu’une entreprise jouit de beaucoup plus de droits sur l’eau que nous, êtres humains ou citoyens du Chili. »

Mine de lithium de la Albemarle Corp. dans le désert d’Atacama, le 24 août 2022 au Chili. (John Moore/Getty Images)

Confirmant la déclaration de Mme Cardosa, l’Institute for Energy Research rapporte en outre que 65% des ressources hydriques, déjà rares dans la région, sont ravagées par les activités minières.

Cela entraîne le déplacement des communautés autochtones qui vivent à Atacama depuis plus de 6000 ans. Le sol craquelé et sec oblige les agriculteurs et les éleveurs de bétail à abandonner leurs terres ancestrales, selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

Projet de mine dans le nord du Nevada

Les communautés du nord du Nevada se battent actuellement pour éviter de perdre leurs terres ancestrales au profit d’une mine de lithium dont l’activité sera destinée à les détruire.

« Les communautés agricoles situées de part et d’autre du col risquent d’être changées à jamais », déclare M. Hadder à Epoch Times. « La [mine de Thacker Pass] pourrait affecter la capacité à pratiquer l’agriculture et l’élevage dans la région. La qualité de l’air se dégradera (…) et une pénurie d’eau accrue est probable. »

Thacker Pass. (Lithium Americas)

M. Hadder souligne que le puits Quinn-Production situé dans le bassin hydrographique de la région d’Orovada, qui fournit l’eau à la mine de lithium Thacker Pass, est déjà fortement surexploité.

Toutefois, le manque d’eau n’est pas la seule préoccupation de la population locale concernant Thacker Pass, dit-il.

« [Le Congrès national des Indiens d’Amérique] est profondément préoccupé par le fait que la mine menacera la communauté avec des camps d’hommes et une main-d’œuvre importante. Il a été démontré que l’installation de camps d’hommes à proximité des réserves est fortement corrélée à une augmentation des agressions sexuelles, de la violence domestique et du trafic sexuel. »

Cette préoccupation est légitime. En 2014, les Nations unies ont constaté que les « industries extractives », c.-à-d. les mines, entraînent une augmentation des cas de harcèlement sexuel, de violence, de viol et d’agression dans leurs régions d’accueil, dus à la présence de « camps d’hommes » ou d’employés de la mine.

En 2019, l’U.S. Bureau of Justice Statistics a publié une étude abondant dans le même sens. Une augmentation de 70% des crimes violents a été constaté « [dans les zones] caractérisées par une croissance de l’industrie extractive. Une telle augmentation n’a pas été observée dans les comtés adjacents sans activité minière ».

L’expérience des mineurs congolais

Les habitants de la République démocratique du Congo (RDC) en savent quelque chose.

Dans son rapport de 2022, l’U.S. Geological Survey indique qu’en 2021, plus de 70% de la production mondiale de cobalt provenait de la RDC et que le sud du pays renfermait environ 3,5 millions de tonnes métriques de cobalt, soit près de la moitié de l’offre mondiale connue.

Il s’agit également de l’un des pays les plus pauvres du monde, en proie à des crises humanitaires, dont certaines sont directement causées par l’exploitation minière, selon le Wilson Center, une organisation non partisane.

Enfant passe devant un camion transportant des roches extraites d’une mine de cobalt dans une carrière de cuivre et de cobalt à Lubumbashi, en République démocratique du Congo, le 23 mai 2016. (Junior Kannah/AFP via Getty Images)

En décembre 2021, des chercheurs de l’Université Northwestern ont réalisé une analyse du cycle de vie liée à l’extraction des matières premières nécessaires à la production des véhicules électriques et ont publié leur article dans la revue One Earth.

Ils ont constaté que l’extraction du cobalt était, entre autres, associée à une augmentation de la violence, à des problèmes de santé physique et mentale, à la toxicomanie, à l’insécurité alimentaire et à des pénuries d’eau. Ils notent également que les membres des communautés locales ont perdu des terres communales, des terres agricoles et leurs maisons, alors que les mineurs les creusent pour extraire le cobalt.

« On pourrait penser que l’exploitation minière consiste simplement à creuser quelque chose », a déclaré Sera L. Young, professeur associé d’anthropologie à l’université Northwestern. « Mais ils ne creusent pas sur un terrain vacant. Les terres natales sont exploitées. Les gens creusent littéralement des trous dans le sol sous leur salon. Les répercussions de l’exploitation minière peuvent toucher presque tous les aspects de la vie. »

Ce « tous les aspects de la vie » inclut les enfants. En RDC, on estime à 40.000 le nombre d’enfants qui travaillent dans les mines dans des conditions d’esclaves – certains n’ont même pas 6 ans. Initialement, on espérait que le président de la RDC, Felix Tschisekedi, mettrait un terme à ces abus, mais aujourd’hui, ces espoirs sont minces.

Mineurs sur le site d’exploitation artisanale de cassitérite de Kalimbi, au nord de Bukavu, en République démocratique du Congo, le 30 mars 2017. (Griff Tapper/AFP via Getty Images)

Dans son discours devant le Congrès américain le 14 juillet, la directrice chargée des crises et des conflits à Human Rights Watch, Ida Sawyer, a déclaré que « le travail des enfants et d’autres violations graves des droits de l’homme dans le secteur minier restent répandus, et ces défis ne deviennent que plus difficiles à relever dans un contexte de corruption endémique ».

« Les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe islamiste armé ougandais et lié à l’État islamique (ISIS) (…) ainsi que leurs soutiens parmi l’élite politique et militaire congolaise, contrôlent les lucratives ressources minières, les terres et les rackets fiscaux. »

Selon le Wilson Center, on estime à 255.000 le nombre de mineurs congolais qui travaillent à l’extraction de cobalt, principalement à la main.

« À mesure que la demande mondiale de ressources minérales congolaises augmente, les dangers qui y sont associés suscitent des inquiétudes quant aux droits de l’homme des mineurs congolais. »

Et les violations des droits de l’homme ne sont pas la seule préoccupation liée à l’exploitation du cobalt. Le Wilson Center déclare : « L’extraction des ressources minérales de la RDC inclut les coupes forestières et la construction de routes, ce qui a un impact négatif sur l’environnement et la biodiversité (…) Les opérations d’extraction du cobalt génèrent des émissions incroyablement élevées de dioxyde de carbone et de dioxyde d’azote et une consommation d’électricité substantielle. Ces émissions contribuent au fait que l’Afrique produit 5% des émissions de dioxyde de carbone dans le monde. »

Le gouverneur de la Californie, Gavin Newsom, à Los Angeles, le 29 septembre 2021. (John Fredricks/Epoch Times)

Pendant ce temps, en Californie, Gavin Newsom salue les progrès de son État pour s’éloigner des combustibles fossiles.

« Les objectifs annuels de ce plan – [qui sont d’atteindre] 35% de ventes des véhicules zéro émission d’ici 2026, 68% d’ici 2030 et 100% d’ici 2035 – constituent notre feuille de route pour réduire les dangereuses émissions de carbone et abandonner les combustibles fossiles. Cela représente 915 millions de barils de pétrole d’émissions qui ne pollueront pas nos communautés. »

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