Les hôpitaux chinois libèrent des patients atteints du coronavirus avant qu’ils ne soient rétablis complètement

Par Eva Fu
22 février 2020 18:21 Mis à jour: 22 février 2020 21:00

Elle était encore sous oxygène lorsque le médecin lui a dit qu’elle devait rentrer chez elle.

Elle ne pouvait pas s’arrêter de tousser. Trop de liquide remplissait ses poumons à cause de l’infection virale, provoquant des douleurs à la poitrine et lui rendant la respiration difficile.

« Ses membres étaient si faibles qu’elle tombait en allant aux toilettes. Elle ne pouvait pas sortir de sa chambre », a écrit sa fille, Zhang, dans un message sur les médias sociaux pour attirer l’attention du public.

Malgré cela, les résultats de son test nucléique se sont révélés négatifs, et pour l’hôpital, c’était une raison suffisante pour la faire sortir. Le 16 février, ils ont cessé de lui administrer tout traitement, à l’exception de quelques médicaments contre la toux, selon Zhang. Quatre jours plus tard, ils ont envoyé une voiture, et elle était en route.

Le gouvernement a dit qu’il allait « hospitaliser tous ceux qui devraient l’être », a déclaré Zhang, citant le slogan d’une récente campagne de contrôle de l’épidémie du coronavirus de Wuhan (COVID-19) dans le Hubei pour localiser tous les patients qui en sont atteints.

« Vous les avez peut-être admis, mais ensuite vous renvoyez ceux qui ne se sont pas rétablis. » La patiente, dont le nom a été omis pour des raisons de sécurité, est resté à l’hôpital Zhongnan de Wuhan pendant 25 jours.

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« Ces personnes seront-elles porteuses du virus ? Et si elles le propagent davantage ? » Elle a déclaré au journal Epoch Times que les scanners de sa mère montraient « une fibrose claire dans la zone infectée » et un épaississement de la pleur.

Zhang a affirmé que de nombreux patients ont été libérés de la même manière, ce qui a jeté un doute sur l’authenticité des chiffres officiels chinois. Au moins quelques-uns d’entre eux ont été réinfectés, selon Zhang. « Il y a beaucoup de fausses vérités dans les déclarations de guérisons », a-t-elle déclaré.

Cas dissimulés

Les responsables chinois et les médias ont fait état de cas où des patients avaient toujours le virus au moment où ils ont obtenu leur congé de l’hôpital.

Le 19 février, un patient considéré comme guéri du coronavirus à Chengdu, la capitale de la province du sud-ouest du Sichuan, a été de nouveau hospitalisé après avoir été diagnostiqué porteur du virus. La personne a quitté l’hôpital le 10 février et est restée chez elle en auto-quarantaine depuis lors.

Lei Xuezhong, vice-directeur du centre des maladies infectieuses de l’hôpital de la Chine occidentale et expert aidant au contrôle des épidémies dans le Sichuan, a déclaré que cette affaire requiert des normes de tests de laboratoire plus strictes. Ils vont augmenter la fréquence des tests de diagnostic de deux à trois afin d’augmenter la précision, selon le média local Red Star News. Lorsqu’on lui a demandé s’il s’agissait d’une rechute de la maladie, M. Lei a écarté cette possibilité, affirmant qu’elle résultait probablement de la manifestation dans l’organisme d’une petite quantité de virus restant et qu’elle ne devrait pas provoquer d’anxiété au sein du public.

Une patiente surnommée Tang dans le Hunan, situé au sud de Hubei, a quitté l’hôpital le 4 février après avoir été déclarée guérie du virus, selon les médias locaux. Les scanners ont trouvé de petites ombres dans la zone de ses poumons. Trois jours plus tard, elle a été hospitalisée à nouveau après s’être plainte d’une faible fièvre et d’une toux sèche. Ses infections pulmonaires s’étaient aggravées. Elle a été diagnostiquée positive lors de son quatrième test, le 9 février.

Les deux premiers cas de coronavirus en Ontario, au Canada, un couple dans la cinquantaine, ont également été diagnostiqués porteurs du virus et ils ont été confinés chez eux le 13 février.

Une femme chinoise porte un masque de protection alors qu’elle marche dans la rue à Pékin, en Chine, le 20 février 2020. (Kevin Frayer/Getty Images)

Questions sur les chiffres

Le manque de cohérence des chiffres officiels chinois a également fait l’objet d’une surveillance internationale récemment. Le gouvernement de Hubei, dont Wuhan est la capitale, a modifié à trois reprises les méthodes de comptage des cas au cours des deux dernières semaines.

Ces changements ont semé la confusion le 20 février, lorsque la Ville de Wuhan a signalé 615 nouveaux cas confirmés, soit des centaines de plus que le total provincial de 349. Les fonctionnaires ont déclaré que les chiffres plus élevés de Wuhan étaient dus au fait que la Chine avait conseillé à la province de ne plus comptabiliser le nombre de patients cliniquement malades dont les tests de laboratoire avaient été révélés négatifs.

Il s’agit d’un renversement de la ligne directrice précédente, qui a conduit à une multiplication par dix du nombre de cas recensés le 12 février, pour atteindre 14 840, dont plus de 13 300 sont des patients diagnostiqués cliniquement.

Marquant un autre changement vendredi, la commission de la santé du Hubei a annoncé qu’elle allait ajouter les données manquantes de la veille, et que ceux qui ont fait le changement précédent seront tenus pour responsables.

Nulle part où aller

L’hôpital Zhongnan, où la mère de Zhang a séjourné, a annoncé son intention d’ajouter 2 000 lits supplémentaires mercredi, la veille du renvoi de sa mère chez elle.

Le personnel médical marchant parmi des patients présentant des symptômes légers du coronavirus COVID-19 se reposant la nuit dans l’hôpital temporaire installé dans un centre sportif à Wuhan, dans la province centrale du Hubei en Chine, le 18 février 2020. (STR/AFP via Getty Images)

Son cas reste en suspens – les hôpitaux de fortune, appelés fangcang, qui accueillent les patients suspects et ceux qui présentent des symptômes légers, ont refusé de l’admettre, estimant que son état était trop grave. Le comité du quartier chargé d’organiser l’hospitalisation des résidents a déclaré ne rien pouvoir faire puisque l’hôpital ne relève pas de sa compétence. L’hôpital de leur district ne dispose pas non plus de capacité supplémentaire.

Le journal Epoch Times s’est entretenu avec des familles de patients qui ont sauté du haut d’immeubles pour mourir après s’être vu refuser un traitement. Zhang a précisé qu’elle connaissait également au moins quatre ou cinq habitants infectés qui ont tenté de se suicider par pur désespoir.

« Bien sûr, les ressources médicales sont limitées, mais vous ne pouvez pas seulement viser un taux de guérison et ignorer les besoins des patients », a écrit Zhang dans un message maintenant supprimé.

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