On se méfie de plus en plus des données chinoises sur la propagation du coronavirus

Par Eva Fu
21 février 2020 18:20 Mis à jour: 21 février 2020 18:22

Les chiffres contradictoires de nouveaux cas de coronavirus signalés par deux autorités régionales chinoises le 20 février ont semé la confusion et soulevé d’autres questions sur la fiabilité des données annoncées par le régime chinois sur la propagation de l’épidémie.

Selon la Commission nationale chinoise de la santé, 615 nouveaux cas de contamination ont été confirmés jeudi à l’épicentre du virus dans la ville de Wuhan, capitale de la province du Hubei – soit des centaines de plus que le total des 349 nouveaux cas signalés par la province elle-même.

Les autorités sanitaires chinoises ont déclaré que les chiffres plus élevés de Wuhan résultaient d’un changement dans la façon de compter les infections conformément à une nouvelle directive qui était entrée en vigueur un jour plus tôt. C’est la deuxième modification en un mois de la méthode de comptage officielle dans la province du Hubei.

Les responsables n’ont pas donné d’explication des raisons de ce nouveau changement.

La confusion qui a suivi la modification des critères de déclaration de la maladie a renforcé les sentiments de méfiance à l’égard des informations publiées par le régime. La libre circulation de l’information sur la gravité de l’épidémie a été limitée en Chine par le biais d’une censure stricte des médias et des discussions en ligne. Entre-temps, les chiffres officiels de l’infection sous-estimaient l’ampleur de l’épidémie, car de nombreux patients suspectés d’être atteints par le virus ne pouvaient pas obtenir de diagnostic officiel.

Des normes changeantes

Pendant plus d’une semaine, à la suite du changement de la méthode de comptage, les autorités de la province du Hubei ne rapportaient que les cas confirmés de patients dont les scanners avaient révélé des infections pulmonaires – connus sous le nom de « patients cliniquement diagnostiqués ». Avant cela, seuls ceux qui avaient été testés positifs par le biais de kits de diagnostic officiels – appelés tests d’acide nucléique – étaient traités comme des cas confirmés.

Lorsque la nouvelle méthodologie a été mise en place le 12 février, le nombre de nouveaux cas dans le Hubei a presque décuplé pour atteindre près de 15 000 cas, dont plus de 13 000 étaient des cas diagnostiqués cliniquement.

La nouvelle directive, publiée le 19 février – la sixième depuis l’apparition du coronavirus en Chine – conseille à la province de n’inclure que deux nombres dans le décompte des cas : les cas suspects et les cas confirmés, ce qui correspond à la façon dont les autres provinces et pays le rapportent.

Un tel changement a conduit à une baisse drastique du nombre quotidien de nouveaux cas, qui ne faisait qu’une cinquième des 1 693 cas signalés la veille.

La Commission nationale de la santé a déclaré que le chiffre de 349 cas dans le Hubei était attribuable au fait que 279 patients diagnostiqués cliniquement ont été retirés du décompte, car ils ont ensuite été testés négatifs grâce aux tests d’acide nucléique.

Des chiffres peu fiables

William Schaffner, professeur à la division des maladies infectieuses de la faculté de médecine de l’université Vanderbilt et directeur médical de la Fondation nationale pour les maladies infectieuses, a déclaré que le changement de la façon de compter des cas de contamination avait rendu difficile aux spécialistes étrangers d’évaluer le développement de l’épidémie.

« Si on change la façon de compter, au fil du temps, les chiffres ne sont pas fiables », a-t-il expliqué à Epoch Times.

« Tous ceux d’entre nous qui regardent ces chiffres se cassent la tête – nous ne pouvons pas dire si la transmission du virus a été réduite ou non à cause de la quarantaine. Nous ne pouvons pas le dire, car ils continuent à compter les cas d’une manière différente. »

La clé, a précisé M. Schaffner, est la cohérence. Si un changement est nécessaire, il faut en expliquer clairement les raisons et « s’en tenir à la nouvelle méthode au fil du temps ».

« On ne la change pas deux fois par semaine, car c’est très déroutant. Cela doit être déroutant pour les gens qui l’examinent, ainsi que pour tous les autres », a-t-il martelé.

Le manque de clarté dans la définition des cas ainsi que dans la disponibilité d’information a créé des difficultés pour les épidémiologistes qui tentent d’évaluer la propagation de l’épidémie.

Selon M. Schaffner, les changements de la méthode de comptage « vous rendent tout d’abord confus et méfiant : pourquoi y a-t-il toute cette confusion ? ».

L’épidémie a, selon les chiffres officiels, provoqué des dizaines de milliers d’infections en Chine ainsi que plus de 2 000 décès dans ce pays. Il y a au moins 1 073 cas en dehors de la Chine, dont 621 sur le bateau de croisière Diamond Princess mis en quarantaine au large des côtes japonaises.

Au moins 29 étrangers ont été diagnostiqués avec le coronavirus en Chine. Deux d’entre eux, un citoyen américain et un ressortissant japonais, sont morts de la maladie, selon le ministère des Affaires étrangères de ce pays.

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