Les pailles écologiques à base de plantes contiennent des «produits chimiques éternels» toxiques, selon une étude

Par Naveen Athrappully
27 août 2023 11:34 Mis à jour: 27 août 2023 12:24

Selon une récente étude, les pailles à base de plantes, largement vantées comme étant écologiques, contiennent des « produits chimiques éternels » qui sont connus pour endommager l’environnement et être nocifs pour la santé humaine.

Les « produits chimiques éternels », également connus sous le nom de substances poly- et perfluoroalkylées (PFAS), constituent un groupe de plus de 12.000 produits chimiques fabriqués, connus pour leurs propriétés imperméables et antiadhésives. Dans une étude publiée le 24 août par Taylor & Francis, des chercheurs examine les concentrations de PFAS dans 39 marques de pailles vendues sur le marché belge et fabriquées à partir de cinq matériaux : papier, bambou, verre, acier inoxydable et plastique.

« Les PFAS sont présents dans presque tous les types de pailles, mais principalement dans celles fabriquées à partir de matériaux d’origine végétale », tel que le papier et le bambou, indique l’étude.

Ces pailles « écologiques » à base de plantes ne constituent pas nécessairement une alternative plus durable aux pailles en plastique, car elles peuvent constituer une source supplémentaire d’exposition aux PFAS chez l’homme et dans l’environnement.

Les pailles les plus écologiques sont celles en acier inoxydable. Ces pailles peuvent être réutilisées, ne contiennent pas de PFAS et sont entièrement recyclables.

Les PFAS sont appelés « produits chimiques éternels » car ils ne se décomposent que lentement, mettant des milliers d’années à se décomposer, et causant des dommages irréversibles à la faune et la flore. Ils sont notamment utilisés dans les emballages alimentaires, les cosmétiques et les ustensiles de cuisine.

Certains de ces produits chimiques ont été associés au cancer du rein, aux maladies thyroïdiennes, au cancer des testicules et à autres maladies.

Sur les 39 marques de paille testées dans le cadre de l’étude, 27 contenaient des PFAS et 18 PFAS différents ont été détectés au total.

Les pailles en papier étaient les plus susceptibles de contenir des PFAS, ces substances chimiques ayant été détectées dans 18 des 20 marques testées. Dans les pailles en bambou, quatre marques sur cinq contenaient des PFAS.

Trois marques de pailles en plastique sur quatre et deux marques de pailles en verre sur cinq contenaient également ces substances chimiques. Les PFAS n’ont été détectés dans aucun des cinq types de pailles en acier testés dans le cadre de l’étude.

Le PFAS le plus fréquemment trouvé dans les pailles était l’acide perfluorooctanoïque, qui est interdit à l’échelle mondiale depuis 2020.

Bien que l’étude ait révélé que les PFAS n’étaient présents qu’en petites quantités ne présentant pas de risque significatif pour la santé humaine, ces substances chimiques peuvent demeurer dans l’organisme et s’y accumuler au fil du temps.

« De petites quantités de PFAS, bien qu’elles ne soient pas nocives en elles-mêmes, peuvent s’ajouter à la charge chimique déjà présente dans le corps », déclare le Dr Thimo Groffen, un scientifique spécialiste de l’environnement de l’Université d’Anvers qui a participé à l’étude, selon un communiqué de presse de Taylor & Francis du 25 août.

« Nous n’avons pas détecté de PFAS dans les pailles en acier inoxydable, je conseillerais donc aux consommateurs d’utiliser ce type de paille ou de ne pas en utiliser du tout. »

Contamination par les PFAS des pailles en papier

Une étude similaire publiée en 2021 sur ScienceDirect examine 38 marques de paille biodégradable achetées sur Amazon au début de l’année 2020. Les chercheurs ont constaté que 36 marques de paille présentaient des niveaux détectables de PFAS.

« La présence de PFAS dans les pailles à boire à base de plantes démontre qu’elles ne sont pas entièrement biodégradables, ce qui contribue à l’ingestion humaine directe de PFAS et au cycle des PFAS entre les flux de matières résiduelles et l’environnement », indique l’étude.

Des pailles en papier sont placées dans des boissons gazeuses au Wipeout Bar and Grill à San Francisco, en Californie, le 21 juin 2018. (Justin Sullivan/Getty Images)

Lorsque les pailles en papier ont gagné en popularité, elles ont été confrontées à un problème : elles se désagrégeaient dans la bouche des utilisateurs et se décomposaient rapidement dans les boissons, déclare John Bowden, professeur adjoint au Collège de médecine vétérinaire de l’Université de Floride, qui a participé à l’étude, dans une interview accordée à Environmental Health News en avril 2021.

Le revêtement des pailles en papier avec des PFAS leur permet de résister aux liquides. La liaison carbone-fluor des PFAS est l’une des « liaisons chimiques les plus fortes », déclare-t-il. « Ils sont très persistants, ils repoussent l’eau, et ces propriétés rendent leur décomposition très difficile.

Selon les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), des niveaux élevés de certains PFAS peuvent entraîner une augmentation du taux de cholestérol, des modifications des enzymes hépatiques, une légère diminution du poids des bébés à la naissance, une diminution de la réponse aux vaccins chez les enfants et un risque accru d’hypertension artérielle chez les femmes enceintes.

Citant des études réalisées sur des animaux, les CDC avertissent que des niveaux élevés de PFAS peuvent endommager le système immunitaire. Chez les animaux de laboratoire, les PFAS ont provoqué des malformations congénitales, des retards de développement et des décès de nouveau-nés.

Contamination de l’eau par les PFAS

Aux États-Unis, la présence de PFAS dans l’eau potable est un sujet brûlant. Une analyse des données de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) par le groupe de pression Environmental Working Group (EWG) révèle que 26 millions d’Américains pourraient être exposés à ces substances chimiques dans leur eau potable.

Des pailles en papier sont posées sur le bar du Fog Harbor Fish House à San Francisco, en Californie, le 21 juin 2018. (Justin Sullivan/Getty Images)

La présence de PFAS a été détectée dans 431 systèmes d’approvisionnement en eau à des niveaux supérieurs aux limites minimales de quantification. « Pendant des décennies, des millions d’Américains ont consommé sans le savoir de l’eau contaminée par des PFAS », déclare Scott Faber, premier vice-président chargé des affaires gouvernementales à l’EWG, dans un communiqué de presse du 17 août.

« Les nouvelles données d’analyse montrent qu’il est pratiquement impossible d’échapper aux PFAS. L’EPA a fait son travail et l’adminstration Biden doit finaliser les normes pour l’eau potable cette année. »

En juillet, l’institut géologique américain (USGS) a indiqué que sur les 716 puits privés et systèmes publics d’approvisionnement en eau échantillonnés par l’agence entre 2016 et 2021, environ 45% contenaient en moyenne au moins une substance chimique PFAS.

Les régions urbaines se sont révélées plus exposées aux PFAS que les régions rurales. Des produits chimiques ont été détectés dans plus de 70% des points d’échantillonnage en milieu urbain ou lieux ayant un historique connu de contamination par les PFAS. Dans les zones rurales, l’exposition aux PFAS n’a été détectée que dans 8% des cas.

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