Les promesses de réduction de la dépense publique ne convainquent pas les agences de notation

Par Alexis Constant
5 mai 2023 13:29 Mis à jour: 5 mai 2023 13:57

Fitch vient de dégrader la note française de AA à AA-, ce qui pourrait renchérir le taux des emprunts publics, et accroître l’effort de remboursement de la dette. La France n’a pas d’autre solution que de réduire ses dépenses publiques. Des réformettes comme celle des retraites ne suffiront pas. Si ce travail n’est pas fait, ce sont encore les Français qui vont en payer le prix.

Avec la réforme des retraites, Bruno Le Maire pensait obtenir une ovation des marchés financiers. Il a obtenu l’effet inverse. Un pied-de-nez. Une rebuffade.

Comme Contribuables Associés s’en est déjà ému, cette réforme mal fagotée préserve les régimes spéciaux, dont celui des fonctionnaires, sans mettre en place un nouvel étage réservé à la capitalisation, solution pourtant répandue en Europe.

Des casserolades à n’en plus finir : Fitch Ratings subodore que la grogne sociale qu’engendre cette réforme n’est pas près de s’éteindre.

Les prochains remous risquent même de compliquer le remboursement de la dette et de paralyser un exécutif qui ne semble plus en capacité de réformer, observe l’agence anglo-saxonne.

Qu’il s’agisse de S&P, de Moody’s ou de Fitch, les agences de notation sont chargées de vérifier que les emprunteurs (entreprises, États, collectivités locales) sont solvables, capables de rembourser leur dette.

Le risque encouru est exprimé sous forme de notes avec au sommet le très convoité AAA. La note de la France vient d’être abaissée de AA à AA- (les notes vont de AAA – bonne solvabilité – à D – faillite de l’emprunteur).

Dans les grandes lignes, plus cette note est basse et plus les émetteurs sont contraints d’offrir une rémunération croissante pour convaincre des investisseurs de leur prêter des capitaux.

La décision de Fitch est de mauvais augure pour les contribuables : la France pourrait être contrainte de renchérir le taux de ses emprunts publics pour attirer les investisseurs, ce qui va tirer sur le budget de l’état et ceux qui l’alimentent.

On ignore encore les conséquences de cette baisse de confiance sur la rentabilité des banques tricolores et si elle affaiblira la qualité de leurs actifs.

Bruno Le Maire chevauche des prévisions trop optimistes

Le réquisitoire de Fitch est également budgétaire.

Comme Contribuables Associés depuis des années, Fitch Ratings dénonce le « déficit fiscal » de la France, ses dépenses excessives, et un taux d’endettement qui représentera bientôt 115% du PIB.

Promis par Bercy pour septembre, le grand oral budgétaire destiné à vérifier le bon usage et l’efficacité des dépenses de l’État n’a toujours pas eu lieu.

Comme le rappelait récemment François Ecalle, conseiller maître honoraire à la Cour des comptes, « la France dépense beaucoup, mais mal ».

Si Bruno Le Maire écrit des livres érotiques, il rédige aussi des contes de fée. Par exemple, en évoquant la proximité d’un retour à l’orthodoxie budgétaire. Des mots !

Dans un communiqué, Fitch affirme que le programme de stabilité adressé par le gouvernement français à l’Union européenne s’appuie sur des prévisions de croissance euphoriques.

L’agence anticipe une croissance moins rapide que celle annoncée par le locataire de Bercy. Elle se situerait à 0,8% au lieu de 1,1% (2023) et à 1,3% en 2024.

Fitch relève aussi que le ratio dette publique/PIB de la France à la fin 2022 (111,6%) était le plus élevé des pays classés en catégorie AA (médiane 48,4%).

Reste maintenant à voir si l’abaissement de la note française fera tache d’huile auprès d’autres agences.

Pour l’instant, l’agence Moody’s n’a pas modifié sa classification, Standard & Poor’s Global, qui accorde actuellement la note de « AA » à la France avec une perspective négative, actualisera (ou pas) sa prévision.

Il y a un an, S&P avait déjà rétrogradé la note française d’un cran.

Article original publié sur Contribuables Associés.

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