Une grande entreprise chinoise de fabrication de produits d’exportation, qui existe depuis 18 ans, a récemment suspendu sa production du fait de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, qui affecte considérablement les industries chinoises orientées vers l’exportation.
Dongguan Dehong Electrical Appliances Co. Ltd. (Dongguan Dehong), basée dans la ville de Dongguan, dans la province de Guangdong, a adressé une notification à tous ses employés, les dispensant de travailler pendant un mois à compter du 11 avril, selon les médias chinois.
L’entreprise a invoqué la suspension des commandes des clients et les changements récents dans l’environnement économique extérieur, notamment la hausse des tarifs douaniers aux États-Unis, pour justifier cette situation. Elle a indiqué qu’une mise à jour serait annoncée dans un mois, en fonction des circonstances.
Pendant le mois de congé, les employés recevront leur salaire de base ; s’ils décident de démissionner, l’entreprise leur versera leur salaire immédiatement, précise l’avis.
Selon les données publiques, Dongguan Dehong a été créée le 30 mars 2007. Il s’agit d’une entreprise manufacturière engagée dans la recherche et le développement, la fabrication et la vente d’appareils ménagers. Tous ses produits sont vendus en Europe et aux États-Unis.
Dongguan Dehong n’est pas la seule usine en Chine à avoir suspendu sa production pour une durée indéterminée du fait de la guerre tarifaire entre les États-Unis et la Chine. Des médias sociaux chinois ont rapporté que des entreprises de commerce extérieur du Zhejiang, la principale province exportatrice de Chine, allaient interrompre leur production ou leurs activités et autoriser leurs employés à prendre des congés pour une durée indéterminée.
Cette tendance semble également s’être étendue à d’autres grandes villes et provinces exportatrices, telles que Suzhou dans la province de Jiangsu et Dongguan dans la province de Guangdong, annonçant une période difficile pour le commerce extérieur de la Chine.
M. Fan – qui n’a pas donné son nom complet par crainte de représailles des autorités -, ancien propriétaire d’une usine à Yiwu-Zhejiang, le plus grand centre d’exportation et le plus grand marché de petites marchandises du monde, a fait savoir à l’édition chinoise d’Epoch Times que « maintenant, toutes les commandes d’exportation vers les États-Unis ont disparu ».
« L’environnement économique était déjà mauvais et [le régime chinois] doit continuer à riposter contre les États-Unis [en augmentant les droits de douane] », a-t-il affirmé. « Toutes sortes d’entreprises à Yiwu ont été touchées. Beaucoup de gens sont pessimistes et craignent pour l’économie chinoise. »
La suspension de la production de Dongguan Dehong est représentative de l’industrie, « marquant le début d’un déclin structurel », a indiqué à Epoch Times le 22 avril Davy J. Wong, économiste basé aux États-Unis.
Il a souligné que « Dongguan n’est pas une grande ville au sens général du terme ; cependant, c’est l’un des berceaux du fabricant mondial d’équipements d’origine (OEM : original equipment manufacturer) de la Chine et un chef de file pour l’ensemble de l’industrie chinoise des OEM ».
« Dongguan est une ville à forte intensité de main-d’œuvre et une base pour les exportations mondiales », a-t-il précisé.
Aujourd’hui, même les grandes usines comme Dongguan Dehong ne peuvent plus tenir, ce qui indique que « l’ensemble de l’industrie manufacturière exportatrice chinoise a commencé à se contracter », a-t-il ajouté.
« Les petites et moyennes entreprises privées chinoises n’ont actuellement aucun moyen de s’en sortir en raison des droits de douane élevés et de la baisse de la demande. »
Toutefois, M. Wong a souligné que ces usines suspendent leur production et ne déposent pas le bilan.
« Elles fonctionnent à basse fréquence pour se préserver et sont dans un état de demi-mort. »
Nombre d’entre elles sont encore enregistrées, mais la plupart de leurs employés sont partis, a indiqué M. Wong.
« Elles ne sont pas incluses dans les statistiques officielles parce qu’elles ne sont pas fermées définitivement. »
Selon M. Wong, cette situation témoigne d’un état de semi-dormance de l’économie réelle en Chine, ajoutant que « ce type de chute silencieuse est le plus terrifiant car il n’y a pas de bruit et qu’il est impossible de l’empêcher ».

Impacts de la guerre tarifaire
La guerre tarifaire entre les États-Unis et la Chine va remodeler le paysage économique et politique mondial, a estimé M. Wong.
« À l’heure actuelle, l’objectif des États-Unis n’est pas simplement de négocier des droits de douane, mais d’établir une nouvelle chaîne d’approvisionnement fondée sur des valeurs universelles, des croyances communes et un système juridique commun », a-t-il indiqué. « Si la Chine s’y conforme, elle pourra y adhérer. Sinon, elle risque d’être marginalisée. »
Selon Sun Kuo-hsiang, professeur des affaires internationales et commerciales à l’université de Nanhua à Taïwan, la guerre des tarifs douaniers pourrait entraîner des conflits dans des domaines sans rapport avec l’économie.
« Alors que la guerre tarifaire se poursuit, la Chine pourrait prendre des contre-mesures non économiques, telles que l’intensification des confrontations dans les domaines diplomatique, technologique ou militaire, ce qui aggraverait encore les tensions », a expliqué M. Sun à Epoch Times.
Toutefois, M. Sun n’exclut pas la possibilité que « les deux parties cherchent à négocier et à faire des compromis à l’avenir pour éviter de causer des dommages plus importants à leurs propres économies ».
« Cela pourrait inclure la réduction de certains droits de douane, la renégociation d’accords commerciaux ou la négociation dans un cadre multilatéral », a-t-il ajouté.
Le 22 avril, le président américain Donald Trump a déclaré à la presse que les droits de douane de 145 % sur les produits chinois allaient « baisser de manière substantielle, mais ils ne seront pas nuls ».
« Ne pensez pas que le régime chinois va se désintégrer si l’économie ne tient pas le coup », a affirmé M. Wong, notant que l’économie chinoise dépend des ajustements de ses trois lignes de vie.
« Premièrement, bien que la valeur résiduelle des biens immobiliers soit très faible, elle génère tout de même un petit flux de trésorerie », a-t-il indiqué.
« La seconde raison est que les dettes des collectivités locales s’allongent constamment, la dette d’aujourd’hui étant reportée sur celle de demain et d’après-demain. »

Troisièmement, « alors qu’un grand nombre de commandes à forte valeur ajoutée exportées vers les États-Unis sont supprimées, le régime les remplacera par des commandes à relativement faible valeur ajoutée en provenance d’Asie et d’Afrique, tout en espérant développer le commerce avec l’Europe », a expliqué M. Wong.
« Ces trois lignes de vie se sont réduites dans une certaine mesure, mais elles ne s’effondreront pas immédiatement, en particulier le commerce avec l’Europe. »
M. Wong présume que les pays européens ne veulent pas que les États-Unis dominent, « et qu’ils pourraient donc secrètement donner un coup de pouce à la Chine ».
Toutefois, le problème de l’économie chinoise n’est pas externe mais interne, a-t-il indiqué, notant que « son mécanisme se rétrécit et manque de créativité ».
Luo Ya et Fang Xiao ont contribué à la rédaction de cet article.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.