Les «villes de 15 minutes» sont-elles intelligentes ?

Par Thomas Buckley
3 août 2023 14:57 Mis à jour: 3 août 2023 14:57

La « ville de 15 minutes » – une idée géniale, une nouvelle façon de contrôler la population, un phénomène de mode dans l’industrie de la planification publique, un plan insidieux à long terme – est-ce un peu ou rien de tout cela ?

Si vous avez des doutes sur le concept, c’est ainsi qu’il est pourtant déjà qualifié.

Comme pour d’autres « débats », toute remise en question de la dernière façon la plus cool de réorganiser la société est un signe de folie. Cette attitude hautaine d’inversion de la réalité imprègne en quelque sorte les élites malgré la dévastation méritée de la confiance du public dans ses institutions à la suite de la pandémie, dont la réponse a inclus des mensonges, des demi-vérités, des pirouettes, des erreurs, des contre-vérités, la menace de la force, la menace du chômage, le confinement imposé, la destruction massive des petites entreprises, et encore et toujours des mensonges.

Tout cela devrait nous mettre la puce à l’oreille quant aux véritables intentions des partisans de l’idée, mais, ceci étant dit, parlons des principes de base.

Il s’agit essentiellement de réinventer l’idée de quartier en essayant de faire en sorte que pratiquement tous les biens et services qu’une personne peut souhaiter soient facilement disponibles à proximité. Les emplois, les écoles, les médecins et les activités culturelles doivent également être facilement accessibles. Pour arriver à la partie « 15 minutes », la zone devrait être (sur la base des vitesses de marche courantes) d’environ 2,6 km².

Au fond, l’idée renvoie au village d’antan, un lieu d’appartenance, de simplicité, où l’on connaît ses voisins, où l’on crée une communauté sur laquelle on peut compter en cas de coup dur.

S’il s’agit là d’un argument de vente essentiel, il ne faut pas oublier que, depuis des centaines d’années, les gens quittent délibérément les villages pour tenter leur chance en ville, avec son chaos et ses opportunités, ses risques et ses récompenses et, surtout, ses expériences enrichissantes.

Bien entendu, les villes disposent déjà de quartiers qui ressemblent quelque peu aux villes de 15 minutes, mais ils ont tendance à s’organiser autour d’une activité – le quartier des petits commerces, le centre financier, ou encore une ethnie telle qu’un quartier chinois, un groupe socio-économique ou même une activité de divertissement ou des quartiers dit branchés.

L’idée de ville de 15 minutes cependant, est d’aplanir ces différences et de créer, zone après zone, des quartiers homogènes dans l’ensemble de la ville. L’équité étant l’une des caractéristiques du concept, il est considéré comme pas très juste qu’un quartier soit notablement plus riche qu’un autre, notablement différent de tous les autres.

La mise en œuvre de ville de 15 minutes – en dehors du bulldozer, dans tous les cas – est assez compliquée pour envisager un tel changement, car les gens ont tendance à se trouver déjà dans les endroits ciblés. Le zonage, les incitations gouvernementales, les règlements d’urbanisme, les incitations publiques ou de simples déclarations par décret ont tous été proposés pour transformer les quartiers existants en ville de 15 minutes.

En d’autres termes, même les partisans de ces mesures savent qu’elles ne se produiront pas de manière spontanée et qu’elles nécessiteront une intervention significative des pouvoirs publics pour démarrer (ce qui est un autre indice de l’intention réelle qui sous-tend la campagne).

L’un des aspects les plus importants est l’élimination de la nécessité d’un véhicule personnel. Si quasiment tout ce dont une personne a besoin est si proche – au sens littéral de « à distance de marche » – et si tout ce qui n’est pas accessible à 15 mn à pied – stade, aéroport, université, grand hôpital et/ou musée, etc. – peut être facilement atteint par les transports en commun, alors est-il nécessaire d’avoir à disposition un véhicule qualifié de diabolique, polluant et égoïste ? Lorsque les idées de ville de 15 minutes sont lancées, elles ont tendance à opter pour des stationnements plutôt limitées – à dessein – car un autre de leurs « avantages » est qu’elles sont censées être meilleures pour l’environnement, plus durables, plus équitables, et ce quel que soit le mot à la mode woke/équitable que vous voulez utiliser.

Passons maintenant aux villes intelligentes (ou « smart cities »).

C’est un peu plus simple parce que pratiquement tout ce qui concerne les villes de 15 minutes s’applique, avec en prime le fait que votre voisinage vous surveille à tout moment. Grâce au suivi des téléphones portables, aux habitudes d’achat définies, aux informations sur la santé fournies par votre smartwatch, votre présence sur les médias sociaux, votre dossier de crédit, votre statut familial, vos loisirs, vos habitudes et vos opinions, une ville intelligente découvrira tout ce dont vous avez besoin avant même que vous ne sachiez que vous en avez besoin et vous encouragera à devenir une personne globalement meilleure, car elle détermine ce qu’est une personne meilleure.

En d’autres termes, la définition d’un besoin-pris-en-charge-, reste-dans-ta-maison-et-tais-toi-ou-on-t’enlèvera-ça- une vie simple et en conformité.

Toutes les villes de 15 minutes ne sont pas des villes intelligentes, mais la plupart des villes intelligentes doivent être (ou au moins commencer par être) des villes de 15 minutes.

Les villes intelligentes sont actuellement si controversées que même Toronto – moteur principal du Great Wok North – a abandonné l’idée.

Mais la ville intelligente a ses partisans et des projets sont en cours pour la construire à partir de zéro, contournant la nécessité d’insérer des technologies débilitantes, intrusives et écrasante dans des lieux qui existent déjà. Voici un regard quelque peu blasé sur la ville-miroir géante Neom et un regard qui se veut un peu plus optimiste sur d’autres projets de villes intelligentes en cours de réalisation. (Remarque : j’ai choisi des vidéos pour ces liens, car il faut vraiment les voir pour le croire).

L’un des avantages – ou le problème hallucinant et dérangeant – de la ville de 15 minutes est qu’il est extrêmement convertible – une fois mis en place – en une ville intelligente.

Il convient de noter que les taxes sur les kilomètres parcourus par les véhicules, les zones à faibles émissions et d’autres mesures anti-liberté individuelle peuvent également être utilisées pour préparer le terrain en vue d’un passage progressif vers les villes de 15 minutes et/ou les villes intelligentes. C’est peut-être la raison pour laquelle les manifestations ont éclaté – et pourquoi les fondations, les gouvernements et une grande partie des médias qualifient les manifestants de théoriciens du complot d’extrême droite et de menteurs, et affirment que ces projets ne font pas du tout partie d’une tentative de modifier le comportement personnel par le biais d’une réglementation oppressive (un autre indice).

À Oxford, en Angleterre, on a dit aux manifestants que les cordons de sécurité dans les quartiers n’avaient rien à voir avec les études concernant des villes de 15 minutes totalement indépendantes les unes des autres et sans aucun lien entre elles, proposées dans le même temps ; en particulier après la pandémie, les mensonges, les matraques, la censure, les confinements et les contre-vérités – les gens utilisent « C… » à juste titre pour qualifier des déclarations aussi faciles, d’où la tension qui s’en est suivie.

Mais comment une grande ville, diverse au sens propre du terme, comme Los Angeles, par exemple, pourrait-elle être une ville de 15 minutes ?

Allant plus loin que le développement axé sur les transports en commun (Transit-Oriented Development, TOD) – une tendance financée par le gouvernement et visant à inciter les gens à vivre près des lignes de bus et des gares ferroviaires – les activistes de Los Angeles encouragent des mesures tels que le programme pilote VMT, l’abandon des exigences en matière de stationnement et l’incitation à la construction de logements plus petits, vraisemblablement locatifs (vous ne posséderez rien et vous l’aimerez), afin d’intégrer l’idée dans les quartiers existants.

Voici quelques-uns des avantages de la ville 15 minutes vantés par la Livable Communities Initiative (Initiative de communautés habitables), une quasi-parodie d’usine de bricolage de Los Angeles :

• Faire bénéficier aux propriétaires et aux résidents du quartier d’une belle rue piétonne, de boutiques et de cafés, ainsi que d’un accès aux transports en commun et aux pistes cyclables.

• Offrir à chaque Angeleno la possibilité d’accéder à un logement abordable sans avoir à supporter le coût de 8000 dollars (7300 euros) par an et le fardeau d’une voiture.

• Créer des possibilités d’accession à la propriété abordables qui peuvent contribuer à réduire l’écart de richesse entre les races.

• Inverser le processus de déplacement en construisant dans les quartiers à fort potentiel qui n’ont pas construit suffisamment de logements.

• Lutter contre le changement climatique en construisant des habitations peu gourmandes en voitures, 48 miles (77 km) de pistes cyclables connectées aux transports en commun, de nouvelles voies de bus et 48 miles de nouveau couvert végétal.

« Construire de manière équitable et près des centres d’emploi réduit le trafic », a déclaré Jenny Hontz, responsable du LCI, au LAist. « Donc, cela rend la vie meilleure pour tout le monde et cela aide également le climat. » (Voici l’article complet ; les photos de comparaison valent le coup d’œil).

Au cas où vous vous poseriez la question, le LCI s’associe à un grand nombre de fondateurs et de mouvements progressistes, tels qu’Extinction Rebellion, 15 Minute City et Young Entertainment Activists (un autre indice).

Des plans spécifiques aux quartiers et même aux villes seront bientôt mis en place par le LCI, bien qu’il existe déjà des « plans standards » qui incluent des déclarations telles que « … une échelle humaine, une belle architecture au-dessus d’un commerce de proximité ». Imaginez n’importe laquelle de nos rues principales et villages historiques – Westwood Village, Main Street et Abbot Kinney, Market St à Inglewood, NoHo Arts District, San Fernando Blvd à Burbank – avec des logements au-dessus des magasins, créant ainsi de petits appartements abordables pour les personnes âgées, les membres de la génération Z, les personnes qui ne conduisent pas et les travailleurs qui sont obligés de dépenser 30 % de leur revenu pour une voiture ».

L’ICV – tout comme les concepts de base de ville de 15 minutes et de ville intelligente – met l’accent sur une esthétique imposée : « Et si, au lieu de cela, nous pouvions créer des rues avec une belle architecture – bénéfiques pour les résidents et la région environnante ? Et si nous concevions de manière ciblée notre ville? Partout dans le monde, des villes prédéterminent leur architecture, ce qui les rend belles (Paris, Boston, Santa Barbara) ».

Les concepts de l’ICV, les villes intelligentes et les villes de 15 minutes sont des systèmes oppressifs et descendants qui transfèrent le pouvoir d’une communauté à la classe bureaucratique et ignorent intentionnellement et de manière flagrante les fondements mêmes du comportement humain et la manière dont une belle ville comme Boston – qui n’a vraiment pas été conçue – doit être.

Le mouvement de ville de 15 minutes va au-delà de la simple planification et des subtilités architecturales. Même si elles ne sont pas transformées en « villes intelligentes », certaines autres agences gouvernementales et élites sociétales ont de multiples raisons de le faire. Elles permettraient d’établir plus facilement des normes communautaires spécifiques, des normes qui pourraient être en contradiction avec des notions fondamentales telles que la liberté de mouvement et d’expression.

Les centres de gestion des frontières pourraient également faire le jeu des forces qui ont mis le monde à genoux avec leur réponse à la pandémie. Les villes de 15 minutes ne sont pas seulement considérées comme un moyen de faciliter les procédures de confinement et d’isolement, ils pourraient même être vendus comme un moyen de « prévenir » de futures pandémies.

Dans un article paru en 2020 dans le magazine Cell, le Dr Anthony Fauci – vous vous souvenez de lui – attribue au moins en partie la responsabilité des pandémies récentes et passées à nos choix de vie.

« Vivre en plus grande harmonie avec la nature exigera des changements dans le comportement humain ainsi que d’autres changements radicaux qui pourraient prendre des décennies : reconstruire les infrastructures de l’existence humaine, des villes aux maisons en passant par les lieux de travail, les systèmes d’eau et d’égouts, les lieux de loisirs et de rassemblement », écrivent Fauci et David Mores, coauteur de l’étude. « Puisque nous ne pouvons pas revenir aux temps anciens, pouvons-nous au moins en tirer des leçons pour orienter la modernité dans une direction plus sûre ? »

Un autre anathème des villes intelligentes et des villes de 15 minutes est qu’elles ont besoin que le résident soit la ressource qui les anime, que ses habitudes de consommation soient exploitées et traitées afin de rendre leur existence réalisable. Elles ne tiennent pas compte de la variété des pensées ni même de la possibilité de tirer parti d’un avantage géographique, industriel ou culturel local unique – ce sont de simples machines à consommer dont l’homme est le rouage.

Alors que les quartiers naturels peuvent être de merveilleux lieux de soutien et de sécurité, les quartiers non naturels exacerberont les problèmes qui se posent dans les communautés plus étroitement liées. L’autosurveillance (si ce n’est une véritable surveillance réelle) et l’appréhension de quitter un environnement confortable peuvent conduire à un sentiment d’isolement par rapport au reste du monde. Dans une ville de 15 minutes, cet isolement pourrait être perçu comme n’étant pas organique mais ordonné d’en haut, créant une boîte mentale qui peut étouffer le développement intellectuel et émotionnel – en d’autres termes, une personnalité captive.

Comme nous l’ont montré les dossiers Twitter et tant d’autres révélations récentes (et moins récentes) sur le complexe industriel de la censure, le véritable danger des villes intelligentes et des villes de 15 minutes est le potentiel de suppression des libertés, des options et des différences.

Ce n’est pas seulement une censure de la pensée, c’est une censure de la vie.

Article de l’Institut Brownstone

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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