Les Yézidis, à l’encontre desquels des « actes de génocide » en Irak ont été officiellement reconnus mardi par le Royaume-Uni, sont une petite minorité ethno-religieuse kurdophone devenue tristement célèbre en 2014, en étant alors la plus persécutée par les jihadistes terroristes du groupe État islamique (EI).
En août 2014, les terroristes de l’EI ont déferlé sur les monts Sinjar (nord-ouest de l’Irak), multipliant les exactions contre leurs habitants, les Yézidis. Les terroristes jihadistes ont réduit les femmes à l’esclavage sexuel, enrôlé de force des enfants pour en faire des soldats et tué des hommes par centaines.
Une religion ésotérique
Le Yézidisme, né en Iran il y a plus de 4000 ans, est monothéiste, non prosélyte, dépourvu de livre sacré et endogame. Ses fidèles, kurdophones, prient en direction du soleil et vénèrent, outre Dieu, sept anges, dont le principal est Melek Taous (« l’Ange-Paon »).
Il puise ses origines dans le mazdéisme et le culte de Mithra et a intégré des éléments de l’islam et du christianisme. Les enfants sont baptisés avec une eau bénite, les garçons circoncis et les hommes peuvent épouser jusqu’à quatre femmes.
Sur les 1,5 million de Yézidis dans le monde, l’Irak comptait la plus importante communauté avec 550.000 membres jusqu’en 2014. Les terroristes de l’EI en ont poussé 100.000 à l’exil. En outre, plus de 200.000 survivants sont toujours déplacés à travers l’Irak, selon l’ONU. Aujourd’hui, une importante diaspora yézidie vit en Allemagne et des familles ont également rejoint le reste de l’Europe ou l’Amérique du Nord.
Parmi les Yézidis ayant trouvé refuge en Allemagne figure Nadia Murad, une ancienne esclave sexuelle du groupe terroriste État islamique, co-lauréate du prix Nobel de la paix 2018. Avec l’avocate libano-britannique Amal Clooney, elle milite auprès des instances internationales pour que les crimes terroristes de l’EI soient jugés.
Seuls quelques milliers de Yézidis sont retournés dans le Sinjar. Leurs pratiques – comme l’interdiction de manger de la laitue et de porter la couleur bleue – sont considérées par leurs détracteurs comme sataniques.
La « preuve claire et convaincante » d’un génocide
Irakiens non-Arabes et non-musulmans, les Yézidis sont depuis longtemps l’une des minorités les plus vulnérables en Irak. Des milliers d’entre eux ont fui les persécutions sous Saddam Hussein (1979-2003). La Constitution a reconnu en 2005 leur droit à pratiquer leur culte et leur réserve des quotas d’élus. Les Yézidis assurent avoir déjà survécu à 74 « génocides ».
En août 2014, les terroristes de l’EI se sont livrés, selon l’ONU, à un potentiel génocide : d’après les autorités de leur communauté, plus de 1280 Yézidis ont été tués, des centaines d’enfants rendus orphelins et près de 70 temples détruits.
Plus de 6400 Yézidis ont été enlevés et seuls 3300 – surtout des femmes et des enfants – ont été secourus ou ont pu fuir. Plusieurs dizaines de charniers ont été identifiés. Des Yézidies ayant accouché d’enfants nés de pères jihadistes ont dû les abandonner, car la communauté yézidie refuse tout enfant né d’un parent non yazidi.
En mai 2021, une équipe d’enquête spéciale de l’ONU a annoncé avoir recueilli la « preuve claire et convaincante » d’un génocide. Les députés allemands ont notamment reconnu ce génocide en janvier 2023, notant que les terroristes de l’EI avaient pour objectif « l’éradication totale de la communauté yézidie ».
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