L’ex-patron chinois d’Interpol tombe pour « violations graves »

Par afp
27 mars 2019 14:54 Mis à jour: 13 juillet 2019 12:28

Sa disparition fin septembre avait défrayé la chronique: l’ex-patron chinois d’Interpol a été accusé mercredi par le régime de Pékin de « graves violations » de la discipline, exclu du Parti communiste et révoqué de toute fonction publique.

Meng Hongwei, 65 ans, qui était également vice-ministre de la Sécurité publique de son pays, s’était volatilisé durant une visite en Chine après avoir quitté le siège de l’organisation policière internationale basée à Lyon. « Il n’a pas respecté les principes du Parti, n’a pas divulgué des informations personnelles comme il aurait dû le faire et s’est refusé à appliquer les décisions du comité central du Parti », a indiqué la Commission centrale d’inspection disciplinaire du Parti communiste chinois (PCC) au terme d’une enquête.

Meng Hongwei avait officiellement démissionné en octobre de son poste à la tête d’Interpol. Il n’avait jamais été formellement démis de son poste de vice-ministre de la Sécurité publique. L’ex-dirigeant a détourné des biens publics pour financer le luxueux train de vie de sa famille, a utilisé son pouvoir pour obtenir un emploi à sa femme, et « a accepté d’énormes quantités de biens illégaux d’autrui », a indiqué l’organe d’inspection dans un communiqué.

« Meng Hongwei a gravement violé les règles disciplinaires et politiques du Parti, gravement terni l’image du Parti et porté atteinte aux intérêts nationaux. » L’enquête, jusqu’ici menée par les services disciplinaires internes du PCC et de l’Etat, a été transférée à la justice et les « biens mal acquis » devront être rendus, a-t-elle précisé. Meng Hongwei avait gravi les échelons de l’appareil sécuritaire chinois au temps où celui-ci était dirigé par un rival du président Xi Jinping, aujourd’hui en prison.

Il avait été nommé fin 2016 à la tête d’Interpol, une première pour un Chinois. Cette désignation avait été célébrée à l’époque par la Chine, désireuse d’asseoir sa présence dans les instances internationales.  Sa nomination à la présidence,  même s’il s’agit d’un poste essentiellement honorifique, avait cependant provoqué les craintes de dissidents de voir Pékin utiliser l’organisation pour traquer ses opposants réfugiés à l’étranger.

Meng Hongwei « a accepté des pots-de-vin et est soupçonné d’avoir violé la loi », avait annoncé en octobre le ministère de la Sécurité publique, sans fournir de précisions sur ces accusations. Cette mise au point faisait suite à la rocambolesque « disparition » une dizaine de jours plus tôt de M. Meng, signalée à la police française par son épouse fin septembre. Il est loin d’être le premier haut responsable chinois à succomber à la campagne contre la corruption lancée par le président Xi Jinping depuis son arrivée au pouvoir fin 2012.

Populaire dans l’opinion publique, cette campagne, qui a sanctionné plus de 1,5 million de cadres, est également soupçonnée de servir à faire tomber des opposants internes à la ligne de M. Xi. L’annonce des sanctions contre Meng Hongwei survient alors que son épouse, Grace Meng, a écrit la semaine dernière au président français Emmanuel Macron pour lui demander d’évoquer le sujet avec son homologue chinois Xi Jinping lors de la visite en France de ce dernier cette semaine.

Dans ce courrier, Mme Meng, qui vit toujours en France et a déposé plainte en février pour une mystérieuse tentative d’enlèvement, « demande à savoir où (son mari) se trouve et comment il se porte ».  « Je demande que M. Meng puisse recevoir la visite de ses avocats et que ceux-ci puissent l’assister », écrivait-elle. La femme de l’ancien dirigeant dit avoir demandé l’asile en France et craindre pour sa vie et celle de ses deux fils.

D.C avec AFP

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