L’histoire de Zhang Kunlun : de prisonnier chinois torturé à leader international de l’art

Par Masha Savitz
1 février 2021 18:39 Mis à jour: 18 mars 2021 19:46

Le professeur Zhang Kunlun est l’un des sculpteurs les plus accomplis de Chine. Lauréat de nombreux prix, M. Zhang a été directeur de l’Institut de sculpture de l’Institut d’art du Shandong, ainsi que le directeur de son Institut de recherche en sculpture. Il a également créé certains des plus grands monuments de Chine.

Pourtant, au sommet de sa carrière, l’artiste renommé est devenu une victime de la persécution du Falun Gong en Chine. La reconnaissance et le respect qu’il avait reçus des autorités chinoises ont pris fin brutalement lorsqu’il a défendu sa liberté de croyance. Zhang Kunlun a été détenu en Chine à quatre reprises, battu et torturé pour avoir pratiqué la méditation pacifique. C’est ainsi que l’artiste, autrefois renommé, a été traité comme un criminel.

Après avoir été emprisonné et sévèrement torturé, Zhang Kunlun vit aujourd’hui aux États-Unis où il crée de magnifiques œuvres d’art et est le commissaire de l’exposition d’art collectif la plus visitée au monde, L’Art de Zhen Shan Ren. L’exposition, qu’il a lancée en 2004, a depuis tourné dans plus de 50 pays avec plus de 1 000 expositions dans le monde entier, de New York à Paris, de Toronto à Milan. L’intention de l’exposition est de mettre en lumière l’une des violations des droits de l’homme les plus tragiques de notre temps – la persécution du Falun Gong en Chine – tout en affirmant le pouvoir de la beauté dans l’art.

Une statue d’une bodhisattva, mesurant environ les trois-quarts de la taille humaine réelle, 2008, par Zhang Kunlun. Pierre artificielle et granit. (Avec l’aimable autorisation de Kacey Cox, réalisateur du documentaire Sacred Art)
Une autre statue d’une bodhisattva, d’environ les trois-quarts de la taille humaine réelle, faisant partie de la même sculpture, 2008, par Zhang Kunlun. Pierre artificielle et granit. (Avec l’aimable autorisation de Kacey Cox, réalisateur du documentaire Sacred Art)

Une source d’inspiration

Johanna Schwaiger, sculpteur et instructeur de la New Masters Academy, a déclaré par téléphone qu’elle avait eu le privilège de travailler aux côtés de Zhang Kunlun lors d’un court stage avec lui en 2003 dans son atelier au nord de l’État de New York.

« La rencontre avec le professeur Zhang Kunlun a été une étape importante dans mon parcours d’artiste. J’ai été étonnée par sa maîtrise et la patience stoïque dont il faisait preuve dans son travail. Mais la plus grande impression qu’il m’a laissée, c’est son désintéressement et sa légèreté, même après tout ce qu’il a vécu en détention en Chine.

« Son esprit n’était pas brisé, bien au contraire. Sa mission est très claire, et son art n’est jamais centré sur lui-même, mais sur le fait d’honorer la vérité et la beauté du mieux qu’il puisse le faire. Il a travaillé sur plusieurs projets tout au long de la journée, chacun avec un niveau de grande maîtrise, mais il a accordé une attention particulière à une sculpture, une sculpture de Bouddha plus grande que nature. »

Buddha, 2002, par Zhang Kunlun. (Avec l’aimable autorisation de Kacey Cox, réalisateur du documentaire Sacred Art)

L’Art de Zhen Shan Ren (français) from Suziloo on Vimeo.

L’histoire de Zhang Kunlun

Le cinéaste torontois Kacey Cox a passé les sept dernières années à suivre l’exposition dans son voyage à travers le monde pour son documentaire Sacred Art (Art sacré).

Kacey Cox a documenté un entretien détaillé et intime avec Zhang Kunlun sur son expérience en détention en Chine et sa mission dans l’art, qu’il a gracieusement partagé avec le magazine en ligne Canvas de la New Masters Academy.

« J’étais le directeur du Département de sculpture du Shandong College of Arts », a déclaré M. Zhang. « En 1985, j’ai construit une statue de 15 mètres de haut à la mine de Xinglong. En 1986, j’ai construit une statue de 30 mètres de haut de la dynastie Tang. C’était la plus grande statue de Chine à l’époque. J’étais au sommet de ma carrière, mais je n’étais pas comblé. Peu importe l’argent que vous avez et votre célébrité […] cela ne dure que quelques décennies. Il me manquait un sens à ma vie. »

En 1989, alors qu’il cherchait un sens à la vie et à l’art, Zhang Kunlun s’est installé à Montréal, où il a enseigné à la prestigieuse Université McGill.

Ce n’est qu’en 1996, lorsqu’il est retourné en Chine pour s’occuper de sa belle-mère et qu’il a appris la pratique de la méditation de Falun Gong, qu’il a senti qu’il était devenu une nouvelle personne.

« Lorsque je suis rentré en Chine, juste après être descendu de l’avion, j’ai vu que le Falun Gong se répandait très rapidement. Sur presque toutes les pelouses et toutes les places, des gens pratiquaient paisiblement les exercices de méditation du Falun Gong […] C’était merveilleux.

En 1999, le Parti communiste chinois a commencé une campagne de diffamation contre le Falun Gong. Des millions de personnes ont perdu leur emploi ; beaucoup ont été emprisonnées, torturées et même tuées », M. Zhang poursuit son récit des événements :

« Le PCC a utilisé tous les départements de l’État, les journaux, les stations de radio et chaînes de télévision, et a même mobilisé l’armée et la police d’État. Le pays tout entier était terrorisé. C’était une chasse à l’homme à grande échelle.

« À l’époque, je voulais faire une statue de Bouddha de 75 mètres de haut. Mais comme je pratiquais le Falun Gong, j’étais sur la liste noire et en danger à tout instant. Je suis moi aussi devenu une victime et j’ai été arrêté. »

Zhang Kunlun a décidé d’écrire une lettre au gouvernement chinois, expliquant sa conviction que le Falun Gong est bénéfique pour la société. En juillet 2000, M. Zhang a été placé en garde à vue. Dans un centre de détention, il a été torturé à l’aide de matraques à choc électrique.

« On pouvait sentir la peau brûlée », se souvient-il. Ses jambes et ses bras ont été gravement brûlés, et sa jambe gauche a été si gravement blessée qu’il a eu du mal à marcher pendant trois mois.

Une représentation que Zhang Kunlun a faite de lui-même, en 2002, une méthode de torture courante qu’il a endurée en Chine. (Avec l’aimable autorisation de Kacey Cox, réalisateur du documentaire Sacred Art)

« Leur but était de nous empêcher d’avoir ne serait-ce qu’une seule minute pour pouvoir penser de manière indépendante », explique M. Zhang.

« J’étais surveillé 24 heures sur 24 par un groupe de [gardes]. Après un lavage de cerveau sans fin, des tromperies, de la coercition et des attaques psychologiques, j’ai failli m’effondrer. Cette torture mentale était encore pire que la torture physique. Ils m’ont transféré au camp de travaux forcés de Wancun. Je me suis préparé à mourir là-bas, car Wancun est connu pour persécuter à mort ses pratiquants. Je ne pensais pas pouvoir survivre.

« À ma grande surprise, ils ont utilisé une approche totalement différente. Un commissaire adjoint a dit : ‘Nous avons un professeur d’art ici. Pouvez-vous enseigner la peinture ?’ J’ai répondu : ‘Je ne suis pas intéressé.’ Puis, il m’a forcé à m’asseoir là. Il m’a apporté des pinceaux, de l’encre et du papier et m’a dit de peindre. J’ai fait deux traits avec le pinceau. Il l’a enregistré. Ils l’ont diffusé au public, en trompant tout le monde. C’est ce qui m’a fait le plus mal. La dévastation mentale [qui s’en est suivie] demeure encore aujourd’hui. »

La vidéo de démonstration forcée a ensuite été utilisée par des fonctionnaires communistes pour prétendre faussement que M. Zhang avait renoncé au Falun Gong et avait commencé à travailler avec les autorités. Cette propagande a été montrée aux responsables canadiens qui avaient fait pression sur le gouvernement chinois pour qu’il libère M. Zhang.

Avec l’aide d’Amnesty International et du gouvernement canadien, Zhang Kunlun a été libéré de sa détention de manière anticipée le 10 janvier 2001 et est rentré au Canada. Là, sa détermination à défendre la liberté de croyance en Chine est devenue plus forte que jamais.

« [Aujourd’hui,] un grand nombre de pratiquants de Falun Gong sont en prison. Je dois parler en leur nom pour mettre fin à cette persécution. Je ne pouvais pas me soucier uniquement de mon propre bien-être. Mais comment dois-je m’y prendre ? L’art est ma profession. Je ne peux le faire qu’à travers l’art.

« Je me disais, devrais-je commencer une exposition d’art ? Je ne pouvais pas faire venir des pratiquants de Chine [pour qu’ils contribuent à l’art], car ils étaient persécutés, alors je n’ai cherché que des artistes qui étaient à l’étranger. J’ai passé des appels téléphoniques et envoyé des courriels. J’ai commencé à les chercher partout.

« À l’époque, nous avions réuni 15 artistes qui partageaient tous la même mission. Quand nous avons commencé, nous ne savions pas trop quoi faire. Comme j’ai de l’expérience en peinture, dans de nombreux cas, j’ai fait la composition, et d’autres ont peint.

« La première exposition a eu lieu en 2004, au capitole de Washington, D.C. Mon objectif était de sensibiliser les gouvernements du monde entier à cette question et de réclamer la justice. Pendant l’exposition, certains membres du Congrès sont venus la voir. Ils étaient presque en larmes. Ils ont dit que davantage de gens devraient voir ces peintures. Cela nous a inspirés. Alors plus tard, nous avons commencé à les exposer dans le monde entier. »

L’exposition internationale l’Art de Zhen Shan Ren de 2016 à la Black Diamond Gallery à Adélaïde, en Australie-Méridionale. (en.minghui.org)

En outre de créer et de montrer des œuvres d’art représentant la persécution et ses victimes, M. Zhang a continué de sculpter le Bouddha.

Johanna Schwaiger se souvient : « Je me souviens d’avoir été émerveillée de voir la sculpture surdimensionnée, réalisée de main de maître dans son espace de travail. La grande représentation du Bouddha était un être d’un autre monde, rayonnant une compassion pure qui m’a fait pleurer. »

Victor Frankl, neurologue et auteur autrichien, survivant de l’Holocauste, a écrit que « ce qui apporte de la lumière doit supporter la brûlure ». Les épreuves et la dévotion de Zhang Kunlun ont forgé un artiste dont la lumière est un phare de foi, d’endurance, de justice et de beauté pour nous tous.

Zhang Kunlun, à l’occasion d’une exposition
L’exposition internationale L’Art de Zhen Shan Ren à Florence, en Italie, à la Galerie d’art Aria en 2015. (Avec l’aimable autorisation de Kacey Cox, réalisateur du documentaire Sacred Art)

Pour voir le documentaire Sacred Art, visitez le site SacredArtFilm.com.

Masha Savitz est journaliste, auteure de Fish Eyes for Pearls, peintre et cinéaste qui a écrit et réalisé le documentaire révolutionnaire Red Reign.

Cet article, légèrement remanié, est reproduit avec la permission de Canvas de la New Masters Academy : leur magazine en ligne pour les artistes.

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