GUERRE HAMAS-ISRAËL

Libérations d’otages: ces scènes de propagande qui révèlent les efforts de communication du Hamas

décembre 1, 2023 12:13, Last Updated: décembre 1, 2023 15:11
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Désireux de paraître plus humain après les massacres commis le 7 octobre dernier en Israël, le Hamas a adopté une stratégie de mise en scène, depuis la libération des otages. En diffusant en parallèle les destructions et les milliers de morts à Gaza, son second objectif est de montrer le contraste avec son ennemi israélien. 

Depuis vendredi dernier, des images invraisemblables circulent, montrant des otages libérés des mains du Hamas et affichant une bienveillance à l’égard de leurs bourreaux, comme s’ils quittaient de vieux amis. Mais ne nous y trompons pas car ces scènes, filmées par le Hamas au moyen de caméras ou de drones, sont ensuite diffusées sur ses canaux de propagande et sur les chaînes arabes.

Une voix masculine dit en anglais aux deux otages de « continuer à saluer »

Retenus depuis le 7 octobre dernier dans l’enclave palestinienne, après avoir été enlevés en Israël, des otages quittent leurs geôliers sourire aux lèvres. L’une d’elles, largement relayée sur les réseaux sociaux par le mouvement islamiste, montre deux otages israéliennes – Sharon Avigdori et sa fille Noam – libérées samedi dernier, ainsi que le rapporte Le Figaro.

On voit la mère et la fille montant dans les véhicules du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), venue les chercher dans un lieu tenu secret. Elles ont le sourire aux lèvres et on les voit dire au revoir à leurs geôliers en faisant des petits signes de la main. De même, les terroristes armés et encagoulés leur souhaitent « bon retour ».

Mais dans cette vidéo – notamment publiée sur X et Telegram par des comptes proches du Hamas – une voix masculine dit en anglais à Sharon Avigdori et sa fille de « continuer à saluer » les brigades Al-Qassam, qui sont une branche armée du Hamas. Sur cette injonction, la mère et la fille s’exécutent.

Une « victoire pour la propagande du Hamas »

Sur d’autres vidéos, on peut voir les terroristes accompagner les otages jusqu’aux véhicules du CICR en déployant des gestes de bienveillance, leur donnant la main ou les portant dans leurs bras pour les aider.

Yocheved Lifschitz, une Israélienne de 85 ans libérée le 23 octobre dernier, a quant à elle adressé à son ravisseur un « shalom » — qui signifie « paix » en hébreu — et lui a serré la main. Par la suite, elle a indiqué à la presse avoir été « bien traitée » durant sa période de détention, ce que le chroniqueur Eddie Rothstein a pointé comme étant une « victoire pour la propagande du Hamas » dans le quotidien Israel Hayom, ainsi que le relaye Le Figaro.

Toutes ces mises en scènes ne peuvent effacer les « horreurs » vécues par les otages durant leur captivité, ainsi que le prouve le témoignage de la tante d’Eitan, un ex-otage français du Hamas âgé de 12 ans et libéré ce lundi soir.

« La scénographie est très élaborée, on voit bien que tout ça n’est pas naturel »

Jonathan Conricus, le porte-parole de l’armée israélienne, a dénoncé sur X : « Le Hamas met soigneusement en scène les vidéos de retour de nos otages pour paraître humain, après avoir massacré près de 1000 civils israéliens. Écœurant. »

Pour David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), cette « scénographie est très élaborée ». « On voit bien que tout ça n’est pas naturel », a-t-il indiqué auprès de BFMTV, estimant que certains otages ont été forcés d’agir ainsi. Pour d’autres, il pourrait s’agir du « syndrome de Stockholm ».

Les différents objectifs du Hamas dans cette stratégie

Quoi qu’il en soit, le but est de « montrer que les terroristes du Hamas ne sont pas les monstres qu’on les accuse d’être », décrypte encore David Rigoulet-Roze. Cette scénographie est ainsi un moyen d’instiller dans la tête des spectateurs « le récit selon lequel Israël est le responsable de la situation ». Il faut savoir que ces images sont diffusées très largement sur les télévisions arabes et elles sont mises en opposition avec celles des bombardements israéliens sur Gaza.

Toujours selon le spécialiste du Moyen-Orient, cette propagande vise aussi à « montrer aux Occidentaux qu’ils sont dans une logique de négociation » et dans cette logique, « si l’échange des otages devait s’arrêter, à cause d’une reprise des combats par exemple, la faute en incomberait à Israël ». Dans son analyse de la situation, David Rigoulet-Roze considère de surcroît que cette stratégie « favorise une prolongation de la trêve », ce qui permet à l’organisation terroriste « de se restructurer ».

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