L’UE utilise-t-elle les méthodes de surveillance chinoises?

Par John Mac Ghlionn
2 août 2022 19:37 Mis à jour: 2 août 2022 19:37

Jouons à un petit jeu d’association de mots. Lorsque vous entendez le mot « Chine », quels autres mots vous viennent à l’esprit ? Persécution, communisme, tyrannie, folie du zéro Covid. Et la surveillance ?

Ayant vécu en Chine pendant près de deux ans, je parle d’expérience lorsque je dis ce qui suit : le Parti communiste chinois (PCC) surveille les actions de chaque citoyen. Chaque mouvement, chaque achat, chaque propos est soumis à un contrôle minutieux.

En tant que citoyen de l’Union européenne, je suis attaché à la vie privée comme beaucoup d’autres. Malheureusement, l’Union européenne n’est pas du même avis. L’UE n’est pas la Chine, mais elle introduit une vague de nouvelles politiques qui représentent une menace directe pour la vie privée des Européens.

Comme l’a rapporté Tom Parker, auteur de Reclaim the Net [Réapproprie‑toi le Net, ndt], la Commission européenne (CE), organe exécutif de l’UE, a présenté une proposition assez troublante. Elle veut mener une surveillance massive des tchats en ligne. La nouvelle proposition, baptisée « Chat Control », « est présentée par la Commission européenne comme devant être un moyen de lutter contre le matériel pédopornographique (CSAM) », rapporte Tom Parker.

Toutefois, selon un document divulgué obtenu par Netzpolitik, un site d’information en langue allemande sur les droits et la culture numériques, la technologie de détection du grooming a un taux de précision d’environ 90%. Cela signifie que 10% des contenus seront faussement signalés.

Bien sûr, Internet est un espace dangereux, et les abus sexuels sur les enfants sont un problème bien réel. Mais n’oublions pas que le monde occidental est déjà passé par là. Après les attaques terroristes du 11 septembre, le Congrès américain a rapidement introduit le Patriot Act. Cette loi avait apparemment pour but d’attraper et de punir les terroristes. (Qui ne le souhaite pas ?) En réalité, elle a permis aux agences gouvernementales d’espionner tout le monde, les bons comme les mauvais.

C’est ce qui rend la nouvelle proposition de la CE si déconcertante. Il est intéressant de noter que la CE vient de mettre en place une autre nouvelle politique impliquant des technologies invasives et une atteinte à la vie privée. Comme l’a récemment rapporté Didi Rankovic, à partir de maintenant, toutes les nouvelles voitures fabriquées en Europe « seront équipées de limiteurs de vitesse obligatoires ».

L’assistant intelligent de vitesse (ISA), une sorte de traceur GPS high‑tech, semble être le limiteur de vitesse de prédilection de la CE. Comme l’a noté M. Rankovic, l’ISA est « conçu pour empêcher les conducteurs d’excéder certaines limites de vitesse et les inviter, par des avertissements sonores, visuels et haptiques [toucher], à obéir et à ralentir. » Une mesure bienvenue, diront certains. D’autres, en revanche, verront dans cette politique un nouveau signe de l’ingérence du gouvernement.

Les États‑providence : la nouvelle norme

L’UE est en train de devenir un énorme État‑providence. En raison des réglementations radicales adoptées par l’UE, l’Irlande, mon pays de naissance, est devenue un endroit peu attrayant pour vivre. Quand on pense à l’Irlande, on pense automatiquement au « craic », un mot irlandais qui signifie « plaisir ». Mais derrière les sourires et les plaisanteries se cache une dure réalité : le gouvernement irlandais surveille ses citoyens de très près.

Cela nous ramène aux nouvelles lois touchant Internet actuellement introduites. Elles auront un impact direct sur l’Irlande et les 26 autres membres de l’UE. Comme l’a récemment fait remarquer Konstantinos Komaitis, analyste spécialisé dans les réglementations Internet, en créant un « Internet fondé sur ses propres valeurs » et en « inscrivant ses propres valeurs sur Internet », l’UE « commet la même erreur que la Chine : elle essaye de circonscrire Internet dans ses propres barrières politiques, sociales et culturelles ».

Avec quelque 447,7 millions d’habitants, l’UE est beaucoup plus peuplée que les États‑Unis, le Canada et l’Australie réunis. Mais, à l’instar de l’UE, les pays susmentionnés semblent également faire peu de cas de la vie privée des citoyens.

Le logo de Whatsapp sur une tablette. (Denis Charlet/AFP via Getty Images)

Aux États‑Unis, par exemple, le FBI peut surveiller toutes les communications WhatsApp. D’après ce que l’on peut voir, ils surveillent également l’activité sur Twitter.

Comme Alan MacLeod, un journaliste d’investigation de renom, l’a récemment évoqué, Twitter « s’est lancé dans une campagne de recrutement ces derniers temps, en embauchant une foule d’anciens fédéraux et d’espions ». Le FBI, plus connu pour ses activités de sécurité intérieure, « a récemment étendu ses attributions au cyberespace ».

Pourquoi le FBI ne serait‑il pas intéressé par la surveillance des activités des utilisateurs de Twitter ? Si l’on considère qu’au moins 80 millions d’Américains utilisent Twitter, il y a beaucoup d’activités à surveiller – et potentiellement à punir.

Pendant ce temps, le Canada, voisin septentrional des États‑Unis, utilise secrètement les données mobiles pour suivre les habitants. La police nationale du pays a récemment admis qu’elle utilisait des logiciels espions pour infiltrer les appareils numériques et collecter des données.

En Australie, le gouvernement espionne également ses citoyens, en surveillant de près les messages WhatsApp des utilisateurs. Les forces de l’ordre ont créé des portes dérobées dans les applications de tchat et surveillent secrètement les conversations.

Ainsi, comme vous pouvez le constater, de Pékin à Brisbane, les murs ont des oreilles, et vos écrans des yeux. Le modèle chinois est désormais, à bien des égards, un modèle international. La vie privée est une illusion. Penser le contraire est une forme de déni.

John Mac Ghlionn est un chercheur et un essayiste. Ses travaux ont été publiés par le New York Post, le Sydney Morning Herald, Newsweek, National Review et The Spectator US, entre autres. Il s’intéresse à la psychologie et aux relations sociales, ainsi qu’aux dysfonctionnements sociaux et à la manipulation des médias.

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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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